ESTRADASPHERE – Palace of Mirrors (The End Records) - 24/11/2006 @ 09h52
Quand on écoute beaucoup de disques et qu’une uniformité commence à s’installer dans ce que les groupes proposent, il arrive parfois que, dans un passage à vide, on se demande si tout n’a pas tout simplement déjà été fait et que les surprises continueront de se raréfier jusqu’à leur prochaine complète extinction.

Fort heureusement, il arrive souvent, à ce moment précis, un histrion inspiré pour vous faire revoir radicalement votre jugement et vous conforter dans l’idée qu’en fin de compte, tout reste peut-être encore à faire.
C’est exactement le cas de ce troisième album d’ESTRADASHPERE formation exclusivement instrumentale de Santa Cruz, Californie, jusqu’alors inconnue dans ma culture musicale.

Alors, on savait pertinemment que les Californiens étaient des gens différents mais c’est lorsque vous écoutez un disque comme celui-ci que vous mesurez le fossé qui les sépare du commun des mortels. J’ai eu des coups de foudre musicaux dans le passé mais celui-ci est tellement rafraîchissant, tellement particulier et si peu métallique que je me demande encore, alors que j’écris ces lignes, si « Palace of Mirrors » a bien sa place dans les colonnes de VS. Notre lectorat comptant quelques curieux qui ne manqueront pas d’apprécier les qualités et l’originalité de cet ovni, je leur destine donc cette chronique.

Définir le style d’ESTRADASPHERE n’est pas une chose simple. Certains mettront en avant un côté expérimental, d’autres la fusion des genres ou d’autres encore, verront dans les treize morceaux de ce disque un exercice destiné à mettre en avant des prouesses musicales. Pour faire simple, je dirais, pour ma part qu’ESTRADASPHERE s’apparente à l’hydre multi-tête de la mythologie. Chaque titre de ce disque visite des genres différents, les détourne parfois ou les régurgite dans des versions criantes d’authenticité. En fait le dépaysement est tellement varié qu’à chaque fois qu’un blanc fait son apparition, on ne peut que se demander ce qui va se passer sur la plage suivante.

ESTRADASPHERE apporte avec ce disque le point commun entre le rock rétro, l’easy listening, le jazz, la musique tzigane, le métal, l’indus, la musique traditionnelle japonaise, le psychédélique et un certain penchant pour les bandes originales des films de Tarantino ou les vieux James Bond avec Sean Connery. Le seul lien qui persiste entre les morceaux est en fait le sens de la mise en scène et de la composition développé par ces six musiciens.

La variété des instruments est hallucinante. Contrebasse, violons, orgue, accordéon, xylophone, shamisen, cuivres viennent compléter la panoplie habituelle du commun des groupes et les instrumentistes sont tellement talentueux qu’on se laisse volontiers transporter dans des styles qu’on n’aurait même pas idée d’écouter en temps normal.

Difficile de ne pas céder au charme de la combinaison surréaliste d’un violon tzigane survolté avec des riffs pseudo métalliques de «Smuggled Mutation » ; difficile de réprimer un frisson d’angoisse face à la machinerie électro indus de « The Unfolding Pause on the threshold » ; difficile de ne pas se remémorer les grands ensembles chers au cinéma américain à l’écoute de « Palace of Mirrors » ; difficile de ne pas rester quelque peu incrédule devant l’intro japonisante de « Those who know… ». Malgré l’infinie variété de ce disque, il faut attendre le dixième titre « Flower garden of an evil man » avant de tomber sur le premier morceaux réellement progressif de ce disque. Et là encore c’est un sans faute. A l’instar du roi Midas, tout ce que touche ESTRADASPHERE devient or et tutoie la perfection.

Quand je pense au label d’ESTRADASPHERE je me dis que le type qui a signé ce groupe ne doit pas avoir très bien mesuré les conséquences de son geste ou, au contraire, qu’il a des burnes aussi grosses que des pastèques pour prendre un risque comme celui de « Palace Of Mirrors ». J’aime à penser que c’est un peu des deux parce que, voyez-vous, quand le génie et le talent, aussi délirant soit-ils, frappent à votre porte, il faudrait être terriblement demeuré pour faire la sourde oreille. Hélas, je reste persuadé que cela arrive encore tous les jours dans la jungle du marché du disque.

« Palace of Mirrors » est tellement revigorant pour les oreilles que je me sens prêt à écouter une douzaine d’albums de brutal death ultra bourrins et répétitifs sans sourciller. En tout cas une chose est certaine, si ces types ne font pas carrière avec leur groupe, leurs idées trouveront échos dans le milieu du cinéma.
Métalleux purs et durs, s’abstenir…

http://www.estradasphere.com/ - 331 visite(s)

La page myspace du groupe - 586 téléchargements


Rédigé par : Tonton | 18/20 | Nb de lectures : 13205




Auteur
Commentaire
pearly
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 10h25 - (36154)
bon dieu tonton depuis le temps que tu m'en parles, il FAUT que je chope ça !

