Je le disais pour un autre groupe, parfois il suffit de regarder la pochette pour avoir écouté un album. Je sais que ça schématise à l’extrême mais il faut quand même reconnaître que tous les styles métalliques ont leurs règles. Sans même avoir lu une ligne ou écouté une note les fans de « prog sympho heavy speed » savent que cet album n’est pas pour eux, idem pour les métalleux gothiques, les amateurs de black sympho et autres doomers. Ici il s’agit de musique extrême, ça se voit. Non seulement ça se voit, mais en plus ça s’entend, il n’y a pas d’erreur sur la marchandise. On est en présence d’un Death métal vengeur et bien puissant avec quelques références black, le groupe aurait-il enfin trouvé sa voie ?
Je m’explique : Enshadowed avait commencé en 1999 en jouant une sorte de black métal mid tempo au concept médiéval. En 2000 et 2001 le mid tempo n’était déjà plus à l’ordre du jour, le ton était à l’agressivité au travers d’un black métal misanthropique à la scandinave. En 2003, on ne garde du black que la haine envers la chrétienté et quelques riffs et on se concentre sur le death et toute sa violence. Il faut dire aussi qu’il ne reste qu’un seul membre de la formation originelle, on préférera donc voir dans ces perpétuels changements de styles un groupe qui cherche son identité plutôt qu’une démarche purement opportuniste, mais on les tient à l’œil quand même.
Le résultat est un album de 37 minutes, décomposé en deux parties, qui porte bien son nom : Intensity. Mis a part l’intro et l’outro, le reste est constitué de 6 morceaux qui ne laissent quasiment aucun temps mort (de temps en temps le groupe se calme un peu histoire qu’on puisse respirer). Les passages d’une lourdeur extrême sont entrecoupés de blast beats typiques mais toujours aussi efficaces « Obvious inexistence » par exemple ; à noter que le batteur s’en sort avec les honneurs entre les roulements infernaux et la double grosse caisse frénétique. Le chant alterne passages gutturaux et cris plus aigus histoire de varier les plaisirs. Le niveau technique est élevé est permet au tout de garder une certaine cohérence, c’est brutal mais toujours audible et la basse réussit à se faire entendre sans qu’on ait à trop forcer pour la distinguer (ça sent bon la fretless par moment). Les guitares sont incisives et nous offrent quelques solos simples (façon de parler) et efficaces « mental irruption » mais elles se concentrent essentiellement sur des rythmiques en béton armé. Les riffs bien que sans surprise sont suffisamment efficaces pour rester gravés dans votre tête. On sent parfois roder l’ombre d’un Morbid Angel, mais étant donné qu’ils ont influencé 95% des groupes de death, rien de plus normal, d’autant plus qu’Enshadowed est un élève appliqué. Si la majeure partie de l’album est axée sur le death, les vieux relents black mid tempo sont encore présents par endroit mais fortement dilués « horrenda nox », ils représentent en fait quelques plages d’accalmies bienvenues au milieu de cette déflagration. Le dernier morceau de l’album « requiem of hatred » ce démarque nettement du reste, c’est en fait une sorte de trait d’union entre le vieux Enshadowed et ce qu’il semble vouloir être aujourd’hui. Contrairement aux morceaux précédents, celui ci est essentiellement mid tempo et assez marqué black, ce qui explique la présence de nombreux passages de synthés : quelques notes sur la première partie, l’intégralité de la deuxième partie qui est en fait un passage instrumental ayant pour but de calmer le jeu avant que le groupe ne replonge une dernière fois dans la bourrinisterie.
Je ne sais pas quelle direction prendra le groupe pour son prochain album mais il peut continuer sereinement dans celle ci à condition qu’il personnalise un peu plus sa musique. Dernière chose, le groupe nous vient directement de Grèce. Vu leur musique et leur tête , je ne vais pas aller leur expliquer qu’en France on a une expression débile qui nous invite à aller nous faire voir chez eux.


Rédigé par : Dark Tranquilou | 14.5/20 | Nb de lectures : 7318