Après le récent tribute, voici que pointe son nez le DVD d'Emperor annoncé en décembre dernier. Autant dire qu'aller voir les Norvégiens en live a été un véritable pèlerinage pour beaucoup de black metalleux, un rêve éveillé qu'on n'osait plus espérer depuis leur séparation en 2001. Et pour une fois, il ne s'agissait pas d'une énième tournée de reformation miteuse comme nous en connaissons trop ces dernières années, mais simplement une tournée d'adieu sans espoir de retour. Espérons qu'il en soit vraiment ainsi. Et gageons que l'exclusivité européenne de l'Inferno Festival et du Wacken en 2006 a fait vendre du ticket. Et ce sont justement ces deux shows qui font l'objet des pressages chez Candlelight.

A noter que ces lives (l'audio du Wacken, l'audio de l'Inferno et la vidéo du wWcken) sont sortis dans différentes éditions, allant du vinyl au simple CD audio en passant par le DVD simple. Passez faire un tour sur le site de Candlelight pour le détail des versions. Plastic Head ayant décidé de ne pas me livrer mon boîtier collector malgré des échanges de mails érotiques à base de numéro de CB (ils commencent à me courir, les Rosbifs), je vous fais aujourd'hui l'article sur le simple DVD. J'amenderai à réception du boîtier DVD+2 CD, qui ajoute les versions CD des shows du Wacken et de l'Inferno (dont vous trouverez un extrait audio au bas de la page). Pour l'instant, je ne vous causerai que du DVD simple et donc du Wacken. Dommage pour le set de l'Inferno, en intérieur et devant 1500 fans en rut, qui aurait mérité sa version vidéo.

Une fois mis dans le lecteur, le DVD présente rapidement son menu très sobre: le concert, le chapitrage du concert et le document bonus. Pas de quoi se perdre dans le listing. Hop, clic sur le concert en intégralité. Le Wacken, vous connaissez. C'est un grand champ dans un pays étranger sur lequel on met une estrade géante et plein de public à poils longs devant. Pour que les gens du fond voient quelque chose sur l'estrade, on met quelques halogènes sur celle-ci. Et on met aussi le son très fort pour couvrir les bruits de conversation du public. Ca ressemble au NRJ Tour de la Baule-les-Pins que vous allez voir chaque année, mais avec des guitares électriques.

Sur mon installation 2.1, le son est très bon. Peut-être que Samoth aurait mérité d'être un chouia plus fort (un chouia, seulement). Mais l'ensemble des instruments est parfaitement perceptible, surtout les indispensables leads d'Ihsahn (sauf sur une télé pourrie. Hein, Mr T?). Le clavier Einar Solberg fait plus qu'appuyer Ihsahn pendant les parties en voix claire, lui volant la vedette de sa voix parfaitement adaptée pour le groupe. Sechtdaemon pousse de parcimonieux growls également. Le synthé est globalement assez présent, la basse pas trop. Mais ce ne sont que des détails dans un show qui s'avère parfaitement savoureux. Le résultat est franchement très bon et met bien en valeur une interprétation sans faille. On ne s'attendait pas à moins de la part des Norvégiens.

Niveau scénique, ben on est au Wacken. Le public très nombreux est à deux kilomètres et le groupe doit probablement manquer de la moiteur de ses fans trop éloignées malgré la foule impressionnante. On n'atteint donc jamais l'énergie d'un set dans une bonne salle surchauffée, fût-elle de belle capacité. Néanmoins, Ihsahn et sa bande envoient le maximum au travers de leurs instruments, restant assez sobres visuellement. Solberg secoue vigoureusement la tête, Sechtdaemon fait des hélicoptères du côté de la basse, alors que le trio originel reste stoïque sous les lumières. Ihsahn ressort juste sa dispensable armure sur le final. M'enfin, qui irait voir Emperor pour son duck walk? L'important est la musique et la perfection de l'interprétation. Et si le groupe est loin du public, cela facilite la mise en place du dispositif pour filmer le groupe.

