On a beaucoup parlé de la Grèce ces derniers mois. Le pays a en effet défrayé la chronique économique tout au long de l’année 2010, du fait de la crise des finances publiques qui s’y est déclenchée, résultat de plusieurs années de corruption en tous genres et de mauvaise gestion des fonds publics. Dans le monde du metal, c’est surtout le recrutement du guitariste Gus G. par l’increvable Ozzy Osbourne qui a placé le pays des Hellènes sous le feu des projecteurs. Par extension, son groupe, FIREWIND, s’est imposé comme le fer de lance d’une nouvelle scène power metal grecque.

La sortie du bien nommé "Regeneration", second album d’EMERALD SUN, intervient donc dans ce contexte ambivalent. D’un côté, une situation économique et sociale des plus critiques, qui voit la population grecque contrainte d’accepter des réformes de société parmi les plus dures au monde. De l’autre, une scène power metal florissante depuis quelques années avec des formations comme FIREWIND, BATTLEROAR ou encore INNERWISH. Avec ce nouvel album, EMERALD SUN entend bien s’imposer comme un leader parmi ces groupes, tout en s’attachant à dépeindre les difficultés d’un pays au bord de la faillite, au travers de paroles puisant dans l’actualité récente. Avec des titres comme « We Won’t Fall », « Theater Of Pain » ou « Starchild », "Regeneration" est donc un album-témoignage d’une époque troublée pour le peuple grec.

Force est pourtant de constater que la musique d’EMERALD SUN ne restera pas dans les annales du genre. Pratiquant un power mélodique en tous points générique, la formation ne s’éloigne jamais des terres déjà largement balisées par les incontournables HELLOWEEN, GAMMA RAY et autres EDGUY. Les Hellènes disposent malgré tout de quelques arguments convaincants pour les aficionados du style : une bonne production, un niveau technique satisfaisant (à l’exception d’un chanteur parfois limite dans ses interventions), et quelques refrains bien sentis (« Where Angels Fly », « Speak Of The Devil », redoutables d’efficacité). Mais tout cela est-il suffisant dans un créneau ultra saturé par des combos d’horizons divers et variés ? Il faut dire que le fan de heavy-speed mélodique est abreuvé à longueur de temps d’albums comme ce "Regeneration"…
Dès lors, sans véritablement se donner les moyens de se distinguer, nos amis grecs risquent de finir noyés dans la masse. Dommage, car un morceau épique comme « Fantasmagoria » (plus de douze minutes, quand même) prouve que le groupe est capable de bien mieux quand il se lâche complètement en termes de composition. Clôturant "Regeneration", la relecture réussie du « Holding Out For A Hero » de Bonnie Tyler figure également dans le lot des bonnes surprises.

Bien exécuté, ce deuxième album d’EMERALD SUN manque quand même un peu de saveur et d’originalité. "Regeneration", comme son nom l’indique, pourrait toutefois constituer l’amorce d’une carrière auréolée de succès pour cet espoir de la scène grecque, qui ne demande qu’à prendre son envol. Si ce n’est pas pour cette fois, la prochaine pourrait bien être la bonne.


Rédigé par : up the irons | 12.5/20 | Nb de lectures : 12133