ELVIRA MADIGAN - Witches - Salem (1692 vs. 2001) (Northlore Records/UMC) - 15/07/2003 @ 11h26
On prend les mêmes et on recommence. Au niveau de la réalisation on pourrait croire que cet album est né de la même session d'enregistrement que son petit frère " Black Arts ", tant la similitude au niveau de l'assiette sonore est totale. Les vocaux, entre autre détail maison, sont toujours aussi inexplicablement effacés, et on en vient donc à se résoudre à l'idée que c'est par choix. Pourtant la progression exponentielle de l'écriture traduit très bien les deux ans qui séparent les deux enregistrements. Deux ans mis à profit par Markus Hammarström pour parfaire sa technique de composition empruntant largement au contrepoint symphonique et aiguiser son sens des enchaînements. Avec pour résultat un album d'emblée beaucoup plus solide et accrocheur que le prédecesseur, qui sait garder un fil conducteur vivant en appuyant sur la pédale aux moments opportuns. Récompense de ce travail d'autodidacte forcené, des titres formellement beaux et à l'architecture tentaculaire comme " Crestfallen " ou à plus forte raison le magistral " Lilliannah - Demonologi för Dömda " feraient plus que bonne figure sur un album aussi mythique que le " Dusk and Her Embrace " de Cradle of Filth. Mais faisons taire tout de suite les mauvaises langues : c'est vrai qu'Elvira Madigan a pour signe particulier de ne pas chercher à dissimuler ses influences, mais d'un autre côté il en fait un usage dont on ne peut que louer le caractère individuel. Ainsi je mets quiconque au défi de me dénicher un passage de ce " Witches " que l'on pourrait aveuglément attribuer à Dani et sa clique. Parenté esthétique oui, pâle copie certainement pas. Pour s'en convaincre il suffit d'énumérer des dissimilitudes suffisantes à dresser une barrière entre les deux groupes. En premier lieu le jeu de guitares d'Elvira Madigan s'oriente davantage vers ses pairs du death metal mélodique à la suédoise, c'est à dire que les rythmiques cognent lourd et parviennent en saccades quasi heavy assorties de solos courts qui servent de liant avec l'orchestral. En conséquence on se trouve assez rarement confronté à un tempo frénétique spécifiquement black, et lorsque cela arrive (cf. " Häxor, Maror och Vittror ") on a presque une impression de tapage inconsidéré. Au niveau des claviers Markus est, davantage qu'un poseur de nappes au parfum gothique, un authentique joueur d'ébènes et d'ivoires qui tisse ses compositions sur plusieurs étages et à plusieurs voix instumentales (à l'aide de la guitare acoustique notamment) comme des mouvements directeurs et non comme des déclencheurs d'ambiance. Ceci ne veut pas dire que l'on ne retrouve pas ici et là une grosse envolée de type orgue de chapelle afin de gonfler le volume dramatique. Au niveau purement symphonique donc, Elvira Madigan soutient avec brio la comparaison avec Obtained Enslavement période " Witchcraft " qui restent la référence de la chose dans le monde du metal extrême. Autre critère de démarcation et pas le moindre : le chant. Si Markus se meut dans un répertoire de contraste voix death / chant éraillé sensiblement comparable à celui de Dani, il est nécessaire de remarquer que le premier nommé est beaucoup moins insupportable à l'oreille. Point de stridence crispante, point de gargarisme ronflant, Markus laisse respirer la musique en se campant volontiers au second plan. Pourtant le garçon a des arguments vocaux à faire valoir, et en particularité au niveau du chant clair qui donne à certaines parties une dimension hymnique pas piqué des nécrophages - Dan Swanö n'est pas loin dans le timbre. Maintenant une écoute très satisfaisante de bout en bout et un réservoir de surprises qui ne s'épuise certainement pas au bout de dix petits tours dans la platine, " Witches " constitue d'ores et déjà l'une des toutes meilleures (si ce n'est la meilleure) autoproductions à s'extirper des magmas bouillonnants de l'underground depuis le début de ce millénaire. Un tuyau vraiment infaillible pour tous les amateurs de black metal robuste et gorgé d'atmosphères soignées. Qui plus est l'album est offert dans un digipack tri-volet une nouvelle fois luxueux à l'artwork fort élégant signé Luis Royo. Pour tous ceux qui se sentent potentiellement intéressés, aucune hésitation à avoir : rendez-vous sur le très beau site http://www.elviramadigan.com pour des informations complètes et suffisamment d'extraits audios pour se construire une opinion fiable.


Rédigé par : Uriel | 16/20 | Nb de lectures : 7271




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