Après diverses incartades discographiques, le quintet de l’Oregon est de retour chez Razorback pour un troisième album qui annonce son concept dès le titre. « Where monsters dwell » est un vibrant hommage à ces créatures qui nous ont fait regarder sous nos lits ou hurler de rire dans notre prime jeunesse. Ces « craignos monsters » d’allure grotesque, ces simili-zombies de série B et d’autres plus convaincants, se retrouvent ici dans un esprit, et surtout une écriture, truculente. ENGORGED est de retour avec un album qui mêle les genres avec habileté sans jamais les dénaturer et qui a sans doute nécessité un très gros travail de composition. Il est clair qu’un certain savoir-faire se dégage de cette nouvelle offrande et que le boulot n’a pas dû être de tout repos pour parvenir à ces neuf titres aussi décapants les uns que les autres. Si « D’compose » débute cet album pas un death/thrash convenu qui flirte allégrement avec certains riffs catchy CARCASSiens, on change bien vite de registre avec « Stinger » qui s’impose comme un titre mélangeant speedcore au chant clair, riffs thrash entêtants et passages plus death. Si les variations continuent ainsi tout au long de l’album, le fil conducteur d’un death/thrash rageur reste présent d’un bout à l’autre des neuf titres. Comme on pourrait s’y attendre, la réussite de « Where monsters dwell » réside principalement dans un excellent travail des guitares. Il serait malhonnête de prétendre qu’il y a dans ces riffs une once d’originalité mais le travail de composition aidant, le jeu des six cordes apparaît ici transcendé pour ne tourner qu’autour d’un objectif : un rendement d’une efficacité à toute épreuve. On a même droit, au passage, à quelques solos particulièrement bien inspirés qui ponctuent ça et là un album décidément bien séduisant. Si le petit feeling CARCASSien, renforcé par une production heavy, est toujours présent (« D’compose », « Architeuthis », « The Thing »), l’autre nom qui vient irrémédiablement à l’esprit est celui de S.O.D. pour l’humour et le côté speedcore/crossover qu’on retrouve sur plusieurs titres au travers d’un chant clair très incisif (« Stinger », « Chaingang », « Abominus »). Et puis il y a ces parties plus groovy, plus lourdes, presque sabbathiennes, qu’on retrouve sur l’excellent « Werewolf militia » sans parler des embardées goregrind qui poutrent (comme disent les d’jeunes) très sévèrement.
Au souvenir de leur « Death metal attack II » il apparaissait comme insensé d’imaginer un jour ENGORGED en train de composer des titres de plus de 5 minutes sans relever de la psychiatrie. Et c’est pourtant ce qui se passe aujourd’hui avec un troisième disque qui répond aux expectatives les plus délirantes. Il est probable que les fans de la première heure seront passablement déçus de l’évolution qu’ENGORGED avait déjà amorcée avec « Engorged »(l’album) mais il serait dommage de révoquer la qualité du présent opus pour autant. On pourra reprocher à Razorback de tourner un peu trop souvent autour de groupes influencés par l’ex-bande à Bill Steer mais je dis, pour ma part, que lorsque c’est aussi bien fait, à quoi ça servirait que Razorback se dé-CARCASS ?
A ranger précieusement entre le dernier GHOUL et l’excellent SLATTERHOUSE de l’été dernier.



Rédigé par : Tonton | 16/20 | Nb de lectures : 10564