Un an tout pile après Comastory, revoici nos isérois pour un second opus en droite lignée du précédent. Avec cependant, une production et des arguments notoirement plus solides. Pourtant, Ellipsis semble n'avoir quasiment rien changé ou presque à son propos. Ce qui peut apparaître comme une faiblesse chez certains (euh par exemple....non , je vois pas...;o) ) devient ici une force. Sans doute parce qu'après un seul album au compteur, le style choisi n'a pas encore tout livré, ce qui laisse au groupe une spectaculaire marge de progression. Évitant le piège du prog métal traditionnel oblitéré "à la" quelque chose ou quelqu'un, Ellipsis se veut le chantre du métal progressif "psychotique" et on lui accorde sans aucune restriction ce titre tout au moins au niveau national car je ne lui vois aucun concurrent dans l'hexagone. Mais je ne connais pas tous les groupes français.
Aussi, réjouissons-nous; Ellipsis revient, plus vite, plus haut, plus fort! Et confirme tout le bien que l'on a pu penser de lui jusqu'à ce jour. Certes, il faut quelques minutes pour "rentrer" dans l'univers schizophrénique des Grenoblois, mais une fois installés, on s'y sent bien. Comme lors d'une thérapie où l'on se lâche complètement. Je disais que presque rien n'avait changé mais en fait, ce n'est pas tout à fait exact. Tout d'abord et comme annoncé en préambule, la production est bien meilleure que sur Comastory et c'est un progrès qui permet de gommer les défauts du précédent tout en donnant à l'album sa vraie couleur. Cette prod "mastodonte" a été confiée au dénommé Terje Refsnes que l'on connaît pour ses participations à Tristania, Nightmare, Sirenia, Morgul, Theatre Of Tragedy. Ensuite, le propos c'est assombri et Comastory n'était déjà pas un album de zouk! Une noirceur parfaitement assumée qui est en fait l'image de marque du groupe; ça doit pas rigoler tous les jours quand il s'agit de composer. Enfin, l'arrivée d'un "vrai" claviériste apporte un professionnalisme et une dimension supplémentaire à leurs compositions, lui permettant d'installer des ambiances savamment choisies où l'on glisse de surprises en rebondissements.
Car l'autre force de la musique d'Ellipsis réside dans la diversité des styles qui se croisent ou se succèdent avec justesse; jazz, blues, ambiant et heavy bien entendu. Comble de leur incroyable culot, on y entend même de la flûte ici ou là.
Ajoutez-y l'absence de fioritures inutiles tels que solos de guitare interminables, breaks intempestifs ou désordonnés ou tout autres "gadgets" qui font partie de la panoplie classique du genre, et vous aurez les ingrédients complets de la réussite d'un groupe français qui nous offre enfin quelque chose de consistant à se mettre entre les oreilles. Sans oublier (enfin!) une voix ad hoc qui s'accorde avec précision à l'atmosphère oppressante mais jouissive de From Beyond Thematics.
Le label annonce une sortie polémique! Ben, mis à part le fait qu'Ellipsis puisse truster le leadership français, et il en a largement les moyens, la seule polémique que je vois poindre à l'horizon, c'est comment vont faire les autres groupes, ceux nombreux qui se mordent la queue et nous livrent mois après mois la sempiternelle énième copie de Image & Words ou de ses dérivés. De ce côté là, Ellipsis peut dormir tranquille, la concurrence n'est pas près de lui faire de l'ombre...


Rédigé par : Karadok | 18/20 | Nb de lectures : 11166