ENEMY OF THE SUN… Sous ce patronyme belliqueux se cache un homme qui nous a non seulement ravi les esgourdes pendant quelques années avec ses projets personnels, mais également avec quelques unes de ses productions (oui, il sait aussi faire ça…), parmi lesquelles THE GATHERING, LACUNA COIL, MOONSPELL ou TIAMAT… Hmmm, je vois que vous avez mis le doigt dessus ! Il s’agit bien de Waldemar Sorychta, dont le dernier projet en date était GRIP, INC. La possibilité d’avoir un jour un nouvel album n’est d’ailleurs pas exclue, tout dépendant de l’emploi du temps de leur batteur Dave Lombardo, très pris avec SLAYER.

Quoi qu’il en soit, Waldemar Sorychta n’étant pas homme à se tourner les pouces entre deux prods, il a fini pas remonter un projet sensiblement dans la même veine que GRIP, INC. dont le premier album est arrivé depuis quelques semaines dans les bacs. A première vue comme après de nombreuses écoutes, il n’y a pas de doute, c’est bien Sorychta qui est derrière ENEMY OF THE SUN ! Les riffs sont les mêmes, les rythmiques également, on retrouve les mêmes passages en son clair, cette même ouverture musicale qui a toujours fait de GRIP un groupe à part. On jurerait que « Shadows » été écrit dans le seul but de ne pas faire perdre patience aux fans qui désespèreraient de voir un jour Lombardo se libérer de ses obligations avec SLAYER pour venir enregistrer un nouveau disque. Mais il ne faut pas pour autant réduire ENEMY OF THE SUN à un ersatz de GRIP : grâce aux talents vocaux de Jules Näveri, beaucoup plus développés que ceux de Gus Chambers, « Shadows » est un album très varié sur lequel on trouve quelques expérimentations auxquelles ce dernier n’aurait pu se frotter avant.

Ainsi ces refrains et passages mélodiques évoquant FAITH NO MORE ou ces couplets où vocaux clairs et thrash alternent et renforcent la dynamique rythmique des compos. On trouve quand même des morceaux rapides et thrashy caractéristiques des compos de GRIP, mais la tonalité générale est à la mélodie et aux cassures de rythmes. La production est passable avec une double grosse caisse très en avant et des guitares quelque peu en retrait, étonnant de la part de quelqu’un d’aussi expérimenté. Cela ne nuit pour autant pas énormément à l’album et après un temps d’acclimatation on s’y fait. Non, ce qui dérange le plus avec ENEMY OF THE SUN c’est le lien très fort qui l’unit à GRIP et même si les deux groupes ne proposent pas tout à fait la même chose, la comparaison est inévitable et ENEMY OF THE SUN, plus mélodique mais moins inspiré, ne fait pas le poids.

« Shadows » n’est pas assez solide ou peut-être trop ouvert. En empruntant à SYSTEM OF A DOWN leur manie de sauter d’un déferlement de violence à un refrain pop, Sorychta a enrichi sa palette de composition, mais là où SYSTEM est la plupart du temps très efficace, il manque à ENEMY OF THE SUN de vrais refrains ou de vrais morceaux accrocheurs. Finalement, ce sont les chansons les plus conventionnelles et thrash qui ont le plus d’impact, ce qui laisse un goût d’inachevé.


Rédigé par : Dungorpat | 13/20 | Nb de lectures : 10758