Comme chacun, mais moins que les autres quand même, il est des fois où le doute m'habite. Sous ce calembour douteux, notez l'émoi qui peut envahir tout auditeur au moment d'appréhender un nouvel album. "Ah ouais, Tartemuche. J'avais bien aimé le premier album il y a deux ans. Ouais, j'me souviens.". Et au fil des minutes de découverte, le sourcil soupçonneux se lève. Et on commence à se demander si on avait bien arrêté le chichon il y a deux ans ou si un vent de clémence béate soufflait à cette époque. Ben non, j'ai eu beau me réécouter Touriste Fracture, le premier opus d'Equilibrium, rien n'y fait avec celui-ci. Ce second album à un goût bien trop sucré.

Rembobinons quelque peu. Après une unique démo en 2003, Equilibrium sort son premier opus Turis Fratyr chez le ripp-off de Black Attakk en 2005 (si, si, j'ai le droit de le dire). Et cette première galette balance sans complexe un folk metal fort épique qui sent bon sous les bras les premiers Ensiferum ou les vieux Moonsorrow. Rythmiques speed, morceaux toniques et très mélodiques menés par un synthé envahissant. Equilibrium réussit le pari de tenir une heure à évoquer les joyeux guerriers viking sans trop verser dans le kitsch. Je me suis surpris à taper du pied gaillardement et il ne me manquait que l'hydromel à la main.

Le groupe a depuis vu sa renommée progresser grandement, notamment grâce à des prestations en live solides (dixit les reports). Il n'est donc pas anormal que l'ogre Nuclear Blast s'intéresse au quintet, espérant renflouer son écurie folk metal alors que la mode bat son plein. Le combo qui va enregistrer Sagas n'est pourtant pas le même, puisque le batteur et surtout le clavier se sont faits la malle en 2006. Cela ne se ressent pas de prime abord, car Equilibrium garde la même formule que pour son premier effort, avec un epic metal mélodique blindé de pouet pouet.

Et pourtant, ça ne passe pas. Rien n'y fait. Là où Turis Fratyr surfait sur le fil entre kitsch et mélodique, entre le joyeux et le victorieux, Sagas se vautre littéralement dans la bonhommie Bontempesque. Les prouesses techniques des musiciens n'y font rien, je m'ennuie à mourir dans un album bien trop gai. Alors oui, ça speede et ça envoie des mélodies de partout, mais on dirait trop souvent les Bisounours déguisés en viking. Et étrangement, cet album donne l'impression de partir parfois dans tous les sens. La preuve, par exemple, avec cette grosse rythmique power metal anachronique en partie centrale de "Verrat" ou le thrash/hard FM/blues ricain de "Snöffel". Le groupe s'est sûrement fait plaisir, mais le résultat est souvent bien trop hétérogène.

Pour être un minimum informatif, je signale qu'un solo de violon est offert par Agnes Malich de l'orchestre philharmonique d'Augsburg et qu'un solo de biniou est apporté par Ulrich Herkenhoff qui a joué sur la BO du Seigneur des Anneaux – Le Retour du Roi. J'en profite également pour applaudir la grosse production qui tue, comme sur le premier mais avec un peu plus de guitares, pour signaler l'existence d'une édition limitée avec un DVD bonus de 70 minutes et pour faire un bisou virtuel à ma maman.

Alors que leur premier album m'avait fait tourner le dos à un Ensiferum perdu dans Dragonheads, ce second opus des Allemands me fait aussitôt m'enfuir dans les bras de leurs compatriotes de XIV Dark Centuries ou du Victory Songs d'Ensiferum. Que ces 80 minutes ont été pénibles à écouter, bien trop de fois... Beurk!


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 11804