Inconnu au bataillon (pour ma part), formé en 2006, les Texans d’Engaged In Mutilating ne sont pas des débutants, car ils comportent des membres de Putrilage et Exulcerate dans leurs rangs. De prime abord, rien d’extraordinaire. Associée avec leurs origines géographiques (près de chez les Devourment), on pressent qu’on va encore avoir à affaire à un nouveau groupe maniant le Brutal Gruik Slam death avec autant de talent que d’originalité.
Et... il faut bien avouer, finalement, que ça fait du bien par moments de se manger ses préjugés dans les dents. Car point de Slamming Death, en dépit d’une réelle originalité, Engaged In Mutilating puise dans sa maîtrise instrumentale pour asséner une assez bonne ogive de Brutal Death technique.

Évoluant dans un style bariolé, le quintet s’inspire avec talent des ORIGIN, DECREPIT BIRTH et SPAWN OF POSSESSION, tout en essayant de se démarquer quelque peu ; je dis "essayer", parce qu’ils n’y arrivent pas forcément. Mais cela n’entre pas en contradiction avec le plaisir auditif que l’on peut ressentir à l’écoute de 'Population : Zero'.
La qualité est indubitable, les morceaux sont tous très travaillés, dotés de structures réellement variées et irrégulières. Peu ou pas de combinaisons répétées, tout juste quelques riffs qui reviennent de temps en temps au sein d’un morceau. Engaged In Mutilating ne choisit pas la facilité, mais l’assume relativement bien.

Contrairement à Origin, la brutalité n’est pas au cœur du propos, mais plutôt en réelle harmonie avec les rythmes plus ‘mid-tempos’. Pas de pure débauche d’énergie incontrôlée, donc, même si les amateurs de Brutal Death vraiment bourrin y trouveront un peu leur compte. Les morceaux alternent ainsi entre la brutalité primaire, les ralentissements, les accélérations dévastatrices, le tour orné de quelques passages presque déstructurés.
Ceux qui affectionnent le côté primaire et barbare d’un DISGORGE ou d’un GORGASM peuvent passer leur chemin. Car les riffs sont eux résolument tournés vers le côté technique et alambiqué. Alternant régulièrement entre leads mélodiques, riffs acérés et soli, la paire de guitaristes s’en donne à cœur joie, évoluant entre rugosité, rapidité, technicité et mélodie, le tout ingurgité et régurgité à la sauce Engaged In Mutilating.

Si cet étalage de compétences fait honneur à leur capacité de créativité, il faut reconnaître que cela entraîne en contrepartie un certain problème de cohérence. Pas facile de vraiment savoir où le groupe veut en venir, pas évident de retenir les morceaux. Il n’y a que peu de titres ou de riffs facilement mémorisables, et il vous faudra plusieurs écoutes attentives pour pouvoir assimiler l’ensemble.
Sans compter que l’opus dure pas loin d’une heure. Durée qui aurait peut-être due être raccourcie, pour perdre en complexité ce qu’il aurait pu gagner en accroche et en cohésion.
En outre, à côté de certains cadors, Engaged In Mutilating reste encore un peu en retrait, peut-être à cause d’un refus total de la facilité, ou d’une inspiration encore trop immature.

Néanmoins, ce n’est pas antinomique avec le plaisir que l’on prend à écouter cet album.
L’alliance de brutalité, de technicité, de complexité et de mélodies est donc relativement aboutie, 'Population : Zero' est une bonne surprise, pour qui aime ce style de Brutal Death un peu cérébral. Un peu seulement, car grâce à une vraie association de brutalité et d’aspects plus basiques, le gang évite l’écueil des albums trop complexes, et réussit à demeurer constamment sur la ligne médiane séparant le plaisir du supplice.
Plaisant, brutal, technique. Un peu lassant sur la longueur, c’est vrai. Mais plaisant, néanmoins. Très bonne découverte en somme.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 13,5/20 | Nb de lectures : 11951