F e t u S a t a N
Invité
Posté le: 24/11/2006 à 10h35 - (36157)
E N O R M I S S I M E



BigLebowski
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 11h10 - (36162)
Super décevant par rapport aux précédents albums...(it's understood notamment)
C'est plutot le 4e album et non pas le 3e, si j'ai bien compté.



oussama
IP:83.112.31.137<
Invité
Posté le: 24/11/2006 à 12h02 - (36164)
Mouarf, il a fumé le Tonton là ...

Pareil que Lebow, 18/20 à cet album là, faut ptet pas abuser. C'est effectivement très bien foutu, très varié, mais c'est trop gentillet et ça manque vraiment de folie, contrairement aux premiers albums.

Vais me réécouter Its understood tiens. Le morceau Hunger Strike, tiré de cet album, est d'ailleurs en écoute sur le site du groupe dans une version très raccourcie, c'est quand même autre chose que ce Palace of mirrors bien décevant... pas mauvais, loin de là, mais bien décevant.

Lord Capello
IP:83.194.23
Invité
Posté le: 24/11/2006 à 12h55 - (36167)
Pas encore écouté celui-là (le 4ème).
Depuis "quadropus" on peut regretter le relatif manque de folie, par rapport au joyeux bordel des deux premiers, mais ça leur permet aussi de se séparer de leur côté Mr Bungle un peu trop prononcé et de se trouver une vraie identité. Nul doute que s'ils avaient refait un truc comme "it's understood" ça aurait fait réchauffé de toute façon.

Rico
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 13h28 - (36171)
Effectivement comme le dit Oussama ou Lebo, c'est le moins bons des 4, il est plus gentil moins foufou, le départ de John Whooley n'a pas du arranger les choses. Nouveau line-up donc on se cherche peut etre encore, ceci-dit c'est pas mauvais mais je trouve qu'il y a un rapporchement avec le dernier Secret Chiefs 3.

Pour du Estradasphere ça donne du 12, 13 mais quelqu'un qui ne connait rien dans ce genre tape sur le 18.

Scalp Hell
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 14h15 - (36174)
Etant fan de "It's understood", j'ai peur d'être déçu en lisant les commentaires d'Oussama et de Lebo, car je trouvait déjà "quadropus" un peu moins bon...

Je jetterai quand même une oreille, mais bon...

Je trouve d'ailleurs que "Sleepytime Groillaz Musueum" renouvelle le style et va plus loin avec leur dernier album!

BigLebowski
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 14h42 - (36177)
Tout a fait Scalp Hell, Sleepytime est carrément bcp plus interessant a mon gout aussi (meme si c'est pas exactement le meme style).



nebulous
IP:81.57.41.94
Invité
Posté le: 24/11/2006 à 14h48 - (36178)
C'est vraiment excellent et rafraichissant.
Le morceau de "It's understood" sur leur myspace, me fait penser à du Emir Kusturica croisé à du Gong (on utilise les référence que l'on a) et aprés on s'aperçois que c'est beaucoup plus varié et riche que ça.
Certainement à decouvrir.

Kieron
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 15h33 - (36180)
Faut que je le choppes,j'adore les vieux!

Abdelkader
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 16h42 - (36186)
La vache ! C'est moi ou la recrudescence des groupes genre "Unexpected" fait foison en ce moment !???? DE VRAIS GROS MUSICOSS !



dark cocotte
IP:87.90.172
Invité
Posté le: 24/11/2006 à 18h40 - (36193)
j'ai pas entendu cet album mais vu leurs précedents c'est très loin de Unexpected quand même...
quoi qu'il en soit bravo a VS pour l'ouverture d'esprit, après Sleepytime (qui tappe moins dans le jazz mais qui est aussi extremement interessant) maintenant estradasphere, on sort un peu du cadre strictement metal et ca fait du bien .
je sais pas si ca a été mentionné plus haut mais pour votre gouverne le batteur sur it's understood est le batteur de cephalic carnage, ce qui peut expliquer certaines choses ...


Scalp Hell
Membre enregistré
Posté le: 24/11/2006 à 22h45 - (36203)
@dark cocotte :

En effet, d'ailleurs, il fait parti de Secret Chief 3, si je ne me trompe.
Excellent aussi comme groupe!

dark cocotte
IP:87.90.172
Invité
Posté le: 25/11/2006 à 08h26 - (36206)
exact, encore un groupe qui nous reveille.

bazil
Membre enregistré
Posté le: 01/12/2006 à 06h15 - (36367)
Putain,dark cocotte,tu m'en bouches un coin,je savais pas que c'etait le meme batteur!mortel!!

Reflebe
Membre enregistré
Posté le: 19/04/2010 à 09h44 - (82762)
J'ai une préférence pour celui par rapport aux précédents que je trouvais sympa mais manquant de cohérence d'ensemble.

Nem
IP:171.18.2.105
Invité
Posté le: 23/02/2011 à 15h14 - (91536)
Excellentissime ce groupe.
L'album le plus cohérent du groupe, pas forcément le mieux (j'ai un faible pour Buck Fever perso).
La perte du sax a été (plutôt bien) compensée par le shamisen je trouve.

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