La pochette est réussie. Elle n’évoque plus les elfes et les dragons. Le titre laisse à penser que l’on quitte enfin le monde de l’heroic fantasy pour celui de la S.F. Et le groupe a tenu compte de mes conseils et mis de côté les compos à rallonge pour des titres plus ramassés. Le plus long – "Inside The Machine" – n’excède pas les 10 minutes. (Non, là je crois que ça fait vraiment prétentieux).
Donc, tout devrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. En bref et en apparence, ce disque est bon, achetez-le d’autant que par-là même vous soutiendrez la scène française qui en a grandement besoin. Et si on s’arrêtait là, hein ? On ne blesse personne, la vie est belle, tout le monde est content. Je dis ça tout de suite dans le but évident de me concilier les bonnes grâces de Matt avec qui j’avais eu quelques mots lors de la sortie de "The Buried Crow" en 2005.
Bon, en même temps, je vois bien que c’est peu court et que ça ne vous suffira pas. D’autant qu’à ma droite, j’entends la grosse voix du boss qui demande si je ne me serais pas foutu de sa gueule. Il va donc falloir que je l’écoute ce disque ! Ben oui, kamarade kronikeur, c’est la moindre des choses. Sauf que je n’ai pas un très bon souvenir des précédents et des réactions qui ont suivi. Et à ma gauche, Matt est là, tout près avec son 12 superposé à gros sel.
Tant pis, j’y vais. « Mort en service commandé » que vous pourrez lire en guise d’épitaphe…
Et patatras !!
Vous rigolez, mais ça commence mal ; mon lecteur CD portable ne veut pas s’ouvrir. Coincé !
Bon pas grave, je ripe tout ça en mp3 et je le glisse dans mon lecteur idoine. Sauf que, mon lecteur, il veut pas les lire ces foutus fichiers. Il me reste la possibilité d’écouter sur mon PC avec le casque. Oui, mais le casque, je ne le trouve pas. Quelqu’un a dû me le chourer quand j’avais le dos tourné. Et hors de question d’écouter sans ce précieux outil sinon ma moitié elle me vire. Décidément ! Tant pis, je m’y risque.
« Non mais qu’est-ce c’est que cette musique de ouf et cette voix de chat éventré? » (Ce n’est pas moi, c’est elle qui dit ça.) « Bon, poussin, t’es gentille là mais tu me laisses, j’ai une kro à faire. Tu vas finir par m’influencer et je dois rester objectif… »
Le problème, c’est qu’elle n’a pas vraiment tort. Car le chant masculin est le point faible immédiatement perceptible. Ça vous le savez depuis le premier album "The Five Shires" paru en en 2001. Et je ne suis, pas le seul à en faire la remarque sur la toile. Des preuves ? Parcourez le net, il n’en manque pas.
Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Il n’a pas progressé d’un iota, c’est triste mais c’est ainsi. Surtout dans le registre grave ou trash. Dans les passages plus clairs, elle est acceptable sans plus parce que c’est une fille qui chante.
Autre faiblesse, la production. Si on compare avec d’autres groupes français du moment, comme Ellipsis ou Spheric Univers Experiment kronikés dernièrement dans ces pages, ça fait mal ! Même très mal. Et c’est un comble quand on joue du métal progressif. Il manque la patate inhérente au genre. Sûrement une affaire de moyens techniques. Ouais, on va dire ça…
D’autre part, le concept suggéré par le visuel et le titre de l’album n’est pas en phase avec la musique à moins que cela ne soit le contraire. Il manque les ambiances space SF ad hoc. Ça bourrine dans tous les coins, ça bastonne * mais ça n’évoque jamais l’univers que c’est censé illustrer. Je sais que la comparaison est assassine mais avouez qu’Ayreon s’y entend pour nous appâter avec des ambiances Star Wars. A quoi bon conceptualiser si c’est pour ne rien évoquer à l’oreille aussi. Les textes c’est une chose, mais ce qu’un auditeur capte en premier ben c’est l’auditif justement. Et là, plouf !
