Il y a des mots comme ça qu'on aime bien. Moi, par exemple, j'aime bien le mot « rotule ». Ça sonne tout rond, comme l'os dont il est question. J'aime bien aussi « fagot », « pistache », « cagoule », et « foutriquet », encore que ce dernier soit tombé en désuétude. La langue anglaise, elle aussi, regorge de mots aux sonorités plaisantes. « Gorgeous », « pillow », « fistfuck », ou encore « bombastic ». « Bombastic » (« grandiloquent », en français) sonne puissant et pompier comme une ouverture de Wagner. Et c'est précisément le terme que l'on retrouve dans la plupart des chroniques d'albums (réussis) de death/black symphonique chez nos amis anglophones. Si ça le fait, c'est « bombastic ». Si ça le fait pas, c'est « gay ».

Alors, cette sixième livraison des Finlandais d'Eternal Tears Of Sorrow est-elle bombastique ? Sans aucun doute, pour sûr, elle l'est ! Des claviers dans tous les coins, des chœurs guerriers, de l'épique en veux-tu en voilà... La parfaite bande son de votre prochaine chasse à courre. Est-ce pour autant une réussite ? Oui et non. Oui, car le parcours en demi-teinte du sextette trouve dans ce disque travaillé un argument convaincant pour gagner une place au classement des groupes de seconde zone, et non car à force de vouloir sonner « large », le groupe finit par sonner « too much ». Tout le monde n'a pas, comme Dimmu Borgir ou Therion, le budget qui permet de se faire accompagner par une orchestre philharmonique. Dès lors, il faut bien faire avec les moyens du bord. ETOS a donc confié la lourde tâche à son claviériste, Janne Tolsa, de remplacer à lui seul l'orchestre national de Trifouillis, et le résultat sonne un peu comme une démo de tous les sons disponibles sur le synthé du brave gars. Étouffées sous cette couche de claviers, les guitares sont à la peine pour défendre leur territoire, d'autant plus que les riffs qui composent ce "Children Of Dark Waters" ne sont pas toujours de première fraîcheur.
Les amateurs die-hard du genre se pâmeront à coup sûr devant les envolées lyriques de « Tears Of Autumn Rain » (ah oui, ça, le champ lexical du groupe n'est pas des plus vastes), la mélancolie de « Sea Of Whispers » ou encore l'efficacité réelle de « Diary Of Demonic Dreams ». Dommage toutefois qu'ETOS bouffe à ce point à tous les râteliers, perdant en cohérence ce qu'il gagne en diversité. Cela donne parfois à "Children Of the Dark Waters" des allures de sampler de magazine tant le groupe essaye de s'arroger un maximum d'identités musicales dont les seuls dénominateurs communs seraient la « darkitude » et l'omniprésence des claviers.

Un album sérieux mais dispersé, qui présente un groupe capable mais encore trop occupé à se chercher pour pouvoir accéder au Top 10 des formations essentielles.


Rédigé par : Rahahaaz | 14/20 | Nb de lectures : 10373