EQUUS - Eutheria (Get A Life/Season of Mist) - 10/04/2008 @ 02h19
On ne sait pas grand-chose du groupe Equus, si ce n’est qu’il est forcément suisse puisque sorti sur Get A life, label tout aussi suisse qui continue son excellent travail de documentation de sa « scène » avec passion et classe.

C’est d’ailleurs la première chose qu’on remarque avec ce « Eutheria » : le packaging est superbe, cette fois très réminiscent du style Constellation Records (Godspeed you ! Black Emperor and co.) ou du live de Tarentel sorti il y a peu chez Root Strata, sous la forme d’un digipack en carton recyclé brut, orné d’une fresque monochrome abstraite et épurée… la classe, indéniablement.

Une fois le disque posé sur la platine, cette même référence Constellation saute aux oreilles après avoir sauté aux yeux : presque 70 minutes de musique instrumentale divisées en trois longues plages aux noms non pas barbares, mais latins, faisant référence à une thématique naturaliste et animalière relative à l’équidé (on aurait pu le deviner). Les noms du groupe lui-même, mais aussi de l’album, qu’on pourrait traduire par « placentaire » (autrement dit « mammifère »), et les titres des 3 mouvements qui composent ce disque puisant allégrement dans les thématiques préhistoriques (« Orrorin tugenensis » désignant un hominidé bipède ancêtre de la fameuse Lucy) et équestres (« Epona » étant la divinité gauloise protectrice des chevaux) voire les deux à la fois, « Hyracotherium », le premier long mouvement, étant le nom d’un équidé préhistorique.

Trois mouvements d’un style qu’on définira aisément comme étant du post-rock instrumental, tour-à-tour minimaliste ou plus complexe, à la fois progressif et émotif, tout aussi capable de plages apaisées que de montées épiques. Trois mouvements destinés à une écoute globale et sans transition tant ils s’enchaînent parfaitement les uns à la suite des autres, nous invitant à un voyage finalement pas si loin de ceux que le Tarentel de « From Bone To Satellite », ou pour rester dans la scène helvétique, The Evpatoria Report, ont pu nous proposer par le passé.

Si la diversité des instruments utilisés est importante, les habituelles guitares, basse et batterie étant agrémentées de percussions, claviers divers, mellotron (et autres), presque jamais la saturation de l’espace sonore ne prend le pas sur l’épure proposée par le groupe. Epure est d’ailleurs un euphémisme à l’écoute des premières minutes du disque, puisqu’il faut attendre plus d’une minute avant qu’un premier thème, rappelant en bien des points le Earth de la période Southern Lord, se fasse entendre. « Hyracotherium » se développe lentement, et disons-le, majestueusement, laissant entendre ici quelques cordes grandiloquentes, ou là des passages au feeling presque improvisé et/ou math-rock. Une fois le climax atteint, quelques notes de guitare aériennes précèdent une nappe éthérée assurant la transition entre ce long premier mouvement (tout de même plus de 30 minutes) et la suite de l’album.

Dès les premiers instants de « Orrorin Tugenensis », le minimalisme semble être quelque peu abandonné au profit d’une orchestration plus riche : des sons de flûte, une guitare saturée se perdant dans un solo, une batterie plus dynamique et même « traitée », pour un effet très psychédélique… puis c’est le retour vers l’un des thèmes mélodiques du premier mouvement qui permet d’enchaîner sur une lente montée où une batterie, parfois instable, supporte une guitare accompagnée de nappes d’orgues. Le minimalisme relatif des premières 30 et quelques minutes du premier mouvement laisse donc la place à un feeling plus heavy, mais paradoxalement toujours très aérien pendant cette seconde plage.

C’est encore une fois une nappe qui assure la transition vers un « Epona », le dernier et plus court (un quart d’heure tout de même) morceau, qui prend rapidement une coloration cette fois nettement plus math-rock, avec ses entrelacs de guitare et ses ruptures rythmiques. L’un des thèmes récurrents revient encore, dans cette thématique « orientalisante » très réussie, reprise sur la fin par un chœur du plus bel effet, seule apparition vocale de l’album.

EQUUS nous propose donc presque 70 minutes d’une musique raffinée, riche et racée, et accessoirement enregistrée par TVO (activiste de la scène extrême suisse) et masterisée par Bob « Shellac » Weston himself, en plus d’être magnifiquement présentée. Une réussite totale, et un futur must-have pour les amateurs du genre… mais en reste-t-il ?

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Rédigé par : NicoSata | 16.5/20 | Nb de lectures : 11848




Auteur
Commentaire
pearly
Membre enregistré
Posté le: 10/04/2008 à 12h08 - (55330)
je ne sais toujours pas quoi en penser. Un coup je trouve ça sublime, planant comme un Evpatoria report oui, ou limpide comme un Shora ; un autre coup je trouve ça chiant, finalement vide de tout, faussement Floydien, et au final ça a l'aspect d'un somnifère.

à creuser, donc...

ReeKo
Membre enregistré
Posté le: 10/04/2008 à 13h47 - (55335)
Je le trouve excellent, planant mais pas chiant, passionnant et pas pompeux.
Pas toujours évident de se plonger dedans, ca merite une ecoute quasi-religieuse.



Zepekegno
Membre enregistré
Posté le: 10/04/2008 à 21h23 - (55348)
Voir le mot "limpide" accolé à Shora, j'arrive pas à m'y faire...

ocinatas
IP:81.57.186.198
Invité
Posté le: 10/04/2008 à 23h02 - (55353)
en ce qui me concerne, ma connaissance de SHORA se limite au split avec MERZBOW et à leur première partie de CONVERGE avec NOSTROMO au Club Dunois... mais il parait que le dernier disque est très "post-rock".

pearly
Membre enregistré
Posté le: 11/04/2008 à 10h23 - (55367)
oui, c'est bien de l'orientation post-rock dont je causais (d'ailleurs excellente), pas de la (géniale) période qui précède.
d'ailleurs, puisque je n'ai plus rien à perdre à ce sujet, si quelqu'un ici sait où je pourrais choper le "Shaping The Random" de Shora, il peut me faire signe...
merci :)

Rémi
IP:83.77.165.252
Invité
Posté le: 11/04/2008 à 22h34 - (55462)
je l'ai écouté une fois en mag, et le rapprochement évident avec Shora (la classe Shora en moins) sur "Epona" ne m'a pas convaincu de l'acheter. A re-écouter

Rémi
IP:83.76.185.148
Invité
Posté le: 13/04/2008 à 12h27 - (55507)
Je maintiens ce que j'ai dit, le morceau "Epona", surtout les 3 premières minutes, est quand-même un gros pastiche de "Malval" de Shora, le son et la verve en moins. Dommage.

Rémi
IP:83.76.185.148
Invité
Posté le: 13/04/2008 à 12h27 - (55508)
Je maintiens ce que j'ai dit, le morceau "Epona", surtout les 3 premières minutes, est quand-même un gros pastiche de "Malval" de Shora, le son et la verve en moins. Dommage.

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