ETERNAL GRAY - Your Gods, My Enemies (Season Of Mist) - 04/11/2011 @ 08h48
Dungorpat : Les difficultés rencontrées par les Israéliens, particulièrement leur guitariste et fondateur, Dory Gray, pour conserver un line up stable auraient pu leur faire baisser les bras. Mais ETERNAL GRAY est tenace, et en dépit des changements de musiciens et de leurs conséquences sur la composition de nouveaux morceaux, le deuxième album de la formation vient enfin de voir le jour. Après une sortie plutôt confidentielle fin 2010, il bénéficie maintenant d'une distribution et d'une promotion dignes de ce nom grâce à la signature en début d'année avec Season Of Mist, « Your Gods, My Enemies » y gagnant pour le coup un visuel tout neuf bien plus attractif que celui d'origine et en accord avec le Death Metal technique, sombre et moderne du groupe.

Si vous aviez découvert ETERNAL GRAY avec son premier disque, à l'époque kroniké dans ces pages par le Boss, vous y retrouverez ce goût pour la complexité, la brutalité ciblée et les mélodies bien senties qui avaient beaucoup plus. Vous serez également peut-être désarçonné par l'évolution du groupe vers encore plus de complexité et de groove, qui rapprochent ce « Your Gods... » des dernières réalisations de DECAPITATED ou HATE, ou encore de GOJIRA, voire de NEVERMORE. Plus varié que chacun de ces groupes, ETERNAL GRAY n'en emprunte pas moins des chemins similaires où le groove est une base autour de laquelle s'entremêlent des riffs complexes, parfois dissonants, évoquant une sorte de chaos glacial duquel émerge de temps à autre une mélodie, une nappe de clavier, respirations indispensables dans cet univers hermétique.

« Your Gods, My Enemies » n'offre pas beaucoup de sas d'accès, et il faut en faire plusieurs fois le tour avant d'en trouver un. Une fois l'entrée repérée, il faut encore s’accommoder des perpétuels changements de rythmes et d'un certain manque d'originalité qui, malgré tout, n'est pas si pénalisant que cela compte-tenu de l’homogénéité de l'album et de la qualité des compos. Une fois toutes les barrières passées, l'album commence à se révéler, et ce qui semblait n'être qu'un enchevêtrement de plans technico-techniques devient peu à peu une histoire riche en rebondissements, en scènes de furie comme en accalmies à la narration proche de celle d'un NEVERMORE à qui on aurait greffé la brutalité d'un HATE. Le chant du nouveau frontman, qui reste dans un registre parfaitement Death Metal sans beaucoup de variations apporte un peu de stabilité à un ensemble dont les perpétuels changements peuvent malgré tout finir par être épuisants, même si la production, très équilibrée, y concourt également. Très claire, manquant légèrement de basses, elle s'accorde parfaitement à l'atmosphère générale de l'album, glaciale comme nous l'avons déjà évoqué. Il faut noter à ce propos que si les basses font un peu défaut, la basse, elle, est très présente et ses claquements raviront les amateurs de cet instrument trop souvent oublié dans l'extrême.

ETERNAL GRAY est un groupe privilégiant les ambiances reposant sur un travail rythmique, mais on trouve malgré tout quelques solos magnifiques, comme celui du titre éponyme, qui a l'instar des rares interventions du clavier offre un temps de repos bienvenu. Un titre bonus surprenant est présent sur l'édition limitée de l'album, à savoir une version électronique du dernier morceau, « Never Waits », qui est bien plus qu'un simple remix. Surprenant parce que plutôt « joyeux » au regard de l'ambiance générale, alors qu'on aurait pu s'attendre à une version électro indus bien glauque. Sans être un nouveau «On fait tourner les serviettes », ce « Never Waits » aux faux airs de MARILYN MANSON est en effet bien plus léger que son pendant Metal et donne une idée de ce dont ETERNAL GRAY pourrait être capable s'il décidait d'incorporer plus d'éléments électroniques. Sachant que le troisième disque est déjà en cours de composition, peut-être devons-nous en effet nous attendre à quelques nouveautés... En attendant, c'est « Your Gods, My Enemies » qui fera trembler vos baffles et vos voisins, un album qui certes pas exempt de défauts mais assez bien foutu pour ne pas s'y arrêter.

