Formé en 2002, ETHERSENS est un peu avare de son passé et de celui de ses membres. Peu importe, ils nous livrent un premier album d’une très grande maturité via le label italien Scarlet Records.

ETHERSENS évolue dans un dark metal mélodique et rythmé un peu à la manière d’un feu KEMET qu’ils pourraient d’ailleurs aisément surpasser très rapidement. A mi chemin entre DARK TRANQUILLITY et KATATONIA, avec une touche de rock alternatif ainsi qu’une autre de néo dans le son et les arrangements, ce « Ordinary Days » est un voyage dans les eaux troubles et remuantes de la vie. Des personnages de tous les jours, vous, moi. Des questionnements, des certitudes.
Et ceci mis en lumière par une voix qui transcende les émotions, grave et sensuelle, douce, combative… Les émotions sont au cœur de cet opus, qu’elles tendent vers la lumière ou vers le fond du puits.

Techniquement irréprochables, les cinq musiciens forment une entité cohérente et soudée cimentée par une production impeccable qui n’en fait pas des tonnes. Le groupe a choisi de tout produire lui-même, fort de l’expérience de Stephan (chant) avec des groupes tels que THE LAST EMBRACE ou ZUBROWSKA. Le son étant naturellement plus proche de TLE dans un dépouillement sensible au service des émotions. Je salue le courage d’avoir choisi une production plus naturelle, presque rock alternatif / progressif. Il pourrait être facile de regretter que certains éléments n’aient pas été un peu plus gonflés aux hormones pour donner un caractère plus incisif et rentre-dedans à quelques passages très énergiques. Mais le choix a été fait, donnant un plus large champ aux émotions tout en gardant ce côté fou et énergique.
Tous les éléments instrumentaux sont intégrés subtilement, sans surcharge. La batterie est vivante, entre douceur catatonique et énervement. La basse est ronde et mélodique, apportant de la profondeur au propos. Les guitares forment des textures riches sans écraser le reste et malgré tout puissantes. Leur technique est d’ailleurs au service de la mélodie. Aucun solo superflu ou accessoire. Aucune démonstration. La maîtrise est tranquille et forte. Et la voix est parfaitement intégrée l’ensemble, distillant ce concentré d’émotions palpables. ETHERSENS possède là un élément fort rare. Le chant de Stephan est assurément l’un de leurs meilleurs atouts. Et ils en possèdent déjà beaucoup.

« Ordinary Day » alterne les morceaux forts tels que « The Awakening », « Stern Singt », les morceaux calmes, proches de la ballade tels que « New Morning », « Dust My Valentine » et les morceaux entre deux, puissants, texturés, forts d’une ambiance très oppressante comme « Do Never Fall Alone » ou « From the Inside » pour ne citer qu’eux.

Cet album est un très bon compromis entre un métal alternatif à la BOKOR, un dark metal sensible à la KATATONIA ou KEMET et un death mélodique à la DARK TRANQUILLITY, se permettant quelques appels à un passé néo ou alternatif venant de l’autre côté de la flaque. ETHERSENS nous propose une très belle réalisation qui devrait bien vieillir. Une belle maturité pour un premier album qui annonce du très bon pour la suite.


Rédigé par : Matthieu | 15.5/20 | Nb de lectures : 11456