Un beau logo illisible, ça doit être du black. Gagné ! Le tout est de savoir dans quelle case on va ranger le groupe, parce que sous l’appellation black métal on trouve un peu tout et son contraire. Donc grosses questions : est ce du pur true ou y a t’il des synthés ? Est ce plus speed que mid tempo ? Difficile de répondre car Enthral c’est un peu tout ça à la fois avec un penchant fortement prononcé pour les atmosphères glauques et malsaines. En fait le groupe propose une musique assez personnelle qui essaye de faire le trait d’union entre le black traditionnel et des choses plus récentes et expérimentales.
D’un côté il y a beaucoup de passages mid tempo qui fleurent bon le début des 90’s, de l’autre il y a des passages plus bourrins qui se chargent d’amener leur lot de violence. Les riffs de guitares sont tour à tour classiques et sombres ou syncopés et énergiques, alternance bien heureuse du style originel comme diraient les puristes et d’influences nouvelles. Niveau atmosphère, on trouve d’une part les riffs bien froids précités et d’autre part on remarque la présence de synthés joués par un certain Stian Aarstad (mais si, souvenez vous d’un jeune groupe nommé dimmu borgir avec son clavier qui portait un joli chapeau haut de forme, c’était lui !). Je vous rassure, son travail sur cet album n’a rien à voir avec ce qu’il a pu faire par le passé, seulement quelques nappes de clavier de temps à autre et quelques apparitions sommaires et très bien pensées sous forme de sonorités étranges « inject hate » par exemple. Le musicien qui est là à titre d’invité est loin de surcharger l’ensemble par ses interventions. Le mélange proposé est somme toute assez intéressant, les riffs savent se faire entraînant parfois « Subterranean mouvement » et leurs mélodies perverses pénètrent facilement dans votre tête sans que vous y preniez garde. Histoire de surprendre l’auditeur le groupe débute même le cinquième morceau sur un riff bien thrash et place un petit solo quelques secondes plus loin, mon morceau préféré de l’album avec le dernier qui comporte également un petit solo façon taping. Le chanteur quant à lui se fait plaisir sur l’album, le registre dominant est nettement black mais le tout n’est pas monotone, il emploi différentes intonations et varie la vitesse d’élocution (si on peut dire) rendant l’ensemble pas ennuyeux pour un sou. On apprécie également les quelques passages doublés chant guttural/chant criard. Bref du bon boulot, idem pour le bassiste et le batteur qui assure une section rythmique des plus efficace.
Après tout le groupe n’est pas né de la dernière pluie (sa première mouture remonte à 1995), il compte déjà deux albums à son actif : « Prophecies of the dying » et « The mirrors opposite end », petite précision pour les connaisseurs pas un seul morceau avec du chant soprano ce coup ci. Lors de l’écoute de ce Subterranean movement je n’ai pu m’empêcher de penser par moments au dernier et excellent Satyricon « Volacno ». Les deux groupes ont sensiblement la même approche, à savoir un mélange de tradition et de modernisme. Cet album est moins accrocheur que volcano mais comporte quelques similarités avec ce dernier surtout au niveau des riffs répétitifs qui accrochent l’oreille. Le son est cependant plus cru et la musique moins dépouillée mais son écoute est plaisante. La première écoute justement peut se révéler déstabilisante mais les suivantes confortent dans l’idée qu’on tient là un bon petit disque bien sympathique.



Rédigé par : Dark tranquillou | 14.5/20 | Nb de lectures : 7120