ERESIS - Shedding Madness (Autoproduction) - Selection VS du 17/07/2013 @ 08h02
Sans même écouter une note de l'album ayant abouti à cette chronique, je tiens à saluer le très bon travail réalisé par Eresis pour faire parvenir leur premier effort. Vous me direz, rien de bien sorcier, pourtant recevoir un album dans sa version complète (incluant le livret contenant toutes les paroles) + un complément d'informations qui tient presque en une page recto/verso, c'est extrêmement plaisant. Alors je pourrais pour cette chronique me contenter uniquement de reprendre et recopier les infos données par le groupe, mais dès lors quel intérêt ? Autant que le groupe le poste sur son site ou son facebook, et on sera autant avancé...non l'avantage d'avoir autant d'informations sous les yeux ne nous donne pas le droit de faire une kro baclée, qui ne serait pas à la hauteur d'un dixième du boulot abattu par ce quintet formé en 2008 en région parisienne.

Eresis (soit la « Reine des étoiles » en sumérien) a donc sorti un peu plus tôt cette année une première (longue) production intitulée « Shedding Madness ». Longue ? Oui, on peut le dire, l'album atteint les 74 minutes avec 'seulement' 8 titres. Vous aurez alors peut être deviné que le groupe pratique un metal que l'on pourrait qualifier de « progressif », mais c'est déjà trompeur que d'employer seulement le terme 'metal'. Eresis s'en est, mais bien plus aussi. De multiples influences musicales surgissent à l'écoute de ce pavé musical, qui pour le coup est loin d'être indigeste ou répétitif.

Avant de détailler cette œuvre, d'entrée le travail réalisé par Andrew Guillotin (qui a enregistré et mixé l'album) est remarquable. « Shedding Madness » ne souffre pas d'un son gonflé ou inégal, chaque instrument est parfaitement réglé, j'ai toujours une pensée pour la basse et ici, vous l'entendrez bien assez vite (et tant mieux). De même pour les parties de claviers, la clarté impeccable des riffs ou des harmonies, le chant ni noyé ni surmixé, tout tient parfaitement la route pour ce qui est de la 'présence' des instruments.

N'ayons pas peur des mots, « Shedding Madness » est un voyage musical et textuel, évoquant des sujets qui pourrait rentrer dans les cases 'ésotérisme' et 'mysticisme', comme le cycle de la réincarnation, les relations hommes/divinités, la peur de de la mort, etc. Musicalement parlant, Eresis développe sa musique sur la 'base' d'un heavy progressif et épique, enrichie par des sonorités multiples qui se ressentent d'emblée dans l'utilisation des claviers : entre les boucles et sons façon electro, les claviers aux sonorités proches d'un orgue hammond (évoquant Deep Purple) et nappes davantage mélancoliques, on est bien servi avec cet instrument (écoutez « Through the Eyes of Gods » pour vous en convaincre déjà). Le clavier est même piano et mène le bal sur le titre d'ouverture « Nothingness », aux nombreuses 'cassures', dont un break tout en finesse peu avant 4'00 et un autre plus 'dingue' vers 7'40, déjà bien révélateur de l'hétérogénéité de la musique du groupe.

Chacun des 8 titres est débordant de créativité et de breaks instrumentaux. Mais le chant aussi est très diversifié et versatile, entre timbre lyrique dès plus agréable et convaincant, où certaines lignes me font penser à du Mike Patton ou du Kobi Farhi (Orphaned Land) sans en être une 'copie' bien sûr, voix plus gutturale et puissante qui surgit sans prévenir, quelques intonations davantage théâtrales et somptueuses, des vocaux aussi en appui comme un écho ou une réponse sur certains refrains, vocaux tenus par le claviériste Rémi Bardenet (tel sur « Nothingness » qui en un peu plus de 9 minutes résume parfaitement l'identité Eresis). Il y' a encore bien d'autres types de chant, certains légèrement incongrus («  sur Masters of the Invisible » notamment) ou tout simplement qui cherchent à sonner de manière originale (et c'est souvent réussi). Alors si il fallait chipoter, je dirais que certaines portions sont moins prenantes, avec un léger accent, mais franchement c'est juste pour avoir à redire, même les montées dans les notes les plus hautes sont parfaitement tenues.

