Eglise Godcity, janvier 2008

"Mon père, pardonnez-nous car nous avons péché. Péché par naïveté, convoitise, jalousie et fainéantise. En effet, voilà déjà deux ans, nous étions très jeunes et très influençables, et sous l'emprise de Job For A Cowboy et Suicide Silence, nous avons commis "Masochist". Véritable condensé tiédasse de tout ce qui se faisait de trop frais en matière de deathcore. Gruiks porcins, mosh-parts usées jusqu'à la (grosse) corde et blasts mous du gland étaient notre pain quotidien. Mais depuis, la vision de tous ces nouveaux pécheurs ayant dérogé aux VIIème et Xème Commandements ("Tu ne voleras point les riffs de ton voisin" et "Tu ne convoiteras pas le layout Myspace de ton prochain") nous ont fait réaliser une chose: qu'il était venu le temps de nous repentir."

Voilà la conversation qu'ont dû avoir les gamins d'Elysia en allant voir le père Ballou au Godcity studios (ça s'invente pas) au moment de l'enregistrement de "Lion Of Judas". Car le groupe a franchi un palier. Avec un line-up plus instable que Fabrice Luchini sous cocaïne, on pouvait déjà guetter le recadrage stylistique. Et la simple présence de Mister Ballou derrière les manettes (aka à peu près toutes les meilleures prods de l'année) suffisait à rendre les minots de Sacramento un peu plus dignes d'intérêt.

C'est donc un Elysia tout chamboulé qui nous arrive là. De son passé deathcore, le groupe n'a conservé que quelques automatismes protéinés chuggah-chuggah-New Era à la Emmure. Pour le reste, voix death, blasts et mosh-parts, direction le vide-ordure. Les jeunôts (même pas 20 ans de moyenne d'âge) tendent désormais vers un hardcore assez mastoc, à la voix bien artic-hurlée, bourré de power-chords tout en conservant un petit côté rock'n roll pas dégoutant, et plutôt entraînant. Point positif: c'est 100 fois plus intéressant qu'avant. Point négatif: ça reste quand même assez générique.

Reste que les fraîchement débarqués chez Ferret livrent un album pas mal torché. Ca tape désormais vers des groupes comme Blacklisted ou The Hope Conspiracy, la profondeur et la personnalité en moins, les gros accords bien plaqués et quelques riffs sortis droits de leur ancienne mouture en plus. Mais avec un gros gros son massif et nerveux, ça s'enquille sans avoir à faire la grimace. Du divertissement bien ficelé en somme, débordant de riffs plutôt goûtus qui vont droit au but. Bref, ça sera pas l'album de 2009, ni même l'album de janvier, puisque c'est le "Perversions Of Guilt" de Complete Failure, mais un simple outsider, avec néanmoins une bonne marge de progression. Rien de plus.


Rédigé par : Crown_Me | 13,5/20 | Nb de lectures : 11214