ENSOPH - Opus Dementiae - Per Speculum et in Aenigmate (Cruz Del Sur/Underclass) - 12/06/2004 @ 16h29
Voici typiquement le genre de sorties qui donne des sueurs froides à n'importe quel kronikeur un tant soit peu consciencieux. On ressort de la première écoute complètement déboussolé, en se demandant dans quelle galère on vient de se fourrer en acceptant de donner son avis sur un truc aussi particulier et l'envie de s'adonner à des loisirs plus constructifs comme vider des truites ou nettoyer le caca des morts se fait déjà plus pressante, l'essentiel étant de s'éloigner de ce disque maudit. Déjà le premier méfait "The bleeding womb of Ananke" des Italiens de Ensoph (à ne pas confondre avec les japonais de Ain Soph) valait son pesant de doliprane et l'étiquette de "metal avantgardiste" collait parfaitement à la peau de ces ritals.
Ensoph pioche la conception de sa musique ailleurs que dans le métal. L'apport de la musique classique est évident, en particulier pour ce qui est des variations d'ambiances et des montées en crescendo de certains morceaux. On penche également beaucoup du côté de toute la frange indus/dark/ritual pour les rythmiques noires, les atmosphères tantôt pesantes, tantôt hystériques et donc forcément élitistes et difficiles à appréhender. Tous les arrangements viennent du milieu electro et les puristes du métal avec du poil et des peaux de bête hurleront d'effroi à l'écoute des nombreuses sonorités synthétiques qui émaillent "Opus Dementiae". C'est pourquoi ce disque est avant tout destiné à un public aventureux même s'il est quand même assez agressif, en tout cas plus que le précédent. La plupart du temps, les morceaux sont assez proches de l'esprit d'un black-metal torturé, surtout grâce (à cause ?) à des vocaux très criards et à une ambiance souvent vampirico-contemporaine ("Lies of the mirror which lies"). Les vocaux clairs sonnent comme du Moonspell du début ("Sun of the liar" qui n'aurait pas dépareillé sur "Wolfheart", toutes proportions gardées) et l'omniprésence d'une flute survoltée contribue à entretenir le petit grain de folie qui caractérise l'orientation musicale de Ensoph. D'autres vocaux, totalement imprévisibles et délirants, apparaissent de temps à autres comme pour prouver que la santé mentale de ces drôles de loustics n'est pas forcément au beau fixe. L'influence de la scène noise et indus se ressent sur l'intrigant "Salme a nessuno", qui mue progressivement d'une overdose de décibels vers une complainte à la fois douce et saturée, tout à fait à l'image de la sensation aigre-douce que l'on ressent à chaque écoute de ce disque. Le titre le plus abordable est sûrement le très bon "White lamb seducer (40 days & 40 nights)" qui présente l'immense avantage pour l'auditeur fatigué d'être un peu plus homogène au niveau des sonorités que les autres morceaux. La structure franchement géniale et parfaitement cohérente de "In the flesh (Visione della passione)" est véritablement révélatrice du talent de Ensoph et se chargera de faire tomber bien plat les arguments des détracteurs qui auront jugé trop hâtivement que les italiens font n'importe quoi sur ce disque. En cadeau bonus, on trouvera un remix de Bruno Kramm, prolifique leader de Das Ich, qui a assaisonné à sa sauce le morceau "Sophias fall". On en pensera ce qu'on voudra.
Une fois que tout ce patchwork de sonorités sera apprivoisé, on trouvera ici une oeuvre très bien agencée, qui est en fin de compte moins difficile à aborder qu'on ne l'aurait cru au départ et qui apporte au groupe une crédibilité vraiment méritée. On regrettera toutefois que la production soit un peu trop opaque et je pense qu'un traitement sonore plus aéré aurait certainement encore fait gagner quelques points à cet opus définitivement dément. Rarement un disque aura aussi bien mérité son nom.

http://myspace.com/ensoph - 361 visite(s)


Rédigé par : Loufi | 16,5/20 | Nb de lectures : 8646




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Invité
Posté le: 12/06/2004 à 18h06 - (9107)
Bien vu Loufi, trés bonne chronique superbement écrite. Pour ma part, la première écoute m'a laissé dubitative, après plusieurs écoutes c'est l'extase. Un disque a ne pas laisser entre toute les mains, un disque qui peut être détester tant le groupe nous prends à contre pied à chaque fois (surtout au niveau du chant), des mélodies et des atsmophères pesantes, sombres qui naviguent sans cesse entre Black Indus/Electro Heavy avec une approche naturelle complètement "barré" différente de ce qui se fait actuellement.
L'album porte bien son nom.
Je vais me fendre d'un bon 18/20 pour la richesse / la technicité et la créativité du groupe.

mydrin
Invité
Posté le: 12/06/2004 à 18h54 - (9109)
excellent album , effectivement peu être un peu déroutant à la 1° écoute, mais vraiment original et très bien fait :-) on en redemande.

Toxixx
Invité
Posté le: 04/08/2004 à 00h19 - (9787)
Un album profond, et un groupe a part qui oriente sa musique dans un délire Electro/Black/Indus/Folk foisonnant d'idées ou rôde un sempiternel sentiment de malaise.
Une belle démonstration et un groupe qui se démarque de la masse.
A découvrir de toute urgence.
18/20


Joss
Membre enregistré
Posté le: 08/09/2004 à 14h05 - (10273)
Comme à peu près tout le monde, je confirme qu'après quelques écoutes un peu déroutantes on le laisse absorber par ce disque. Un album très original qui se dévoile un peu plus à chaque écoute...
J'émeterais juste une reserve sur la voix black façon Cradle mais bon ça passe bien quand même...

Probablement dans mon top 5 de l'année (mais il reste encores de sérieux concurents qui pointent le bout de leur nez)



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