Pour le concept lui-même, voici ce qu’en dit Matt, le leader d’Elvaron : « Le personnage principal, Axel Maddin, auteur d'une thèse sur L'inexistence de Dieu ainsi que sur L'Epilepsie et les croyances démoniaques est un jeune scientifique fraîchement diplômé. Il est recruté par un gros centre de recherche dirigé par un dénommé Hailey. Ce directeur aidé de son fils Hermann vient de mettre au point une machine qui permet de contrôler la gravitation de la terre et ainsi assouvir son rêve de mégalomane : libérer l'homme de la mort. Le Système de Contrôle de la Gravitation est rendu possible grâce à une entité biomécanique nommée « Genèse » qui par un système complexe peut empêcher la Terre de tourner. L'équipe de scientifique a tout prévu, des satellites reproduisent le rayonnement solaire, le temps est entièrement contrôlé afin que l'homme perde la notion du temps qui passe…
Evidemment tout cela est complexe car le vieillissement de l'homme est bien réel, lui rappelant l'inéluctabilité de sa mort. Aussi, les vieux sont déportés et exterminés, les enfants évoluent dans des centres fermés avant de devenir adultes et de pouvoir rejoindre les « intermédiaires ». Les naissances sont contrôlées. Les « intermédiaires » sont contrôlés et drogués en permanence avec la nourriture qu'ils ingurgitent. Seul problème, tout cela ne fonctionne pas sur tout le monde… Il faut donc localiser les « opposants ». C'est là qu'intervient véritablement Axel Maddin. Un jeune épileptique nommé Ylan peut communiquer avec la Genèse par le biais des ondes électriques qu'il produit lors de ses crises. L'épilepsie d'Ylan est telle qu'il peut avoir jusqu'à 20 crises par jour, son cerveau en est évidemment très atteint. C'est notamment lors de ces crises que la Genèse peut localiser les « opposants » et communiquer leur position à Ylan… Axel Maddin est chargé de traduire le tout. Axel Maddin est coincé dans ce système qu'il n'approuve pas. Il voit en Hailey l'évocation de son propre père et sa propension au mensonge (envers lui-même et envers les autres)…
Tout cela n'est bien évidemment qu'un résumé très grossier de la nouvelle d'Asphodel qui sert de base au concept. » (www.jesaisplusoujaipiqueça.com)
Si vous avez tout compris, bravo, vous avez gagné l’album. Ecrivez au groupe, il vous l’enverra. Nan, je blague !
Bon, je suis content, j’ai rempli une demi-page avec le concept, c’est toujours ça de pris. (Ah le copier - coller, encore merci Bill). Parce que pour le reste, que dire de plus. D’accord, y a du mieux. Je l’ai dit plus haut, le fait de condenser les morceaux permet de ne pas se perdre dans des digressions sans queue ni tête. Mais l’incongruité du chant gâche tout ou presque. L’attention est mise à rude épreuve. Dommage ! Comment faire comprendre à Elvaron qu’il lui faut un chanteur, un vrai, comme S.U.P ou Ellipsis ont su en trouver. Ou bien, il n’a qu’à faire de l’instrumental comme Parallaxe. Ça fera de la concurrence en même temps que de l’émulation. Et on pourra au moins apprécier la musique à la hauteur des espérances bien légitimes du groupe.
Qu’est-ce qui pourrait malgré tout vous inciter à vous procurer cet album ? Soyons bêtement matérialiste, le prix ! Ben oui, en ces temps de vaches maigres, ça a son importance. On trouve donc l’album aux environs de 12 € ce qui n’est pas du vol. Ensuite, il y a de bons moments : l’instrumental "Losing Control" qui possède des qualités incontestables (et pour cause !). D’autre part les musiciens ne sont pas manchots. Mais attention le métal prog d’Elvaron même s’il louche sur celui de D.T (au hasard) n’est pas tout à fait de la même trempe. C’est toutefois un peu maigre pour sauter au plafond en criant au génie. Par exemple, pourquoi ouvrir tous les titres sur des arpèges de piano ou de guitare ? Cette construction donne l’impression que tous les titres se ressemblent. Heureusement que la suite est quelque peu différente, sinon on jurerait que l’imagination a été laissée de côté.
Allez, pour terminer sur une note optimiste je dirais que sur un plan général il y a du progrès. Mais le groupe lorrain ne m’a pas toujours pas convaincu et là, avouez que j’ai quelques bonnes raisons. Merde, il ne s’agit plus de débutants. Ils en sont quand même à leur troisième album ! Non ? Vous pensez que je suis partial, injuste, malhonnête ? Ecoutez l’album et on en reparle.


Rédigé par : Karadok | 12/20 | Nb de lectures : 11305