“L’épicurien profite de la vie, EPICUREAN profite des autres”.
Doit-on épargner les novices de tout sarcasme acide en prétextant de leur manque d’expérience ou, au contraire, leur coller le visage dans la boue sous les semelles de nos rangers, impitoyables? Choisir entre un plaisir épicurien, justement, vivre dans l’instant ou exercer une tolérance bienveillante, empreinte de sagesse? Sans être disciples de Siddartha, choisissons la voie de l’indulgence en espérant que le très Haut nous le rende au centuple. EPICUREAN a beau être signé chez Metal Blade, il ne s’agit en effet que de son premier disque, réédité 3 ans après sa sortie et assorti de deux titres bonus. Inconscience et insolence des débutants...

Pourquoi être aussi acerbe alors que, de toute évidence, “A Consequence of Design” doit briller par ses qualités profondes pour être ainsi distribué par une major? Qui connaît les gros labels se doute que Metal Blade a plutôt flairé le groupe “bankable”, le potentiel de pognon estampillé “The New Extreme”. Mais fric et qualité font parfois (rarement, certes) bon ménage, et d’ailleurs rien n’indique qu’EPICUREAN ne soit une rentrée de fonds assurée. Alors, cette crise d’amertume serait-elle due au fait qu’EPICUREAN soit du bon sang de Heavy, et que les myxines détestent le Heavy? Non, il n’est décidément pas question de médisance gratuite ici, EPICUREAN est le genre de groupe qui s’inspire trop largement de ses aînés pour ne pas irriter.

“A Consequence of Design” est une telle synthèse de tout ce qui se fait d’efficace et mélodique dans le Metal, que c’en est presque indéfinissable. Du Heavy (bien sûr), mais aussi Dark, Thrash, Black, MeloDeath avec quelques touches de progressif et de Neo Metal. EPICUREAN invente le ratatouille-metal. Les premières secondes du disque concrétisent ce mélange improbable en faisant se succéder quelques arpèges de piano, des accords lâchés, un riff mélo-death suédois, un break très SYMPHONY X puis un refrain à la FEAR FACTORY. Le plus curieux, c’est que la sauce prend. On se dit alors que ce groupe pourrait bien faire preuve d’une efficacité diabolique en combinant les genres.

Hélas, EPICUREAN a tendance à s’embourber dans ses influences plutôt que d’en tirer profit pour aboutir à des compositions variées, construites et surprenantes, chose que l’on pourrait attendre d’un groupe qui puise son inspiration dans tant d’abreuvoirs. La grosse gamelle du Metal cache trop de stéréotypes pour que ces Américains aient pu ou su s’en priver. Chaque chanson se résume assez vite à des riffs typiques du Death suédois qui alternent avec des envolées épiques, Heavy, soutenues par un chant clair qui fait plus penser à LINKIN PARK qu’à Bruce Dickinson, le tout pimenté d’un clavier Bontempi dispensable. Indigeste aussi, la durée des morceaux qui flirte avec les 6 minutes et qui semble trop souvent interminable.

Malgré ces défauts que l’on espère de jeunesse, EPICUREAN est un groupe prometteur. Avoir produit et enregistré seul ce premier album force le respect. La multiplicité des influences devrait être une source de richesse et de spontanéité: une philosophie que le groupe devrait embrasser plus largement pour parvenir à écrire des morceaux de la qualité de “The Autor and the Architect”, qui ouvre “A Consequence of Design” ou encore de “Lithograph”, l’un des récents bonus.
Un album frustrant par ses qualités sous-jacentes mais qui devrait cependant trouver un large écho auprès du public, chacun pouvant trouver son compte dans la variété des styles qui y sont représentés.


Rédigé par : La Myxine | 12/20 | Nb de lectures : 10819