Trois ans après "The Maniacal Vale", voici le nouvel album des Anglais d’ESOTERIC. Il s’agit également du troisième album chez Season of Mist, preuve que le partenariat marche bien entre les deux parties. C’est aussi le quatrième double album du groupe. Après avoir sorti deux albums composés d’un seul disque, "Metamorphogenesis" et "Subconscious Dissolution into the Continuum", les Rosbifs ont repris leurs habitudes des débuts, et signent avec "Paragon of Dissonnance" un double album de 7 titres et deux fois 50 minutes. Une durée extrême pour un genre extrême. Pour les novices, ESOTERIC évolue dans un doom/death abyssal, et ce n’est pas avec cet album que le groupe se met au Heavy Metal.

Les habitués du groupe n’en seront donc pas décontenancés. Encore une fois, ESOTERIC nous régale avec des morceaux looongs : 7 minutes pour le plus court (un accident de parcours) jusqu’à 18 minutes pour le plus long, la majorité dépassant les 14 minutes (5 morceaux sur 7). Pendant tout ce temps, les Rosbifs s’évertuent à nous entraîner dans les abysses. Mais attention, avec élégance et classe. Le chant est toujours aussi profond et dense, l’ultra grave flirtant avec le grognement sourd. Les effets utilisés sur la voix (réverb. et autres) ne faisant qu’accentuer ces effets, pour un résultat inquiétant et abyssal. Les guitares sont, elles, plus lumineuses. Tel un Caulophryne jordani, les guitares attirent l’auditeur vers des profondeurs inconnues et inexplorées. Si le groupe utilise des sonorités aiguës et claires, c’est pour mieux déprimer et anéantir tout espoir. Le clavier est principalement utilisé à but atmosphérique proposant des plages d’ambiances cosmiques. Le tempo est globalement ultra leeeent, avec quelques accélérations pour arriver jusqu’à lent seulement. C’est simple. ESOTERIC se classe dans la lignée du doom/death classieux à la EVOKEN, MOURNFUL CONGREGATION, THERGOTHON. Vous qui cherchez rapidité ou légèreté, abandonnez tout espoir, et tournez-vous vers la noirceur. ESOTERIC fait partie de ces groupes constants, qui arrivent, sans se renouveler, à sortir à chaque fois un putain d’album sans en avoir l’air.

Parce qu’il faut quand même l’avouer, il n’y a pas plus ressemblant à un album d’ESOTERIC qu’un autre album du groupe. Très peu d’évolutions sont au programme, pour un résultat encore une fois creusant à 10.000 pieds sous terre. Les ambiances sont encore une fois morbides, le chant trafiqué à la déraison. Si vous avez aimé les précédents, il y a de grandes chances que vous appréciiez celui-ci. Si vous n’aimiez pas le groupe, passez votre chemin. La nouveauté résidant en les quelques incursions bruitistes, notamment sur le second album.

Sans être aussi dithyrambique que Sheb concernant le précédent méfait des Anglais, ESOTERIC signe avec "The Paragon of Dissonance" une nouvelle pièce maîtresse du doooom extrême, avec quelques éléments plus bruitistes, des mélodies morbides, et toujours cette volonté d’emmener l’auditeur dans le tréfond des ténèbres. "Paragon of Dissonance" est le juste successeur de "The Maniacal Vale", à savoir un recueil abyssal de près de 100 minutes de noirceur et de non-retour. La fascination du néant, symbolisée par les guitares, entraîne irrémédiablement l’auditeur vers un point de non-retour, sans espoir si espérance. Le noir absolu. Mais également la classe. Car oui, le doom d’ESOTERIC a la classe, la grande classe, la classe abyssale. Chapeau messieurs. Encore une fois…




Rédigé par : Skay | 16/20 | Nb de lectures : 15026