EMMURE revient même pas deux années après l’infâme « Felony » qui confirmait la déchéance d’un groupe qui n’a cessé de s’enfoncer depuis un premier et très efficace album : « Goodbye To Gallows ». Depuis, la chute inexorable dans les tréfonds de la médiocrité. Quid de ce « Speaker Of The Dead » à la sonorité George Romerienne ? Les mecs se sont-ils achetés une tractopelle pour continuer à creuser ou se sont-ils mis un coup de pompes aux fesses pour tenter de se sortir les doigts et d’émerger de la vase ? Après une écoute, on peut dire que ce « Speaker Of The Dead » est moins pire que « Felony », vous me direz que « Ouais enfin, c’était pas compliqué ! » Ce à quoi je répondrai : « Ouais mais quand même… » Moins pire que son prédécesseur donc mais pas de quoi se rouler dans ses propres déjections pour autant. EMMURE continue de faire du EMMURE. Que peut-on en conclure ? « Haters gonna hate, lovers gonna love… » Choisis ton camp.

La première impression n’est pourtant pas totalement mauvaise : en tant que fan de Romero, j’aime bien le titre de l’album, la jaquette est sympa et les titres des morceaux contiennent une chiée de références à la pop culture (Transformers, Street Fighters, Watchmen,…) dont je suis friand. Il est maintenant temps de mettre la rondelle dans le lecteur et puis comme Gaspar Noé...Soudain Le Vide. On va faire court pour ceux qui décideront de zapper après avoir lu ça : les deux meilleurs titres, enfin "moins mauvais titres", de l'album sont ceux proposés en single. A savoir « Demons With Ryu » et « Solar Flare Homicide ». Ceux qui avaient déjà trouvé ces morceaux sans intérêt peuvent passer leur tour. Parce que le reste en possède encore moins. C’est là, le principal défaut de « Speaker Of The Dead », que je pourrais étendre à toute la discographie du groupe : on se fait grave chier. Mais vraiment. EMMURE a toujours eu de grosses lacunes au niveau de la composition. Ils me rappellent un peu David Guetta dans le sketch des Guignols. Sauf que les Ricains, manque de bol, n’avaient qu’un Simon à deux couleurs : "Riffs néo circa 1997" et "Breakdowns mous". On a beau mettre des effets, du clinquant et du bling bling par dessus, ça ne masquera pas la misère de l'ensemble.

L’album démarre sur un titre en référence au Transformers « Children Of Cybertron » bâti sur un premier break efficace et pas mal lourd avant de s’enfoncer au bout de trente secondes à coup de riffs dénués du moindre intérêt. Bref, je conseillerais aux fans des Transformers de se jeter sur « The Ultimate Doom » de xShockwavex qui joue carrément dans une autre galaxie. Les morceaux suivants sont pareils, des riffs mollassons, sans agressivité, sans violence si ce n’est verbale, sans implication. La musique rentre par une oreille pour en ressortir immédiatement par l’autre. Les moshparts et autres breakdowns ne donneraient même pas envie de bouger à un karatéka pèté aux ecstas. On a la sale impression d’entendre les mêmes patterns rejouées encore et encore avec juste des petits effets de manche sortis de « Life Is Peachy » posés à l'arrache histoire de varier un peu. La voix ne sauve rien en partant dans tous les sens et rajoute une couche d’inanité en répétant ad vitam les mêmes lyrics. Faut dire que quand on tient tout un morceau avec quatre phrases, faut pas venir se plaindre. Un exemple de l’indigence des paroles ? « We are unstoppable. We are unbreakable. How much proof do you want ? You can’t fuck with us. Decepticon » ou « I am Bison and you are Rose. Sent here to destroy Me. I am forced to leave you. This is shadaloo.» Un dernier ? « I wanna watch you suck his dick. I known you fucking love it bitch. Do You see me now. Look into my fucking eyes. » Hop! voilà, ça c'est les lyrics de trois chansons. En intégralité.

On arrive déjà à “Demons With Ryu”, le titre le plus écoutable de l’album pour la simple et bonne raison qu’à certains moments, pas toujours, il se passe quelque chose. Une rythmique groovy avec des relents two step. Une petite ligne mélodique pas dégoutante et puis tout se casse la gueule avec ces petits sons de guitares éventés depuis au moins 15ans « tititititititiiiti » venant, encore une fois, tout gâcher alors que le titre avait du potentiel. Sans parler de la meilleure partie de tout l’album, la moshpart vraiment bonne suivant le « Round 1 ! Fight ! » bien connu de tous les possesseur de la Super Nes. « Solar Flair Homicide » lui est écoutable pendant les cinq premières secondes. C’est déjà pas mal. Ne croyez pas que j’exagère, l’écoute de l’album en entier est vraiment pénible tellement il ne se passe rien. Riffs neos/breakdown deathcore, riffs neos/breakdown deathcore, voix insupportable, riffs néos/breakdowns deathcore. Oh un petit sample…
Certains groupes torchent d’excellents albums avec autant de riffs. Mais quand on joue cette carte, il faut bosser ses riffs, les rendre intéressant, lourds, hargneux, brutaux. Trouver le truc qui en fera des chansons mémorables. Mais quand on possède de grosses lacunes en composition, c’est pas évident. Parfois, sur certains morceaux, ils tentent d’innover un peu en jouant une carte plus mélodique ou ambiancée sur « Bohemian Grove » ou « Last Words To Rose » par exemple. Mais c’est encore pire voire carrément ridicule sur « Last Words To Bison » à côté de laquelle un gonzo allemand shooté par un Uwe Boll bourré à la bière fait office de modèle de finesse. Ce titre est probablement la pire chanson qu’ils aient jamais écrite. Pourtant y’avait déjà du level sur « Felony »…

Ensuite, il ne se passe plus rien de notable, sinon un ennui profond, jusqu’à la fin de l’album. On se demande si on écoute pas un seul morceau répétitif de vingt minutes. On pourra noter que la production globale est plutôt bonne. Sans être hénaurme, elle est claire, précise et Joey Sturgis (docteur es prod deathcore/émometal) fait le taf. « Speaker Of The Dead » manque de tout. De vie, d’âme, d’inventivité, de violence, de brutalité, de ligne de chants (ouch le passage « rappé » sur « A Voice From Below »), de riffs, de talent, d'intégrité, d'amour… de tout ce qui fait un bon album de metal/hardcore/death/deathcore/néo (choisissez ce que vous voulez). Ce n'est même pas fun, ni cool, ni drôle. Même en laissant son cerveau au vestiaire.

EMMURE sont les Zack Snyder du metal. Un groupe qui mise tout sur l’image, qui investit un genre, le vide de sa substance et de sa raison d’être, le bourre de références désincarnées, passe un gros coup de peinture rutilante et balance des tonnes de frime et de pose par dessus pour se donner un air cool. La façade est pimpée, bling bling et prête à sortir en boîte mais l'intérieur est désespérément vide.

YOU LOSE.

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GAME OVER!


Rédigé par : Seb On Fire | 05/20 | Nb de lectures : 14898