Ce groupe allemand m’était totalement inconnu jusqu’à il y a quelques mois, date à laquelle je pris connaissance de leur split avec Japanische Kamphörspiele. Split d’autant plus inhabituel que les deux groupes évoluent dans un style musical bien différent.
Le titre présent sur ce split était tiré de cet album ‘IV’, qui, vous vous en serez doutés, fait référence aux initiales ‘I/V’ illustrant une notion d’électronique appelée la différence de potentiel (en anglais, I=Current et V=Voltage), ou autrement dit représentant la relation entre un courant électrique et une tension.
Oui, ben non. Histoire de faire original, il s’agit en fait simplement du quatrième album du groupe.

Après 3 albums sortis entre 1992 et 1995, les Eisenvater s’étaient séparés, avant de se reformer courant 2002. Cet album est donc l’opus (tant attendu...) du grand retour du groupe sur le devant de la scène. Non ?... En tout cas, leur Death Metal un peu expérimental s’est quasiment complètement estompé, pour laisser place à une musique beaucoup plus ‘calme’ et flirtant avec le ‘Rock Metal’.
Si le titre présent sur le split montrait surtout leur facette mélodique, sur l’album, les 9 titres (+ 1 intro) sont toutefois un peu plus Metal et en même temps plus variés. Les grosses guitares sont à l’honneur, sans toutefois délaisser ce côté mélodique et parfois acoustique (en intro ou en interlude principalement, mais pas uniquement). Leur passé de Deathmetalleux est également perceptible au travers des structures des compos, bien éloignés des standards préformatés, et se rapprochant plutôt des franges Post/Rock ou Post/HxC dans la construction des morceaux et (parfois) la lente montée en puissance.

Peu de rage ou d’émotion transitent cependant au long des 47 minutes de ce ‘IV’ ; la faute, peut-être, au chant en allemand... Pourtant peu réfractaire à la langue de Goethe dans le Rock ou le Metal, appréciant fortement Japanische Kamphörspiele, Oomph! ou Rammstein, je trouve toutefois le chant de Markus E.Lipka trop froid et peu varié. Il s’aventure pourtant à placer quelques cris ou hurlements, comme sur ‘Rücksicht’, ou s’essaye également au chant semi-crié et écorché, rappelant que le groupe oscille en permanence sur l’arrête séparant le Metal du Rock. Mais ces variations vocales ne permettent malheureusement pas de faire décoller l’album, bien que musicalement, l’innovation et l’originalité soient au rendez-vous.
Evoquant parfois A PERFECT CIRCLE dans l’alternance de passages acoustiques, mélodiques et Metal (sans cependant atteindre le quart de l’émotivité et du talent de l’autre groupe de Maynard James Keenan), Eisenvater propose un mélange bien personnel mais appréciable entre Metal, Rock teinté de Post et Death Progressif. Quelques influences typées GOJIRA surgissent également au travers de quelques sporadiques passages, comme sur ‘Brot Brennt’, où le chant écorché et le break lourd contraste agréablement avec la suite du morceau, plus variée et posée.

Principalement instrumental, Eisenvater propose donc des compos variées et construites, refusant de se complaire dans la facilité et variant régulièrement les rythmes et les riffs. Bien qu’original et honnête dans sa démarche, je dois cependant nuancer mes propos, car Eisenvater reste relativement difficile d’accès et peu excitant, d’une part en raison du chant en allemand, pas toujours plaisant, et d’autre part via de nombreux passages ou riffs peu inspirés et banalement mous.
Sans être mauvais, ‘IV’ est encore loin de l’album exceptionnel, mais n’en reste cependant pas moins plaisant. Evoluant dans un style bien éloigné de mes goûts, je dois admettre avoir eu du mal à rentrer dans l’album, mais je reconnais sans problème la qualité technique et de composition des 4 membres.
A réserver aux amateurs de ‘Rock Metal Progressif’ semi-expérimental et original...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 13/20 | Nb de lectures : 9724