Seconde partie du dyptique « Darker chapter and stars » dont le premier volet est sorti en avril 2010. Tout l'enjeu pour le trio d'EILERA consiste à ne pas proposer une juxtaposition hasardeuse de EP mais bien un véritable album. Avant de juger si le ramage de cet oiseau se rapporte à son beau plumage, attardons-nous sur les conditions de sortie de cette seconde partie.
Le principe amorcé demeure le même, séduisant et original, faisant des contraintes induites par l'autoprod une singularité : chaque titre de l'album bénéficie d'un traitement individuel, ce qui implique bien sûr une histoire soigneusement développée mais également une charte graphique (artwork, photos), libre à l'auditeur d'acquérir tout ou partie des titres mis en ligne sur le site du groupe exclusivement.

Une initiative qui a déjà le mérite de soulever une réflexion sur la nature des liens entre un groupe et ses fans ; n'y a-t-il pas urgence face aux Pantagruels du téléchargement de considérer le travail de nos musiciens préférés autrement qu'un produit de consommation jetable? Une alternative potentielle consisterait alors à raccourcir le circuit de distribution entre artistes et passionnés – ou autrement dit créer une véritable relation – quitte à court-circuiter le travail de labels assujettis bien malgré eux à des impératifs de rentabilité. Rien de révolutionnaire en soi dans la sortie de « Darker Chapter and stars », mais de la matière pour ceux qui se satisfont peu de l'état actuel de l'industrie musicale.

Fin de la parenthèse et retour à nos Sudistes, enfin... Finno-Sudistes. La question amenée en début de chronique trouve rapidement une réponse positive après quelques écoutes. On est bien en présence d'un album dont la continuité se trouve assurée par une solide homogénéité dans le son et les ambiances déployées sur les dix titres. A nouveau, l'efficacité des titres repose pour beaucoup sur l'alchimie entre Loïc Tezenas – machine à riffs et song-writer remarquable – et Eilera elle-même, infinies modulations d'un chant qui n'est qu'une vaste invitation au voyage. Un morceau comme « Rob my soul » constitue un magnifique cas d'école, single inusable dont il ne faut plus toucher une note au risque de déséquilibrer l'édifice : richesse des multiples couches de claviers ou violoncelle, riffs bien catchy, super refrain à honteusement massacrer sous la douche, petit coup d'accélérateur bienvenu en fin de course et incontournable solo au classicisme charmant. On en redemande.
Pour autant, cette seconde partie de « Darker chapter and stars » ne se contente pas d'une simple redite, la tonalité générale est légèrement enténébrée, comme un reflet de l'hiver languissant qui nous fait serrer les dents là où la première partie s'est offerte aux printemps victorieux. Exit donc les instrumentations celtiques pour une fin d'album plus posée ("At a cross roads", "From pink to black") et introspective.
Une démarche originale pour un album précieux. La musique d'EILERA ne cesse de se bonifier à chaque nouvelle apparition ; la formule est rodée, l'horizon ouvert, les amateurs sauront où les retrouver.


Rédigé par : #Guillaume# | 15,5 (part I+II)/ | Nb de lectures : 12372