ENSHINE - Singularity (Rain Without End/Naturmacht) - 05/01/2016 @ 07h32
Il y a 11 ans, une bande de suédois sortait un des albums les plus gracieux mais les plus mésestimés aussi dans le genre Doom/Death mélodique, Fallout (un nom d’album d’actualité…). SLUMBER, qui avait enfanté ce chef-d’œuvre, ne lui donnera jamais de vraie suite, le groupe splittera en 2011 dans une certaine indifférence, pour former ATOMA qui reprendra les éléments de la toute fin de carrière de SLUMBER (la démo Resonance de 2010) pour sortir le fantastique Skylight en 2012, dans un registre plus Post-Rock cependant. Jari Lindholm, guitariste et tête pensante de SLUMBER, prendra part à ce projet avant de laisser les clés à Ehsan Kalantarpour, Siavosh Bigonah et Markus Hill, projet qui depuis a été mis en sommeil pour d’obscures raisons alors qu’un second album était en préparation. Jari Lindholm a depuis fondé d’autres projets, dont EXGENESIS et SEAS OF YEARS qui lui aussi donne dans le Post-Rock. Dans le même temps et plus près de chez nous, un français se distingue aussi à sa manière dans les domaines du Death mélodique, du Doom/Death et du Post-Rock. Il s’agit de Sébastien Pierre, vocaliste de FRACTAL GATES et ex-INBORN SUFFERING, qui a aussi son projet de Post-Rock nommé COLD INSIGHT. Avec des influences communes, les deux hommes ne pouvaient que se rencontrer et collaborer. C’est ainsi que voilà ENSHINE, projet né en 2009 de la patte de Jari Lindholm, qui est aujourd’hui un duo pourvoyeur de musique gracieuse comme avait pu l’être celle de SLUMBER.

Avec le seul Origin (2013), ENSHINE se posait déjà comme le parfait chaînon manquant entre SLUMBER et ATOMA, encore mélodeath sans être trop Post-Rock, moins doom et plus spatial. L’occasion nous est surtout donnée de retrouver le goût de Jari Lindholm pour les nombreux leads archi-épiques, ce qui a fait la marque de fabrique de SLUMBER et de certains moments d’ATOMA. Le suédois est d’ailleurs particulièrement talentueux et inspiré dans ce domaine et fait assurément partie des meilleurs solistes du registre mélodeath. Un touché qui a pu en influencer certains comme Stéphane Peudupin de FRACTAL GATES, on se souviendra des splendides mélodies d’un morceau comme "Inertia". Son compère de FRACTAL GATES et INBORN SUFFERING Sébastien Pierre vient donc compléter ENSHINE en y apportant sa passion pour la science et le cosmos, des claviers également, mais aussi et surtout ses vocaux rauques de qualité. ENSHINE c’est donc un duo complet qui a donné naissance à un projet original qui nous offre un Post-mélodeath très enivrant, et qui assure à 100% la succession de SLUMBER dans une version plus moderne avec un concept tout aussi cosmique que celui de ATOMA, trouvant également écho dans une musique résolument stellaire. Origin montrait donc déjà toutes les qualités du duo, avec des moments de grâce ("Cinders") dans un album à la fois accrocheur et atmosphérique. Deux ans plus tard, et alors qu’en 11 ans nous n’avions pas eu beaucoup l’occasion de profiter des talents de Jari Lindholm, voilà le second opus d’ENSHINE, Singularity.

La pochette donne déjà le ton : ENSHINE est du genre spatial, notons d’ailleurs que le livret est illustré de magnifiques pièces d’art graphique de Sébastien Pierre lui-même - qui signe aussi les paroles dans son style bien à lui. Le ton musical lui aussi est donné dès les premières notes de clavier, résolument futuristes, de l’ouverture sur "Dual Existence". Avec ses montées de synthé en fond et ses breaks cosmico-futuristes à foison, ENSHINE possède donc une certaine emphase stellaire à chaque instant, son style est atmosphérique sans pour autant balancer des morceaux de 10 minutes -bien qu’ici les pistes sont globalement plus longues que celles de Origin-, les aspirations Post-Rock sont évidentes avec notamment quelques passages à la gratte acoustique (quand ce ne sont pas des morceaux très éthérés voire ambiants comme "Astrarium Pt. II" et le sublime final "Apex") et bien sûr les leads, omniprésents, qui font le pont entre ce qui se fait dans le mélodeath et le Post-Rock, dans le plus épique des deux styles, entre la grâce de SLUMBER et la classe d’ATOMA. ENSHINE reste cependant un groupe de Metal, et sait aussi proposer des tubes, tout du moins des morceaux suffisamment construits et fignolés pour les rendre irrésistibles. Des rythmiques cossues sont donc présentes ici et là, Sébastien Pierre sait s’y prendre pour placer des lignes vocales en growl doom/death bien efficaces et entraînantes, et Jari Lindholm fait le reste dans un Singularity enivrant, qui dépasse son prédécesseur sans renouveler le style, quoiqu’un peu plus épique et aéré encore.

