Avec You (2013), EMERGENCY GATE m’était apparu comme un groupe de mélodeath moderne sympathique quoiqu’anecdotique et ne portant pas vraiment la très dispensable scène mélodeath allemande. Mais avec son immonde cover de "What Is Love" présente sur l’EP miteux de réenregistrements Remembrance, le groupe est bien vite redescendu dans mon estime, tout comme You avec le recul d’ailleurs. EMERGENCY GATE apparaît désormais comme un groupe de seconde zone, dont la carrière est instable avec autant de labels écumés que de disques sortis (voire même plus vu que Remembrance avait eu droit à deux éditions différentes), des labels pas très glorieux d’ailleurs (sauf peut-être Golden Core qui a chez lui quelques pointures de l’Indus). Infected, leur sixième album, est donc tombé chez Fastball label de série B voire C dont nous n’avions plus reçu de productions depuis 2011. Après 18 ans d’existence, EMERGENCY GATE aura bien du mal à devenir un groupe de mélodeath d’envergure et Infected ne va pas faire décoller de manière insoupçonnée sa carrière.

Après des revirements stylistiques plus ou moins importants pendant les années 2000, EMERGENCY GATE semble avoir trouvé sa voie avec You, Infected se situant dans la stricte lignée de son prédécesseur. Soit du Mélodeath moderne metalcorisé, à grosses rythmiques directes, à alternance couplets hurlés / refrains en voix claire, et (hélas) à synthés en mode techno/trance voire dance : sans cependant sonder les abysses révélées par BLOOD STAIN CHILD AMARANTHE, d’ailleurs les synthés sont bien moins présents que sur You, ce qui est un moindre mal. Mais comme pour son précédent opus, EMERGENCY GATE s’en sort surtout grâce à ses riffs metalcore couillus, le reste étant au mieux anecdotique, au pire approximatif. La production est assez étouffée et brouillonne (gâchant un morceau comme "Revelation" par exemple), les mélodies sont la plupart du temps une resucée de SOILWORK, IN FLAMES et DARK TRANQUILLITY, le chant n’est toujours pas fameux que ce soit dans le registre gueulé ou clair (les rares lignes « heavy » sont un peu meilleures), les synthés franchissent parfois les limites du supportable ("Crushing Down", "Infected Nightmares") les morceaux sont cliché au niveau des structures et souffrent du syndrome d’interchangeabilité inhérent à la quasi-totalité des formations de mélodeath de seconde division. EMERGENCY GATE joue bien en 2.Bundesliga et malgré son expérience du championnat il aura du mal à viser la promotion…

Le single "Sons of the Second" montre bien tous les menus défauts de EMERGENCY GATE, qui parvient tout de même à pondre quelques morceaux appréciables comme "Going Under", "Your Last Smile" ou encore la triplette plus musclée "The Beginning" - "Pathetic Me" - "Loving Hate", tout ça grâce aux bonnes rythmiques bien entendu, mais le chant n’est souvent pas (voire jamais) à la hauteur. Mais le groupe allemand nous abreuve toujours de son certain goût pour le kitsch « à l’allemande », avec "Drowning in Hate" aux accents de power-ballad bien désuète, la véritable ballade de fin "Peace of Mind", mais surtout cet énorme craquage qu’est "We Wanna Party", où l’on se demande quel doit être le degré d’écoute… comme pour tous les breaks electro/dance de l’album mais à la limite, connaissant un peu le groupe, ça ne choque plus. Pris pour ce qu’il est, à savoir un album de mélodeath moderne metalcorisant aux synthés volontairement kitsch, Infected est tout de même un disque correct, de toute façon il n’est plus utile de tirer sur l’ambulance de ce groupe qui n’arrivera probablement plus jamais à sortir un vrai bon album. Infected est assez court (39 minutes) et va à l’essentiel, EMERGENCY GATE reste finalement une honorable formation de seconde division mais il ne faut pas en demander plus. Le principal problème de ce groupe est toujours que, tout de même, il est assez ringard…




Rédigé par : ZeSnake | 13/20 | Nb de lectures : 10343