ENID - Seelenspiegel (Code666/Adipocere) - 18/04/2002 @ 15h42
Une bien jolie peinture que ce miroir nacré perdu au milieu d'un océan de bleu électrique. Une image énigmatique qui nous invite à tourner le volet et à passer de l'autre côté... Etonnant Enid, autrefois hydre à deux têtes dont une exclusivement responsable de la musique, qui aujourd'hui nous revient sous la forme plus conventionnelle d'un groupe à part entière avec l'intégration subite de quatre musiciens aux côtés du seul compositeur Martin, étudiant en musique classique et authentique baryton de chorale. Que cette métamorphose ait affecté la consistance du produit est une évidence, et pas seulement parce que le groupe a gagné un son organique découlant d'une présence humaine derrière chaque instrument - dont Moritz Neuner, l'un des tout meilleurs et plus prolifiques jeunes batteurs européens (Korovakill, Abigor, ex-Dornenreich, ex-Golden Dawn, Darkwell, etc.). Le profil de certains morceaux s'en est également retrouvé modifié, et c'est ainsi que les longs vagabondages atmosphériques saupoudrés de saveurs médiévales qui avaient contribué à susciter - au grand dam du groupe - des comparaisons insistantes avec Summoning tendent à s'effacer au profit de structures plus angulaires qui déterminent finalement à Enid un double visage équilibré avec deux types de morceaux bien différents. D'une part ceux que l'on peut peu ou prou situer dans la continuité du remarquable " Abschiedsreigen " - des fresques ambitieuses qui évoluent sur le fonds comme des pièces de musique classique, réservant passages mesurés et paroxysmes flamboyants où les orchestrations se délient pour mettre en relief des avalanches symphoniques concluantes accompagnées par la retentissante voix de stentor de Martin. Le fait marquant au sujet des vocaux étant que, la plupart du temps, Martin ne se retranche plus derrière des superpositions de lignes de chants et assume pleinement l'amplitude de son coffre exceptionnel - un fait auquel l'enregistrement de l'album pour la première fois dans des conditions professionnelles n'est sans doute pas étranger. Je cite à titre d'exemple " The Forbidden Site ", la composition la plus minutieuse et lunatique de l'album qui s'avèrera un véritable labyrinthe pour l'auditeur même attentif, " Patience's Ring " et ses adorables ornements baroques tempérant les parties les plus black de l'album, ou le final emphatique " Helios' Niedergang " que l'on pourrait imaginer voir donner sur une scène d'opéra dans la représentation dramatique d'un combat de type Achille conte Hector... Dans tous les cas l'expression créative de Martin a passé la surmultipliée et laisse dans l'expectative fiévreuse d'œuvres encore plus éblouissantes à venir. La seconde facette de l'album est celle qui m'a le plus intrigué et amené à me poser des questions sur le futur d'Enid. En effet, à l'écoute de titres comme " Land of the Lost " ou à plus forte raison encore " ... And soon will Fall the Days ", il n'y a rien de plus exceptionnel à retenir - outre la qualité maison de l'instrumentation - qu'un passage de relais linéaire entre des couplets flegmatiques faisant monter progressivement la tension jusqu'à un pré-refrain puis un refrain certes très engageant mais qui revient dans la bataille plus de fois que réellement nécessaire comme un slogan martelé jusqu'à ne plus quitter le cerveau. En d'autres termes n'est-ce pas là le schéma type du hit planétaire, Enid seraient-ils en voie de sacrifier aux bonnes vieilles tendances vendeuses qui brident depuis longtemps la liberté d'initiative d'une partie de la scène metal et de ses styles les plus exposés, le heavy et surtout le gothic metal façon HIM... Toutes proportions gardées cette amorce plus ou moins " suspecte " est ce qui plombe un peu mon enthousiasme quant à " Seelenspiegel " car, même si les morceaux mentionnés auront toujours mille fois plus de classe et d'épaisseur instrumentale que n'importe quelle ballade fédératrice des susnommés Finlandais et de leurs émulateurs, je ne parviens pas à leur accoler le label de caractère " Enid " et je dirige toujours inconsciemment ou non mon doigt vers la touche " skip track " à leur approche... Beaucoup est cependant relativisé si l'on pense que ce sont justement ces morceaux qui feront que la populatité d'Enid sortira à terme du cercle d'amis et amènera davantage de monde à se montrer curieux envers les strates du metal peu en évidence dans les média. Une vitrine, voilà peut-être ce qu'est " Seelenspiegel ", en tout cas pour moi un album de transition. Pas encore le chef d'œuvre auquel j'avais aspiré après " Abschiedsreigen " mais une preuve qu'Enid est capable d'assumer son passage du stade projet au stade groupe. Et vu les ressources créatrices et la marge de croissance dont dispose Martin en tant que compositeur affirmé, l'expression " vivement la suite ! " est des plus appropriées en l'occurrence.


Rédigé par : Uriel | 15.5/20 | Nb de lectures : 6326




Auteur
Commentaire
nagelfar
Invité
Posté le: 20/04/2002 à 22h04 - (731)
supportez enid !! c un grpe qui vaut vraimt le coup !

nagelfar
Invité
Posté le: 20/04/2002 à 22h04 - (732)
supportez enid !! c un grpe qui vaut vraimt le coup !

nepenthes
Invité
Posté le: 21/07/2005 à 08h25 - (17429)
Un album absolument somptueux !! Pour tous ceux qui ne connaissent pas, ça vaut vraiment le détour ! Amateurs de metal sombre, symphonique, lyrique, folklorique, romantique, ce groupe est pour vous !!
A découvrir également leurs deux premiers albums : Nachtgedanken et Abschiedsreigen.



Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion






Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site

Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs. S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos

Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker