Escape The Fate est le nouveau groupe à la mode de l'autre côté de l'Atlantique, le truc que tout ado hype doit écouter. A l'énoncé de cette phrase, je sens que beaucoup d'entre vous sentent venir le groupe formaté, téléphoné, prévisible comme un scénario de film de Chuck Norris. Je ne contesterai pas ces pensées tant celles-ci s'avèrent exactes. A l'instar de Autopilot Off ou Senses Fail en 2004, Escape The Fate fait partie de ces groupes qui accompagnent les ados américains durant quelques temps en offrant une musique énergique et énervée (toute proportion gardée bien sûr) mais tout à la fois mélodique et calme par moment. Entre emorock, punk rock et pop, le premier opus des ptits gars du Nevada (qui fait suite à un EP) n'invente strictement rien mais le charme opère tant que l'on soit sensible à ce type de musique.

L'album est assez homogène. Les titres ne se démarquent pas vraiment les uns des autres, la structure employée est toujours la même et certains riffs donnent l'impression d'être déjà entendus lors de la précédente chanson. "Dying Is The Latest Fashion" démarre sur "The Webs We Weave". C'est dingue comme ce riff introductif sonne cliché. Pas plus tard qu'hier j'écoutais "The Lover, The Liar, The Ruse" de Glory Of This (paye ton www.mylife.com), et l'une des chansons ressemblait énormement à ce "The Webs We Weave". Fin bref, je ferme ma parenthèse.
Les ptits gars du Nevada ne produisent pas une musique des plus originales mais on se laisse séduire par les riffs énergiques, les mélodies catchy, les refrains entêtants, la voix de Ronnie, le tout saupoudré par cette production très easy listening (j'y reviendrai un peu plus tard). Rares sont les titres à loucher vers le brutal. Il y a bien "The Guillotine" assez rapide par moment avec quelques mosh parts et des parties véloces mais rapidement le côté mélodique prend vite le dessus. En écoutant ce "Dying Is The Latest Fashion", attendez-vous à une musique accessible et mixant les poncifs des différents styles à la mode.
Le groupe mixe l'énergie du punk rock, les mélodies de l'emorock, quelques mosh parts par-ci par-là et un chouya de soli. Mélangez le tout et j'imagine que vous avez déjà une idée de la teneur du CD. Bien entendu, que serait un disque "fashion" s'il n'y avait pas des titres pop et aguicheurs. Ici, ils sont au nombre de deux. Le premier "Cella Door" n'est pas mauvais me rappelant Armor For Sleep sur le couplet alors que le second titre acoustique est déjà plus dispensable.
Pour les morceaux à retenir, je conseille "My Apocalypse" dont le début m'a furieusement fait penser au titre "Version 2.0" de Staring On ainsi que "My Guillotine" énergique et efficace malgré le final le plus ridicule que j'ai pu entendre depuis longtemps, la faute à ce grognement démoniaque à faire pâlir Glen Benton qui n'a strictement rien à voir avec la musique pratiquée par Escape The Fate. Un pur moment de rigolade (dispo sur leur Pure Volume pour les intéressés).

La production est bonne mais aseptisée. Le son est excellent, chaque instrument a clairement sa place mais le CD étant calibré grand public, on sent vraiment une adaptation du son au public. La voix chantée est mise en avant alors que les cris restent plutôt en retrait et sont mixés plus bas. Pas mal de plans mélodiques (guitare acoustique, violon etc) sont mis en avant au détriment de certaines parties plus brutales. En effet, celles-ci s'éclipsent légèrement (au niveau du volume j'entends) pour laisser place aux instrumentations plus calmes et douces. On ne le perçoit pas tout de suite mais au bout de quelques écoutes, ce paramètre devient assez énervant car on sent du favoritisme entre les différentes parties d'une même composition.
J'aime bien la voix de Ronnie qui est est assez aiguë sans pour autant être niaise. J'ai remarqué quelques intentions à la Hoobastank surtout lorsqu'il monte dans les aigus (sur "Situations" notamment). Les cris sont bien sentis même s'ils donnent l'impression d'être posés là au pif, sur certaines chansons. Si sur "The Guillotine", il a été de bon aloi de les utiliser, je suis plus sceptique (comme la fosse) sur des titres comme "My Apocalypse" ou "There's No Sympathy For The Dead". Ajoutez à cela des paroles romantico-suicidaires, une cover moche, une apparance emo-gothico-gay qui a même fait sourire la fashion victim que je suis (à mon avis, cela vous terrifiera) et vous obtiendrez un pur produit marketing musical US destiné à Ryan, emocoreux du Kansas.
Au final, j'ai passé un bon moment en compagnie des Américains. Ce "Dying Is The Latest Fashion" s'écoute facilement même s'il sera eclipsé par le futur "next big thing" US qui cartonnera sur My Space d'ici quelques mois.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 11.5/20 | Nb de lectures : 12747