Choko : Eternal Gray fait partie de ces talents venus d’ailleurs sur la sphère metal internationale. Les Israéliens ont tout de même mis huit ans, jour pour jour, à donner vie au successeur de « Kindless », qui s’intitule « Your Gods My Enemies », et qui est sorti en édition limitée sur une clé USB en décembre 2010 en Israël uniquement. Mais depuis sa signature chez l’écurie Season of Mist cette année, les Orientaux peuvent ouvrir au monde leurs nouvelles composition grâce à la sortie physique du bébé. Heureusement pour nous se dira-t-on, puisque ledit bébé a été enregistré en 2007.
Le « dark death metal » du quintette de Tel Aviv sur « Your Gods My Enemies » est à vrai dire la seule chose intéressante à savoir. La musique d’Eternal Gray est sombre, disciplinée, ambiancée et variée, et même les compositions les plus linéaires réussissent à sortir du lot grâce à un petit quelque chose. Avec une voix typiquement taillée pour un death caverneux des familles, les riffs groovy-mitraillettes sonnent avec un certain style, à l’image de l’ensoleillé « Black Prophecy », qui démontre avec sobriété les registres dans lesquels chaque membre excelle. A mi-chemin entre un Vader et Immolation, frisant parfois le Meshuggah, Eternal Gray ne relâche rien. La musique est interprétée avec intensité, pression et les compositions ont chacune leur mot à dire.
L’atmosphère est, quant à elle, suffocante et malsaine. Il ne va pas sans dire qu’il s’agit de l’effet escompté, largement aidé par la production. Bien que cette ambiance soit travaillée, il en ressort quelque chose d’assez sale et possédé. « Unlabaled » et son clavier, par exemple, donnent froid dans le dos et sauront vous mettre d’accord. L’identité d’Eternal Gray s’affirme énormément avec ce deuxième opus glauque à souhait. Après toutes ces années à la recherche de stabilité, le leader incontesté au sein de la horde, Dory Bar-Or, a su mettre à profit ses capacités à ses nouveaux compères avec une étrange aisance. La salve de chansons est cohérente, il en ressort beaucoup de vitesse durant ces 37 minutes et des poussières d’acharnement cinglant.
A la fois extrême et brutal, progressif et ambiancé, « Your Gods My Enemies » nous fout une branlée façon death metal old school americano-scandinave. La petite et subtile baffe dans la gueule qu’on aime se mettre de façon violente. « Blind Messiah » vous rappellera pourquoi Meshuggah est une référence dans le milieu et ce morceau fait office selon moi d’un hommage troublant et personnel de la part des protagonistes. Il semblerait qu’en plus de collectionner les influences old school les plus primordiales, Eternal Gray sache se moderniser en gardant cette personnalité trempée à la vieille école.
Nous pourrions regretter la « longueur » de cet album, qui dépasse difficilement les 37 minutes. Avec les capacités d’Eternal Gray, il n’aurait pas été de refus d’ajouter à cela une dizaine de minutes supplémentaires. En attendant, le bébé se présente comme étant un beau coup de la part du groupe et ravira les fans de son gras « made in cave » et les ambiances sombres, bestiales et captivantes. « Your Gods My Enemies » se range aux côtés des grosses artilleries death à la Immolation ou Morbid Angel.



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Rédigé par : Dungorpat & Choko | 14.5/20 | Nb de lectures : 12463




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Keyser
Membre enregistré
Posté le: 04/11/2011 à 10h16 - (98058)
Je vois pas bien le rapport avec Immolation ou Morbid Angel mais bon...d'ailleurs c'est vendu comme du death mais ça n'en est pas vraiment. Comme Dungorpat, ça me fait penser à une sorte de Nevermore en plus extrême (quelques bons passages blastés notamment), sorte de mélange de power/thrash/death moderne sombre et groovy. Et c'est pas mal d'ailleurs même si ça manque de passages vraiment mémorables. 6.5/10 en ce qui me concerne.



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