A ce titre, les caméras sont nombreuses. Je n'ai probablement pas une liste exacte, mais je miserais sur une caméra sur une grue faisant des plans larges à gauche de la scène, une autre à l'arrière de la foule, une backstage derrière Samoth, une sur chacun des zicos, une ou deux autres se baladant devant la scène. Bref, un beau déploiement de matos pour ne pas rater une miette. Et on sent que le casse-tête a été au niveau du montage. Le réalisateur privilégie donc des plans rapides, qui ne prennent pas le temps de s'attarder. Si l'ensemble est très dynamique, on ne profite pas vraiment des parties, hormis pour Ihsahn qui bénéficie de plus nombreux plans à son poste de vocaliste/soliste. Il n'y a pas de recette magique, entre les montages ramollo qui ennuient et les montages épileptiques qui rendent malades. Ce montage-ci s'en tire avec les honneurs, même si mon favori reste toujours le plus posé Rebirth of Dissection. Au moins, le réalisateur n'abuse d'aucun effet. Quelques plans en noir et blanc, quelques effets strobo et quelques ralentis, tout au plus. A ce niveau, c'est impeccable, avec des mouvements de caméra fluides, propices à l'immersion, qui rendent le visionnage agréable.

Les fans d'Emperor vont simplement prendre leur pied dans ce témoignage vidéo de grande qualité, bien supérieur à l'Emperial Live Ceremony (on n'est pas dans le même budget, non plus). Emperor parvient à restituer avec superbe ses meilleurs titres. 73 minutes de pur bonheur, blindés de moments forts (rien que pour "With Strenght I Burn", p'tain).

Setlist Wacken (72'55)
Infinity Burning (medley)
Cosmic Keys to my Creations & Times
Thus Spake the Nightspirit
An Elegy of Icaros
Curse You all Men!
With Strength I Burn
Towards the Pantheon
The Majesty of the Nightsky
The Loss and Curse of Reverence
In the Wordless Chamber
I am the Black Wizards
Inno a Satana

Côté bonus, on a droit à un road-movie de 66 minutes (ça ne s'invente pas) qui suit la tournée du groupe en 2006-2007. Road-movie est un terme un peu exagéré pour ces images fugitives compilées sans souci de la perfection. Ce n'est pas inintéressant, mais les images (de bonne qualité globalement) auraient mérité d'être systématiquement couplées au son de la sono pendant les lives (dommage pour Londres et Los Angeles notamment). Quitte à filmer toute la tournée, il aurait aussi été intéressant d'habiller plus entre les concerts, plutôt que se contenter d'une caméra qui filme uniquement la scène et rarement en dehors. Ce manque de recherche fait que l'ensemble compile du sympathique comme de l'anecdotique (les bouts de signing sessions sans intérêt) et se regarde sans faire lever véritablement le sourcil. Le document contient toutefois quelques moments intéressants (les trois titres dans la moiteur de la salle déchaînée de Chicago, la guitar session à Guitar World Magazine qui intéressera les zicos). Cinq titres sont filmés en intégralité en live, on a droit à deux plans prolongés sur Trym. Bref pas grand-chose de mémorable. Dommage, car il y avait moyen de voir plus grand.

Voir plus grand, c'est sûrement ce qui manque le plus à ce DVD. C'était peut-être le moment pour Candlelight d'investir dans un DVD-hommage à l'un des fleurons de son écurie. Mais au lieu d'un testament vidéo qui aurait laissé son empreinte, le label anglais a pris l'option d'un DVD correct, mais très loin d'être ébouriffant. On reste bien loin de la richesse du récent Rotting Christ, qui avait su mettre le budget pour faire honneur au groupe. Toutefois, ce DVD est rigoureusement indispensable à tout fan d'Emperor qui se respecte. Si le groupe se fait bêtement critiqué pour des raisons puériles par une frange d'internautes, Emperor démontre en un simple concert toute la magnificence de sa musique riche et extrême. A défaut d'être ultime, Live at Wacken est un très bon DVD, ce qui est déjà plus qu'enthousiasmant!!




Rédigé par : Prince de Lu | DVD Live/ | Nb de lectures : 13078