Je vous avoue que lorsque j'ai reçu le CD de Emia et que j'ai découvert la pochette, j'ai légèrement frissonné. Cinq gonzes en costards avec pour chacun un peinturlurage du plus bel effet sur la figure... je chope le fou rire pour moins que ça.

Dire que cela m'a fait penser à Bioman ou aux Power Rangers n'est pas totalement faux mais c'est surtout vers les sinistres Pleymo que ma mémoire m'a renvoyé (c'est dans ces moments-là que j'aimerais avoir un flacon de "Refoultout" sous la main).

A l'époque et bien que n'aimant pas le combo, je m'étais demandé ce qui avait poussé Pleymo à donner dans une image aussi... voyante et décalée (et pour couronner le tout... en Jogging… le comble de la classe). A croire qu’ils avaient un peu trop lu de mangas et que cela leur était monté à la tête. Je trouvais cela tout bonnement ridicule.

Aujourd'hui, Pleymo à rangé les survêt' au placard et quelques groupes talentueux comme par exemple les Punish Yourself, ont fluoté le metal de leurs humeurs colorées, ce qui fait que les visuel flashy sont beaucoup moins choquant maintenant (Mais bon, malgré tout on ne peut quand même pas dire que le rose ait pris le pas sur le noir dans l’imaginaire du Metal Freak).

Rose, Vert, Blanc, Jaune et Bleu (avec pour chacun d'entre eux un petit maquillage personnalisé) sont donc les couleurs que se sont attribués les bonhommes et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'une telle pochette ne passe pas inaperçue.

Sur son Myspace, l’explication que donne le groupe par rapport au maquillage n’est pas vraiment claire « Ce n’est pas essayer de se cacher mais d’exprimer les sentiments qu’ils ont au fond d’eux, colère, frustration ». En tout cas, il est clair qu’en live, le côté « bariolé » apporte un vrai plus visuel et donne au groupe un côté plus « dur » que ce qu’ils semblent avoir au premier abord.

Evidemment, le coup de l’arc-en-ciel ne vous amène pas à penser que vous allez avoir à faire à un groupe de Black Metal ou de Grind. On pense plutôt à Slipknot, American Head Charge, Mudwayne ou encore MushroomHeads. Et comme parfois il faut faire confiance à son intuition, Bingo ! On tombe juste.

Emia pratique donc un Neo viril lorgnant gentiment vers la polyrythmie et l'industriel tout en essayant de conserver ce qui fait la quintessence de ce style de musique à savoir l'énergie.
Les six titres proposés sont tous assez longs, plutôt complexes et sinueux (on pourrait presque parler de morceaux à tiroirs). Les riffs sont gras, plutôt virils, s'aèrent ou se densifient au fur et à mesure que la voix se fait plus mélodique ou plus criarde.

Il n'y a pas ici des masses de "phrasés clairs" et le groupe ne donne jamais vraiment dans l'acidulé. On rencontre même quelques petits blast beats et quelques petits passages « triple viande » à la double pompe.
La section rythmique est à la hauteur et bien qu’on n’atteigne pas les cimes des techniques des Ninjas suédois de Uméa, les mises en place sont carrées et le groupe tourne pas mal.

Tour à tour le groupe me fait penser à American Head Charge (pour la lourdeur des attaques et le groove industriel) et E.N.D (pour les ambiances froides et la polyrythmie). D'ailleurs ils viennent de la même région que les E.N.D... Est-ce que la belle ville rose va se mettre à l'heure du Crum Crum ? On dirait bien que oui les amis.

On regrette par moment ce petit goût de déjà vu dans les morceaux, surtout dans la voix du chanteur qui est assez proche des canons du style Neo. Les riffs sont bons mais aussi très classiques. Bref, le groupe ne révolutionne rien mais espère faire mal avec les armes dont il dispose.

Avec les nombreuses idées qui composent les morceaux, le groupe peine parfois à donner une unité aux chansons. La sauce prend sur « Run to live » et surtout "Dear Mum" qui avec sa force émotionnelle et son énergie booste la fin de l’album.
Un premier EP après lequel il faudra que le groupe affine son style et tire des leçons de ses passages en live… en espérant qu’ils continuent à prendre des couleurs.


Rédigé par : pamalach | 05,5/10 | Nb de lectures : 12478