Frank Bossert est un multi instrumentiste (Guitare, Basse, Claviers, Batterie, Mandolin, Percussions) allemand dont les influences plongent dans le passé glorieux du rock progressif de Yes et Rush.

Sir Ernest Shackleton (1874-1922) lui était un explorateur anglo-irlandais qui fit de nombreuses expéditions dans l’Antarctique entre 1901 et 1922.

Le rapport entre les 2 ? Apparemment aucun! Et pourtant l’histoire de l’un rejoint le destin de l’autre par le biais de ce 4ème album. Et bien entendu – mais ne fuyez pas comme ça à toutes jambes – tout ceci prend dans le cas présent l’aspect inévitable du concept.

Car "Shackleton’s Voyage" nous raconte l’un des voyages effectués par Sir Ernest entre 1914 et 1917. Et en particulier la traversée à pied de ce continent glacé, soit une longue marche périlleuse de 3300 km qui se termina par l’arrivée saine et sauve de toute la troupe (28 personnes) et qui fit de Sir Ernest un héros national.

Bossert n’est pas seul pour nous guider dans ce périple. A ses côtés on retrouve une belle brochette de guests prestigieux : Billy Sherwood (Yes-Circa), Troy Donockley de Iona (Uilleann Pipes) et Yogi Lang (Moog, Synthétiseurs) de RPWL.

Serait-ce dû à la présence de Donockley, en écoutant Eureka, on découvre un univers très proche de Iona – groupe de rock prog celtique de grand talent.

Mais on y trouve également des éléments rock prog, rock symphonique et ambiant et n’ayons pas peur de le dire, cet assemblage est une franche réussite.

A dominance instrumentale et séquencé par le récit d’un narrateur, le concept déroule sa trame intelligemment et avec justesse. On embarque facilement à bord et on suit même avec grand plaisir les pérégrinations agitées de l’explorateur et de ses compagnons de route.

Seuls 3 titres sont chantés dont 2 par Sherwood ("The Challenge" et "Going Home"). Les 2 morceaux interprétés par l’ex Yes sont les plus dynamiques et concourent à donner une tournure dramatique et grave à la narration. Le troisième "Will You Ever Return" est chanté par une certaine Kamela. Cette intrusion féminine douce transcrit parfaitement le sentiment dominant du thème à savoir l’anxiété éprouvée à propos de l’hypothétique retour de l’expédition.

Petit moment de surprise avec "In Search Of Relief". Après une intro très orchestrée, il dérive vers un jazz/blues metal rondement mené et qui fait figure de « vague scélérate » soudaine et dévastatrice avant de conclure par un chorus de gratte planant sur un océan de tranquillité. Le reste de l’album est mené sur un rythme plus apaisé. Plus de riffs excessivement lourds mais à nouveau une guitare aérienne à la Rothery au moyen de solos qui ponctuent les plus beaux instants de grâce de ce voyage au long cours.

Instrumentation au cordeau, déroulé sans fausse note, concept intéressant, chant soigné, production ad hoc, difficile de faire la fine bouche devant tant de qualités dans un registre à la croisée de Iona, Camel et Marillion. Décidément, le flair du label allemand ne montre aucun signe de faiblesse. Pourvu que ça dure…


Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 10600