La guitare tenue par Jonathan Jouenne assène des riffs heavy et diversifiés en fonction de l'ambiance du break, mais également des soli complets, ni trop barrés ou démonstratifs ; je ne vais pas faire la liste de toutes les techniques qu'il utilise, il tire bien le maximum de son instrument comme sur le démarrage de « Persepolis », puis ensuite le riff principal de ce même morceau, qui semble assez simple, et s'harmonise efficacement avec la section rythmique. Quelques sonorités orientales parcourent ce « Persepolis » (pas incohérent au vue des lyrics) dont le final instrumental est une véritable réussite, inspiré et marquant (claviers + guitare font merveille).

Eresis est un groupe de heavy prog/épique, et dans ce genre, la présence de passages acoustiques est pratiquement obligatoire. C'est ce qui introduit joliment « Through the Eyes of Gods », nouveau 'pavé' de 10 minutes, au tempo assez lent et à l'ambiance plus posée et mélodique. La voix de Nicolas Cudorge s'adapte, claire et agréable. Si ce n'est un léger emballement après les 5 minutes (qui ne dure pas très longtemps) et une fin pétillante, le reste du morceau garde une trame moins soutenue et détonante que « Down to Cassiopeia », piste la plus 'courte' (près de 6 min. quand même), qui vient à suivre. Alternance des voix (growls, clair) à en perdre la tête, un long break instrumental remarquable et encore une fois varié (avec même une sorte de solo de clavier excellent), pour aboutir à un morceau redoutable d'efficacité. « Masters of the Invisible » est un peu aussi dans cette veine, en 2 fois plus long et aventureux, parfois limite 'barré', vocalement et musicalement, c'est le titre cependant auquel j'accroche le moins...

Avec « Being », Eresis va au delà des 10 min., pour même dépasser les 13 : en faire une description minutieuse serait un exercice intéressant, mais certainement pénible à lire. Et le mieux pour se rendre compte de la qualité de ce moment fleuve, c'est de l'écouter, je ne pense pas que quelques lignes pourraient lui rendre justice. Bon allez, quand même, Nicolas délivre une prestation vocale démentielle tout du long de ce morceau (en particulier à partir de 4'30, quelle qualité dans l'emploi de son chant, un pur régal, tout comme cette phrase répétée en boucle peu après 7'00). Et les breaks sont plus nombreux que jamais, avec un degré d'intensité différent mais une qualité dans la composition qui impose le respect.

« Tales of the Green Fairy (The Customer) » se rapproche de « Through the Eyes of Gods », en plus imprévisible et 'dérangé'. A noter l'un des éléments qui sort du lot, c'est bien le piano qui semble partir en improvisation, particulièrement en 2ème partie de morceau, après ce (court) passage plein de violence qui éclate autour des 4'30. Je n'oublie pas de glisser un petit mot sur le duo basse/batterie, indispensable au déroulement des morceaux, que ce soit les parties de double pédale en renfort, les roulements de tom, et aussi les lignes de basse, qui sont loin d'être du simple grattage de cordes (suivez la sur « Persepolis » ou à partir de 2'00 sur « Tales of the Green Fairy », ça ne ressemble pas totalement à une partie de plaisir pour Frédéric Godefroy).

On pourrait craindre avec un album aussi long, de si nombreux changements de plans, etc., d'être rapidement lassé ; je ressens absolument l'effet contraire. L'écouter encore et encore, car oui « Shedding Madness » est un must, un album exceptionnel, dont je n'ai même pas évoqué toutes les facettes ou détails, après tout, toi lecteur qui deviendra peut être auditeur, aura le plaisir d'en découvrir à chaque nouvelle écoute. Et ça c'est génial, bravo Eresis, vous avez réalisé quelque chose de grand, très GRAND.




Rédigé par : gardian666 | 18/20 | Nb de lectures : 13656




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Commentaire
Magna
IP:78.248.235.66
Invité
Posté le: 17/07/2013 à 20h56 - (108267)
1m30 ont suffis pour faire planter mon Youtube.

gardian666
Membre enregistré
Posté le: 17/07/2013 à 21h40 - (108268)
et ton orthographe.

C'est sûr que 1'30 sur 74 minutes c'est un bon aperçu.

forlorn
Membre enregistré
Posté le: 18/07/2013 à 07h27 - (108270)
L'enthousiasme débordant de gardian666 m'a intrigué (super chronique au passage). Pas de coup de coeur à l'écoute des extraits dispo, mais de l'estime pour ce groupe au potentiel certain. Pour être apprivoisé Shedding Madness réclame du temps et de l'investissement. Pourvu qu'il trouve son public, il le mérite.

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