S'il y a bien une chose que les MP3 ne pourront jamais remplacer, c'est bien le plaisir de feuilleter un livret et de se délecter des paroles que nous offrent les groupes, se délecter de la bêtise de celles-ci mais aussi parfois de la qualité des textes. C'est le cas avec ceux de ERADYKATE, jeune groupe toulousain qui nous offre avec ce "Rektaliation" son premier album. Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques extraits de ceux ci:

Salut, grosse Putain, dont les larges gargouilles
Ont fait éjaculer trois générations,
Et dont la vieille main tripota plus de couilles
Qu'il n'est d'étoiles d'or aux constellations !

Vous serez sans doute étonnés d'apprendre que l'on doit ce texte intitulé "Soixante neuf" à nul autre que Guy de Maupassant, l'auteur de Bel-ami et du Horla qui savait, de temps en temps se lâcher un peu. Outre ce texte emprunté à la littérature française, les membres de ERADYKATE nous ont pondu sept autres textes, usitant alternativement des langues de Molière et de Shakespeare. Des titres tels que "La philocoprie dans le bavoir", "Déflorée à la machette" ou encore "Sodomize the armless child with a pneumatic drill" prouvent que le groupe n'a vraiment pas manqué d'imagination. Et la musique allez vous me demander ? Car c'est bien beau d'avoir des jolies paroles littérairo-sophistico-pornos, encore faut-il que derrière tout cela la musique suive. Eh bien de ce coté là pas de souci non plus, le groupe aurait même plutôt du talent à revendre. Pratiquant, un savant mélange de grindcore d'obédience tchèque à la CEREBRAL TURBULENCY et de death brutal technique à la NECROPHAGIST voire même PESTILENCE ou CYNIC, le groupe propose huit morceaux bien variés, qui apportent chacun leur contribution à la réussite de cet album. La basse bien présente est très audible notamment grâce à un son assez clair, assez inhabituel pour un groupe de metal et vu, ou plutôt entendu, la qualité de ces parties, on ne peut que s'en féliciter. Le chant, que l'on doit à une seul et même personne, est inspiré et très varié, il oscille constamment entre growls death, hurlements grind et même des cris écorchés que l'on pourrait plus rapprocher du hardcore. Quelques touches d'humour ici où là viennent de temps à autre rappeler que derrière cette brochette de techniciens se cache une belle bande de déconneurs. Bref, vraiment pas grand chose à reprocher à cet album qui se laisse vraiment déguster avec grand plaisir et qui est sans doute une des meilleures surprises venant de la scène extrême hexagonale en cette rentrée.


Rédigé par : Sheb | 15/20 | Nb de lectures : 8952