S’attaquer à un album d’ENSOPH n’est pas des affaires les plus simples ! Eh ouais… les 5 italiens oeuvrent depuis quelques années déjà en proposant des albums ultra fouillés qui mêlent sans vergogne des ambiance antinomiques pas toujours simples à aborder… Au lieu de jouer la banalité structurelle et sonore, ENSOPH préfère les ambiances complètement barrées et bigarrées qui s’enchaînent à la surprise de l’auditoire sans réelle raison. Et pourtant…

Tout ce fatras sonore est calculé avec la précision d’un horloger suisse pour le plus grand plaisir du mélomane pour qui monotonie est synonyme de rejet total. Les comparaisons avec un groupe précis sur le rendu général sont vraiment très difficiles car ces 5 tarés oeuvrent dans le domaine du metal avant-gardiste qui ouvre grand certaines portes restées fermées par peur de grosse douche froide. Pour faire large, ENSOPH se résume a une grosse base de metal/gothique saupoudrée d’électro/indus et relevée à la sauce black, le tout avec un package résolument dark. Vocalement parlant, on est pas en reste avec une très belle voix claire bien que banale à laquelle viennent se greffer des vocaux dérangés qui m’ont fait penser à certains moments à un mix entre SOPOR AETERNUS et Dani Filth, ou encore des vocaux féminins pour une fois intelligemment insérés, sans abus.

Comparé à "Opus demantiae", le précédent opus du groupe, on remarquera que la flûte ainsi que tous les autres instruments catalogués classiques (piano, cordes, etc…) sont utilisés plus rarement mais avec une habileté phénoménale (l’excellent "D-Generation"), que les sonorités chimiques sont savamment dosées et que le chant clair est utilisé la majeure partie du temps. Bref, il est évident qu’ENSOPH a progressé et en bien, créant un monde bien à lui, plus posé que par le passé, mais diablement plus efficace. Fin de la folie marque de fabrique du groupe ? Oui et non ! Oui car il est clair que "Projekt X-Katon", malgré son allure d’album concept, est plus abordable que tout ce qu’ont put nous proposer les italiens auparavant. Non car le groupe n’oublie pas pour autant les moments totalement schizo en plein milieu des compos("Condemend (in the penal colony)", les morceaux de la "Russian Trilogy" ou encore un titre comme "Un Petalo Di Pieta", malsain à souhait et à l’ambiance que n’aurait pas renié ABORYM époque "Kali Yuga Bizarre").

Ce "Project X-Katon" est donc une nouvelle fois un pavé dans la marre metal, de ces œuvres qui, une fois passée sur votre platine, y laissera des traces. Mon seul regret se jettera sur certaines sonorités de synthés vraiment cheap car typées 80s qui me laissent, au vu du style, de marbre… Dommage car l’ensemble est franchement hypnotisant, incarnant ce sentiment de répulsion attractive que seul l’humain arrive à dompter. Le néophyte trouvera en ENSOPH une curiosité qu’il se doit d’appréhender pour oser jeter une quelconque critique quant à ce style complexe qu’est le schizo metal (ou devrais-je dire "Gloomy Avant-gardisme for a D-Generation Wasted" comme ils aiment à se qualifier!). Pour le fan du groupe, il trouvera un album plus abordable qui délivre ses secrets au fur et à mesure des écoutes. Pour ma part, le casse-tête musical qui m’a été proposé et qui me ragoûtait au début s’est au final transformé en une œuvre subtile et diablement efficace… Et je ne doute pas une seule seconde qu’il en sera de même pour vous!

PS: A noter que l'album est sorti en édition limitée avec un mini comportant trois reprises de "Sex Dwarf" de SOFT CELL chantées par Steve Sylvester de DEATH SS.


Rédigé par : Foofur | 16/20 | Nb de lectures : 12741