Déjà le quatrième album d’Endstille en seulement quatre ans et malgré cette fréquence de sortie élevée le groupe a su se bonifier pour délivrer aujourd’hui un true black metal ravageur et bougrement efficace. Après un premier album, "Operation Wintersturm" , auto produit passé totalement inaperçu en 2002 (mais réédité depuis par Twilight Vertrieb) le quartet germanique a su attirer sur lui toutes les attentions de la scène black metal avec un deuxième album, "Frühlingserwachen", plus abouti et largement salué par les critiques. "Dominanz" qui lui succéda l’année dernière ne fut pourtant pas à la hauteur de mes espérances. Même si les qualités techniques étaient toujours au rendez vous les compos souffraient d’une certaine linéarité et l’impression d’un sous "Frühlingserwachen" se faisait trop ressentir.

Beaucoup d’appréhensions donc avant l’écoute de "Navigator" qui vient de débarquer il y a quelques jours.
Un simple écho radar en guise d’introduction et "I Bless You... God" déboule dans la foulée. Une rythmique lourde et mid-tempo sur fond de doubles grosses caisses dévastatrices qui feint à tout moment l’arriver du chaos mais il n’en est point, le morceau continue sur cette lancinante rythmique et s’achève sur un larsen apaisant qui s’éloigne petit à petit pour mieux déstabiliser l’auditeur avant l’arrivée du "Navigator" qui instaure d’entrée un climat de haine sur fond de blast-beat et de chant criard ultra saturé. Cet enchaînement est à l’image de l’album, une alternance de morceaux à la base mid-tempo tout en atmosphère et de morceaux ultra agressif à la vitesse de croisière supersonique. A ce propos il faut une nouvelle fois souligner la performance dantesque du batteur sur des morceaux comme "Above The Vault Of Heaven" ou "Monotonus II" qui ne lui accordent pas un seul moment de répit.

D’ailleurs il y a une anecdote suffisamment drôle pour être mentionnée car il n’utilise pas de triggs et que depuis "Dominanz" on peut voir au dos des albums du groupe la parodie du logo "Stop the madness: anti drugs" (qui figurait sur bon nombre d’album de metal dans les années 80) devenu pour l’occasion "Stop the madness: anti triggers". Le groupe a même effectué l’année dernière un "Anti-Trigger Tour" en compagnie de Koldbrann. Malgré l’absence de cet artifice le son de batterie n’en reste pas moins surpuissant et à l’inverse de la plus part des productions estampillées true black, il est très propre (peu être un peu trop diront les puristes). Le son de guitare reste assez raw et est digne de ce qui pouvait se faire dans la scène norvégienne des années 90. Cette production limpide est pour moi un des atouts majeurs du groupe outre la qualité des compos présentes sur cet album.

Endstille n’apporte rien de nouveau et se contente de proposer un quatrième opus sans compromis et sans fioritures mais cela faisait bien longtemps qu’un album de black metal ne m’avait pas enthousiasmé à ce point.


Rédigé par : wasted | 17/20 | Nb de lectures : 15812