Après une courte période d’accalmie, la scène métal prog française semble s’agiter de nouveau. Et avec des protagonistes certes ambitieux, mais qui n’ont pas l’air d’avoir encore compris que pour s’imposer, il faut se défaire du dilettantisme propre aux formations hexagonales. Une attitude qui ne pardonne pas quand on a choisi de suivre, même de loin, les traces des ténors. Pour mémoire, ELVARON est une formation lorraine qui existe depuis une dizaine d’années. Elle en est à son deuxième véritable album. Son effectif enregistre l’arrivée d’une claviériste, Lindsay Messaoudi. Auto produit comme le précédent, The Buried Crown poursuit une quête entamée voici 4 ans par The Fives Shire sous la forme d’un concept album dont je tairais ici et volontairement le thème parce que je le réserve pour ma conclusion. Musicalement parlant, on note une légère évolution en terme de production et de maîtrise des compositions, éléments que j’avais égratignés dans la kro concernant le précédent. Je m’y plaignais d’un propos brouillon notamment sur les longs titres. ELVARON a donc en partie rectifié le tir. Je dis « en partie » car, les vieilles habitudes ayant la vie dure, certaines longueurs continuent de parsemer l’album. Autre regret, les changements de tempos semblent ne respecter aucune logique particulière. Du genre, on case un break ici parce que, ben, pourquoi pas ? Pas moyen donc d’accrocher un riff, un solo, une mélodie, un passage marquant. Ce qui fait qu’après plusieurs écoutes, je suis incapable de me souvenir et de fredonner le moindre thème. C’est gênant, surtout si l’on veut frapper les esprits et donner envie de remettre le couvert. Le chant est une autre déception. Sans relief, sans personnalité, sans…Bref, comme d’habitude, inutile de s’étendre, chacun ici connaît mon point de vue. Le tableau n’est donc pas très enthousiasmant. Et je suis le premier à le déplorer car il y a pourtant quelques bonnes idées comme le recours à l’instrumentation classique qui est, ici, particulièrement bien intégrée. Je crois être comme la plupart d’entre vous. Pour avoir envie de réécouter un cd, j’ai besoin d’éprouver la gourmandise d’y retrouver quelques moments intenses, bien pesés, bien conçus, des riffs et des mélodies mémorables, etc.. Malheureusement, ce n’est pas le cas de The Buried Crown. En fait, je crois que j’attendais beaucoup trop de ce second album et ma déception est à la hauteur de cette espoir. Et je ne voudrais pas terminer cette kronike sans vous faire part d’une autre irritation qui m’est personnelle, même si je pense ne pas être le seul dans ce cas. Une nouvelle fois, on peut regretter que le métal progressif empile les poncifs et les clichés au point que cela en devienne ridicule. Car comment qualifier autrement l’inévitable recours à l’imagerie éculée « heroic fantasy » que nombres de formations affiliées à cette scène empruntent sans aucune imagination. Il ne manque pourtant pas de sujets, qu’ils soient sérieux, graves, d’actualité ou légers mais pertinents qui méritent qu’on s’y attache en dehors des histoires de batailles épiques, d’elfes et autres dragons. Résultat, la forme pêche là ou le fond n’offrait déjà que très peu de réels motifs de satisfaction et de progression avec The Five Shire. Le syndrome RHAPSODY a encore fait des victimes.. Mais passons. C’était mon coup de glaive dérisoire dans l’eau claire de votre indifférence…


Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 12178