EINHERJER est un groupe culte. Ils ont fait partie de cette première vague de groupe pagan/viking metal du début des années 90, avec ENSLAVED, et ont contribué à démocratiser un genre usé jusqu’à la corde (d’arc). Grâce à (ou à cause d’) eux, des tonnes de groupes ont exploité ce filon, souvent sans talent, parfois avec. Pour changer d’air, le groupe splitte en 2004, et forme un groupe de thrash (Battered). Mais il semble que le souffle des anciens dieux norvégiens ait murmuré intensivement à l’oreille des trois compères, puisqu’en 2008 le trio décide de se reformer. Ce "Norrøn" est donc la première pierre de cette reformation. Et c’est le label norvégien Indie Recordings qui se charge de cette sortie. Et avant de parler musique, j’aimerais souligner que le digipack est très classe et accompagné d’un livret sobre mais élégant, exploitant complètement la mythologie nordique chère au groupe.

Parlons musique maintenant. L’album débute par une pièce épique de près de 13 minutes. Après un début pesant, le pagan/viking des Norvégiens se met en branle. Mais uniquement en branle. La musique du trio est très, trop mid-tempo. Tous les morceaux, exceptés certains passages, sont basés sur ce satané mid-tempo qui empêche les morceaux de décoller, ou en tout cas de ressortir l’un ou l’autre passage. Il faut donc attendre les quelques moments d’intro/intermèdes ambiancés, comme l’intro du second morceau, corne de guerre sur fond de rivage pour se changer les oreilles. De même, les premiers passages violents n’arrivent que dans le cinquième titre, qui est l’un des plus longs, et dans lequel les passages vraiment rapides sont complètement dilués dans l’histoire musicale du morceau. Les passages guerriers se remarquent par les chœurs au chant, sans qu’il y ait de tempo plus agressif. Le troisième titre, "Alu Alu Laukar", se démarque par son rythme à la fois groovy (dansant ?) et guerrier. C’est d’ailleurs le morceau le plus original de l’album… mais c’est une reprise du mythique groupe norvégien Ym:Stammen. Alors certes, les morceaux sont entraînants, le chant apporte une dimension dramatique à l’album, et les chœurs une intensité guerrière intéressante. Mais le premier morceau, très varié et très long plombe d’emblée l’album, et il devient dès lors extrêmement difficile de rentrer de nouveau dedans. C’est d’autant plus rageant que pris indépendamment les uns des autres, chaque titre est plutôt bon, voire très bon, mais mis bout à bout, rien ne ressort vraiment.

J’avoue que je découvre réellement EINHERJER avec cet album. Retard comblé maintenant, après maintes écoutes, mais j’avoue que j’ai eu du mal à rentrer complètement dedans. Il m’a fallu d’ailleurs de très nombreuses écoutes pour arriver à la note finale, qui aurait été beaucoup plus basse si je n’avais pas persévéré. Malgré les chœurs guerriers entraînants et les certains passages un peu plus intenses, ce disque manque cruellement d’aspérité, et je l’ai trouvé très long malgré ses 41 petites minutes. D’après ce que j’ai pu entendre d’autre du groupe, les amateurs des précédents ne devraient pas se trouver désorientés, voire même apprécier ce retour. Les néophytes, eux, ne verront qu’un intérêt limité à cet album et à ce retour. Quant à moi, je fais clairement partie des seconds. Un album pour les fans, donc.


Rédigé par : Skay | 13/20 | Nb de lectures : 13463