Les Suisses d'Eluveitie ont su faire parler d'eux ces derniers mois, et en bien. Et je suis le premier a être fan de "Spirit" et de sa mixture enjouée de métal suédois à la Dark Tranquillity avec du flûtiau sauvage de partout. Dire qu'un titre comme "Your Gaulish War" me fout la gaule n'est pas qu'un mauvais calembour. Comme beaucoup, j'ai été plus qu'heureux d'assister à leur concert monumental au premier Pagan Fest. En attendant le nouvel album en bavant (on nous annonçait un album précédé d'un mini acoustique, fut un temps), j'ai été réjoui de voir qu'Eluveitie avait secoué suffisamment le palmier pour se retrouver signé chez Nuclear Blast. Avec ze gros label aux fesses, on pouvait espérer les revoir en live plus souvent, dans des conditions améliorées.

Et puis Eluveitie est repassé en concert en décembre dernier, dans le cadre du Cernunnos Fest. La tête d'affiche a fait un très bon concert, mais les extraits du nouvel album m'ont laissé un arrière-goût étrange. La fatigue de la journée peut-être. Bien sûr, on a eu droit à "Tri Martolod". Le morceau popularisé par Alan Stivell (ou Manau selon votre catégorie d'âge) est bien présent sur l'album. La version metal, si elle est très loin d'être ébouriffante, est tout à fait acceptable dans un milieu folk qui perpétue les reprises de vieux standards. Non, ce titre n'est en aucun cas le problème.

Le souci avec "Slania" est qu'Eluveitie continue à mélanger le metal suédois avec du folk, mais que Dark Tranquillity a cédé la place aux riffs plus patauds d'un In Flames ventripotent. Et autant je suis fan des riffs de DT à la "The Gallery", autant la récente carrière mollassonne d'In Flames me laisse totalement indifférent. "Slania" est un peu gras du bidon et a du mal à avancer, dès la seconde moitié d'un "Primordial Breath" qui pourtant ouvre bien l'album. La puissance de feu couplée à une vitesse d'exécution festive a cédé la place à une quête d'efficacité plombée par des riffs sans aucune originalité.

Les parties traditionnelles sont toujours là, mais elles sont moins mises en avant. "Spirit" montrait une imbrication lumineuse du folk et du metal. "Slania" semble monté comme à l'usine, avec des enchaînements visibles à cent pieds de distance. Mais qui m'a mis le cheni dans le travail de composition de nos p'tits Suisses? Ca me fait monter les tours, tout ça. N'allez pas croire que "Slania" est une catastrophe. Non, le gros son est toujours là et si vous souhaitez vous laisser emporter par la houle du celtico-metal, vous en aurez pour vos sous. Mais il faut avouer que ce second opus est une déception par rapport à son glorieux aîné et qu'il faut être bon public pour adhérer sans sourciller. Ceux qui prennent en route le train helvétique se laisseront probablement faire, là où les autres risquent de tiquer.

Il reste quelques passages inspirés de standards folk relativement séduisants, comme l'interlude "Anagantios". Pour la partie metal, je joue mon joker devant un album qui s'avère bien trop banal. Autant "Spirit" foutait le feu et nous poussait à courir aux bornes hydratantes, autant "Slania" me fait le coup de la panne d'inspiration. Sans qu'il soit mauvais, j'ai franchement envie de le foutre loin. Le genre d'album à écouter en faisant la poutze, mais qui passe mal le cap de la vivisection. Je suis sûr que beaucoup auront un avis différent du mien. Faites seulement, mais vous aurez bien du mal à me convaincre.


Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 13113