ERA VULGARIS est un jeune groupe qui n’en veut. Fondé en 2004, sa texture musicale s’est consolidée un an plus tard avec l’arrivée du batteur Chris Con, issu du jazz et récent convertis au métal. Dès lors, les Irlandais s’attèlent à la composition d’un album, et ne trouvant pas le soutien nécessaire malgré une popularité croissante décident de s’autoproduire et même de monter un label, Open Your Ears, afin de le promouvoir. « What Stirs Within » est à présent disponible depuis quelques mois et il est donc temps de se pencher un peu dessus.

Si le premier morceau de huit minutes (« Brittle ») ne fait pas grosse impression, les autres éveillent légèrement plus la curiosité avec leurs cassures de rythmes, leurs vocaux rugueux et aigus et certains solos qui ne manqueront pas de rappeler à tous les nostalgique ATHEIST, PESTILENCE ou CYNIC avec une manière de marteler les riffs assez hetfieldienne. Loin de moi l’intention de comparer « What Stirs Within » aux joyaux de thrash/death technique que sont « Unquestionnable Presence », « Testimony Of The Acncients » ou « Focus », mais la parenté est évidente sur certains plans et je dois admettre que ce sont ces moments précisément qui donnent son intérêt à l’album, qui ne serait sans cela rien de plus qu’un album de thrash aux touches progressives plutôt banal. Là où le bât blesse, c’est qu’à l'époque où ces groupes étaient à l’apogée de leur génie créatif, chacune de leur sortie apportait quelque chose par rapport à la précédente, chaque disque baignait dans une atmosphère qui lui était propre avec un concept, un son et des morceaux bien particuliers. Dans le cas d’ERA VULGARIS, on a plus l’impression d’avoir affaire à un groupe ayant bien appris sa leçon mais la récitant timidement, sans se l’approprier. La production, de bonne qualité compte tenu du style (sèche, précise mais manquant de rondeurs), renforce les ressemblances avec celles des années 90 et empêche peut-être le groupe, c’est le revers de la médaille, de prendre ses distances avec ses influences.

L’autre problème de « What Stirs Within », c’est un chant clair loin d’être au point, assez catastrophique sur « Brittle » ou « Fate Draws A Curtain » et guère meilleur sur « Mark It Zero » qui, fait exprès, débute juste après quelques notes de guitares marquées du sceau Schuldiner. Ce ne sont pas les plans à la « Kill’em All » qui suivront qui arrangeront l’affaire, cette faute de goût est difficile à avaler cette fois. Même constat ou presque avec le morceau de bravoure, comme on dit, « Imram », qui montre quelques longueurs en fin d’album malgré un solo bien sympathique. Il faut dire que onze minutes, c’est très long quand on n’a pas grand-chose à dire et c’est malheureusement le cas ici. Cela fait maintenant plusieurs mois que je réécoute régulièrement l’album, remettant la kro à plus tard pour ce qui s’avère maintenant avoir été de mauvaises raisons. Ce disque ne se bonifie pas avec le temps et le sentiment qu’ERA VULGARIS est encore immature en matière de composition perdure : il existe une bonne base, technique tout au moins, une possibilité certaine de sortir un bon album, progressif ou pas, mais à l’heure actuelle ses influences ne sont pas encore bien digérées et l’ensemble sonne hésitant.

Un meilleur chant clair, des solos moins tirés par les cheveux, une identité plus marquée, ERA VULGARIS devra travailler là-dessus s’il veut percer. Néanmoins, même si son premier album n’est pas une réussite, la volonté de ses membres devrait être un atout majeur pour son développement futur.


Rédigé par : Dungorpat | 10/20 | Nb de lectures : 9808