ERA NOVA est l’une des très bonnes surprises de l’année 2010 en matière de heavy metal hexagonal. Formé à Nantes en 2002, le groupe publie aujourd’hui son premier album, enregistré au Drudhenhaus Studio. Autant dire que la formation s’est donné les moyens de ses ambitions en s’offrant la garantie d’une production de bonne facture. Mais ce qui vient instantanément à l’esprit, en écoutant ces débuts discographiques (une démo avait néanmoins déjà vu le jour en 2005), c’est avant tout la justesse du propos, ainsi que le grand sens de la mélodie développé par la formation. Impossible aussi de passer sous silence la prestation magistrale du guitariste, Christophe Buys, qui excelle aussi bien en rythmique que par ses soli lumineux.

Si certains ne manqueront pas de reprocher à ERA NOVA de n’être qu’un combo de speed symphonique de plus, un ersatz des STRATOVARIUS, ANGRA et consorts, il ne serait pas correct de se limiter à cette idée au regard du travail de qualité accompli par nos Frenchies. Car, en dix titres, ceux-ci s’offrent une jolie carte de visite, qui contient la promesse d’un avenir radieux pour la formation. Gardons aussi en tête que les compositions ont été peaufinées plusieurs années durant, ce qui explique certainement que "Children Of Alcyone" ne contienne aucun véritable faux pas. Et quand bien même le groupe s’aventure parfois dans des structures instrumentales plus complexes (« In Search Of Gralium »), aux frontières du metal progressif, l’ensemble reste toujours carré et cohérent.

Une fois l’intro « Sorcerer’s Bird House » passée, l’auditeur se prend un « Sin Eater » tonitruant en pleine figure : d’emblée, la guitare de Christophe Buys fait mouche avec un riff surpuissant, bien soutenu en cela par la batterie d’Emmanuel Colombiers (Manard d’ULTRA VOMIT pour les intimes). Ce dernier est à créditer d’une performance impressionnante tout au long du disque, ses parties de double montrant bien que le bonhomme n’est pas ici pour rigoler. Le chanteur Andréas Martin (déjà connu pour son projet ANDREAS & NICOLAS, qu’il partage avec Nicolas "Fetus" Patra d’ULTRA VOMIT) entre alors en scène et la surprise est de taille : ses vocaux sont remarquablement maîtrisés, le chant en anglais ne choque quasiment pas. Ce qui est en soi une belle performance au regard des nombreux vocalistes francophones du style qui luttent plus avec la langue de Shakespeare qu’ils ne lui rendent hommage. Autre élément caractéristique de la musique d’ERA NOVA : ces parties de claviers, qui tout en conférant un aspect grandiloquent à certaines compositions (le début de « Bravery Hills »), demeurent savamment dosées et s’imposent comme l’un des éléments importants de l’album. En revanche, on émettra quelques réserves quant à la basse, que l’on a un peu de mal à discerner dans l’ensemble.

Pour le reste, les titres se suivent et ne se ressemblent que très peu en fin de compte. En variant suffisamment son propos pour ne pas tomber dans le redondant, ERA NOVA alterne ainsi les morceaux furieusement heavy (« Trick Or Treason », « Neverending War ») et les pièces musicales davantage axées sur les atmosphères que sur les grosses guitares (« Children Of Alcyone », « Requiem »).

Vous l’aurez compris, "Children Of Alcyone" constitue un premier essai très encourageant. Les fans de speed mélodique auraient d’ailleurs tort de ne pas jeter une oreille (voire les deux) sur ce disque en tous points recommandable.


Rédigé par : Up the Irons | 15,5/20 | Nb de lectures : 12409