On les avait repérés l’année dernière sur la compil « Breizh disorder 5 » du label punk Mass Prod, les ESB débarquent ici, sur un split avec The fantastikol hole, pour nous livrer une production plus complète de leur fiel made in west coast ( comprenez Bretagne ). Et croyez-moi, cet apéritif à une carrière que l’on espère déjà longue et belle va se révéler acide à souhait.
Avec un tel Patronyme, l’allégresse n’est pas forcément ce qui caractérise le « bastard-grind » d’ESB et ceux-ci s’inscrivent dans la droite lignée de leurs compatriotes Elysiüm, Eat Shit Experience, ou autre Silvester Staline. Mais méfions-nous des à priori…
L’auto proclamation « bastard-grind » est peut être la clé d’écoute des 12 productions d’ESB. En effet, ce qui est peut être « bâtard » chez ce trio, c’est de laisser croire à l’auditeur que leur musique va se cantonner à une approche relativement classique du genre : cinquantième degré nihiliste avec des titres comme « ebola », « decapited », humour potache et crados avec « zoukez » ou « lâchez les cochons »,… Mais après plusieurs tours sur la platine j’en arrive moi aussi à vouloir jouer avec les étiquettes et à requalifier leur son de « smart-grind », deux mots à priori antagonistes, tant la course à la « jackassisation » de ce mouvement est grande. Mais sûrement victime de leur intelligence musicale, les ESB ne restent pas dans la simple application d’une rhétorique grind établie par les légendes du genre et distillent ça et là d’exquises miettes tombés de gâteaux appelés Mr Bungle, The Locust, et même Dillinger escape plan. Illustration en est faite avec le morceau « David Koresh », pur hymne dépressivo/meurtier, presque plus proche d’un groupe de screamo que d’un Pig destroyer.
Ces « bâtards », entre leur phases épileptiques blast-beatés à mort, nous balancent des riffs « catchy « à l’excès jusqu’à un final objectivement nommé « quelques mesures de musique pop » ponctuant à l’anglaise une partition sans creux et augurant du meilleur pour la suite.

Ceux d’entre vous qui avaient déjà posé une oreille sur « Mathematikol Oil », leur album sorti en 2005, ne seront pas dépaysés par le grind plus classique de The fantastikol hole. Plus classique parce que plus proche de formations telles qu’Agoraphobic nosebleed. En revanche, et c’est une bonne nouvelle pour ceux que cela avait dérangé, la disparité de production entre les morceaux a disparue. L’ensemble est plus homogène, en ce terme tout du moins.
Cela dit, autant le dire tout de suite, on s’ennuie ferme sur les 29 derniers tracks de ce split. Alors oui, il y a par-ci par-là du bon, du riff qui tache, du blast beat électronique marrant, mais voilà…C’est vu, revu, rabaché… Et puis il y a un arrière-goût de bâclage dont je n’ai pas réussi à me débarrasser. Certes ce style n’appelle pas forcément à une longue phase d’affinage mais j’ai quand même l’impression, ne serait-ce que dans l’édit des morceaux, que tout cela a été fait aussi vite que la double pédale qui rythme quasiment toutes les productions. Vous l’aurez compris, quitte à écouter du grind (souvent pompeusement qualifié) expérimental, je resterai sur les originaux en m’envoyant un petit fix de The locust entre les deux oreilles…


Rédigé par : Be-oN | 12/20 | Nb de lectures : 12209