Et hop, album n°3 pour les gars de Troyes (hahaha). Après avoir pris son temps (formation en 1994, premier album en 2007), EMBRYONIC CELLS semble s’être trouvé un rythme de croisière même si The Dread Sentence sort 4 ans après Black Seas (2008). Mais le groupe a dû évoluer dans l’ombre pour se dégoter un label et faire progresser leur son, histoire de sortir un album plus abouti que Black Seas sans révolutionner leur art musical plus que de raison.

Ce 3ème opus (à la très belle pochette assez originale) est donc dans la stricte lignée de Black Seas (dont je ne connais que quelques morceaux, mais le style est là). La recette reste donc identique pour la construction de The Dread Sentence, à savoir un Black un peu Thrash et un peu (beaucoup) épique. EMBRYONIC CELLS n’est pas un monstre d’originalité mais arrive à avoir sa propre patte, avec des influences piquées à droite et à gauche imbriquées de façon tout à fait cohérente. Leur style me semble même assez reconnaissable dès la première écoute. Au programme, 10 morceaux pour 46 minutes de Black-Metal assez abordable et accrocheur. Les riffs sont tranchants comme de l’acier poli, et s’avèrent être particulièrement efficaces que ce soit dans les rythmiques Black frénétiques, les cavalcades thrashisantes ou les montées plus mélodiques. Les claviers sont, quant à eux, parfaitement intégrés à l’ensemble. Pas de surmixage, pas de sonorités kitschissimes, elles sont même plutôt variées tout au long de l’album (avec de superbes ambiances), ce qui le rend d’autant plus captivant du début à sa fin.

Au fil des écoutes, The Dread Sentence s’avère être parfaitement équilibré et dosé, et fait bien honneur à ses qualificatifs Black/Thrash et « épique ». Le début de l’album est assez percutant, avec "I Burn With Life" et surtout "By Fire" qui fait taper du pied et propose des claviers qui peuvent rappeler DIMMU BORGIR période Enthrone Darkness Triumphant. On remarquera aussi le plus Thrash "Shall Be Lords Again" et le plus salvateur "Scream Or Die", qui restent pourtant diaboliquement épiques. Epique est le mot désigné pour le reste de l’album, avec les superbes ambiances de "I Don’t Wan’t to Save This World", et surtout les plus atmosphériques "Wheel of Pain" et "Soul of Mine" (avec des mélodies léchées et même quelques passages plus folk). Ajoutons à ceci les excellents interludes acoustiques "Order of the Crown" et "Ruins" et nous ne sommes pas loin de l’album parfait. Pas parfait car le groupe accuse tout de même quelques défauts de forme. Le son de batterie est parfois un peu limite, notamment dès le début de l’album avec "I Burn With Life", et la prod est parfois un peu brouillonne. Rien de choquant mais l’album aurait pu être nickel en tous points avec une grosse prod, surtout lorsque l’on œuvre dans un Black à tendance épique et sympho (jurisprudence CARACH ANGREN ?). L’autre accroc, c’est le chant de Max, un unique chant Black assez forcé qui n’est vraiment pas génial dans l’ensemble, ne semblant pas foncièrement adapté aux morceaux les plus atmosphériques (cf. "Soul of Mine"), avec des tons un peu « canard » des fois. Mais encore une fois, il ne casse pas tout, et n’importe quel habitué de voix Black en tout genre (et donc parfois bizarres) n’y verra aucun inconvénient.

L’évolution d’EMBRYONIC CELLS vers une maturité totale n’est pas loin, et même si le groupe est encore capable de mieux (notamment sur la forme), The Dread Sentence est un très bon album de Black-Metal épique avec forces synthés, ambiances rondement menées, mélodies prenantes et riffs thrashisants qui déboitent. Si le groupe troyen a un univers musical qui lui est vraiment propre, rien n’est ici novateur mais il est difficile de leur en tenir rigueur car The Dread Sentence est un album maîtrisé, montrant un groupe qui fait bien son boulot de composition et d’exécution. Avec parfois un esprit Black mélodique/symphonique old-school, The Dread Sentence est un « petit » album qui convaincra sans mal les amateurs de Black épique qui ne néglige pas les riffs. Pour ma part, une bonne surprise et un album plus que plaisant en définitive ! Et pour une fois qu’Axiis sort un truc vraiment bien…


Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 13007