Il y a déjà de tout dans l’ouverture de plus de 7 minutes, "Dual Existence", et le duo est déjà au top de son inspiration, entre mélodies et riffs accrocheurs, leads mirifiques et moments de grâce notamment ce refrain libérateur à souhait, et surtout cette ambiance stellaire très prenante. Jari, pour ses leads, et Sébastien, pour ses vocaux, sont déjà au meilleur de leur forme sur le très épique "Adrift", entre Post-Metal à la ATOMA (du chant clair fait son apparition) et légères aspirations mélodeath 90’s, ENSHINE se montre donc dans ses meilleures dispositions quand il s’agit de nous faire nager parmi les étoiles à coups de mélodies. "Resurgence", plus rythmé et résolument futuriste, est sans conteste le tube de Singularity. L’autre tube, "In Our Mind", lui emboîte le pas, dans un registre à nouveau plus « Post » et éthéré (le chant clair est beau, normalement assuré par Jari Lindholm lui-même comme pour Origin) mais toujours Metal, avec les meilleures mélodies et les meilleurs synthés du disque, et le meilleur refrain de Sébastien Pierre tant qu’à faire. Passé le joli interlude "Astrarium Pt. II", Singularity se tasse légèrement tout comme Origin dont le meilleur se trouvait au début, mais ENSHINE ne démérite pas grâce aux mélodies très entraînantes de "Echoes" (un peu longuet certes), aux excellents riffs qui parsèment "Dreamtide" ou encore aux quelques fulgurances de "The Final Trance".

Singularity est surtout une version encore plus poussée, travaillée et inspirée de Origin, il en faudra encore un peu pour pondre un chef-d’œuvre comme Fallout ou un disque véritablement singulier comme Skylight, mais ce second opus d’ENSHINE montre surtout que Jari Lindholm est en très grande forme et que Sébastien Pierre l’accompagne à merveille (ses vocalises tutoyant presque la perfection de Beyond The Self de FRACTAL GATES). Même si ce dernier se fait parfois moins entendre que le premier dans le mix, avec un disque certes futuriste mais dont la production est plus proche des standards de l’époque de Fallout dans le registre Doom/Death mélodique, les grattes sont rêches (encore plus que pour Origin) et cela peut rebuter pour un disque aussi spatial. Mais ne boudons pas notre plaisir car Singularity est un disque grandiose, signé par deux musiciens encore trop méconnus hors de certaines communautés de metalleux sur le net, qui n’atteint pas encore la toute puissante excellence de certaines de leurs propres œuvres passées mais qui transpire la classe. ENSHINE signe donc un superbe album qui marie admirablement bien les propres influences et autres efforts de ses deux musiciens, un magnifique disque entre mélodeath doomisant et Post-Metal spatial, blindé des meilleurs leads mélodiques du marché. SLUMBER et ATOMA, de par sa « pause », laissent un vide et en attendant des news de l’un ou de l’autre (une reformation des premiers, soyons fous…), ENSHINE et la gratte mélodique de Jari Lindholm comblent sans trop de mal ce manque.




Rédigé par : ZeSnake | 16/20 | Nb de lectures : 8761




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Commentaire
Storm
IP:83.145.88.180
Invité
Posté le: 05/01/2016 à 10h50 - (119079)
L'album vaut le coup rien que pour le morceau Apex...

(le reste est très bon aussi cela dit)

JTDP
Membre enregistré
Posté le: 05/01/2016 à 14h33 - (119083)
Ah ok ! Je comprends mieux pourquoi cet album me bottait autant que le dernier Fractal Gates !!! :-)



DIMECHAG
Membre enregistré
Posté le: 06/01/2016 à 16h05 - (119095)
Je comprendrais jamais l'utilité du growl sur ce genre d'album...Quelle MERDE!

Ça pourri tout! UN CHANTEUR, un VRAI, même si ça braille à l'occase!!! PUTAIN ça le ferait? Non mais le son de l'ours dans sa caverne sur de la zique stratosphérique faut être à la rue sans déc'.
Dommage mais je peux pas me l'envoyer.



DIMECHAG
Membre enregistré
Posté le: 06/01/2016 à 16h06 - (119096)
Je comprendrais jamais l'utilité du growl sur ce genre d'album...Quelle MERDE!

Ça pourri tout! UN CHANTEUR, un VRAI, même si ça braille à l'occase!!! PUTAIN ça le ferait? Non mais le son de l'ours dans sa caverne sur de la zique stratosphérique faut être à la rue sans déc'.
Dommage mais je peux pas me l'envoyer.



Foulbz
Membre enregistré
Posté le: 11/01/2016 à 18h23 - (119122)
Pas fan perso, ça me touche beaucoup moins que Fractal

DIMECHAG
Membre enregistré
Posté le: 13/01/2016 à 17h11 - (119147)
Je connaissais pas Fractal Gates, ça déboite.


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