EIBON - Entering Darkness (Aesthetic death) - Selection VS du 27/08/2010 @ 09h11
Entering Darkness
by
EIBON
FADE IN :
1. Extérieur jour : Une tranchée – Cote 304/Verdun – mars 1916
L'heure bleue touche à sa fin. Un soldat gît hagard, assis dans une flaque d'eau, au milieu d'épaisses volutes de fumée. Il déballe avec d'infinies précautions un petit livre de cuir enveloppé dans une paire de chaussettes en laine. Face à lui, les cadavres mutilés des derniers membres du 154ème régiment d'infanterie. Poilus et officiers soigneusement alignés au fond de l'excavation boueuse dans une guirlande de fils barbelés. Il marmonne des choses incompréhensibles à l'adresse des orbites béantes d'un Caporal en parcourant fébrilement les pages craquelées du livre.(Through the eyes)
VOIX OFF
Difficile d'être à la hauteur de ses prétentions. D'aucuns diront qu'il serait encore plus sage de laisser une marge raisonnable entre les espoirs que l'on suscite et la portée de nos actes. On a si vite fait de décevoir, pas vrai? EIBON se paie le luxe de briser en miettes notre horizon d'attente en délivrant le premier album le plus impressionnant qu'il m'ait été donné d'entendre depuis quelques éons. Il serait inexact de prétendre que le groupe sort du néant, les amateurs auront reconnu les auteurs du split avec les Franciliens de HANGMAN'S CHAIR et du EP éponyme de 2008. Quatre morceaux qui auront suffi à construire l'identité de EIBON autour d'un doom protéiforme à l'appétit insatiable. La scène française pète la forme, merci pour elle.
2. Extérieur nuit : No man's land – Cote 304/Verdun – mars 1916
Des nids de mitrailleuse en flammes éclairent la nuit de faibles lueurs jaunâtres. Le soldat danse autour d'un improbable épouvantail dressé par la carcasse d'un obus éventré. Il court et trébuche inlassablement dans des ornières boueuses emplies d'un assemblage d'acier et d'os souillés. La bombe béante projette des ombres folles sur le champ de bataille et ouvre lascivement ses entrailles. Le soldat chante, son livre à la main, dans la solitude infinie de terres déshéritées des hommes. (Convulse to reign)
VOIX OFF
Bien d'autres formations auront tenté avant EIBON cet union impie entre un doom oppressant, un abject fond de sauce bien sludge, quelques coups de rasoir black et une nuage vaporeux de post-dieusaitquoi. Peu d'entre elles auront su faire oublier aussi bien leurs influences pour amener l'auditeur vers L'Au-delà (N.d.A -merci de noter l'exquis jeu référentiel). Tout le monde possède un noyau plus ou moins dense d'angoisse logé dans la poitrine ; « Entering darkness » ne propose pas moins que de le laisser germer jusqu'à ouvrir un foutu abîme de noirceur où chacun trouvera ce qu'il aura l'audace de regarder. Jusqu'à l'apaisement final de la catharsis. Non, ce n'est pas nouveau mais ça vaut définitivement toutes les thérapies. Les morceaux sont longs (six titres pour plus d'une heure), prennent le temps d'installer leur propos, de jouir des facultés hypnotiques de la répétition sans jamais tomber dans la facilité, puis déploient soudain un double fond, une nouveau thème, vous jettent sur un tapis de chausse-trappe et vous laissent à l'agonie.
3. Extérieur nuit : No man's land – Cote 304/Verdun – mars 1916
L'homme est à moitié nu dans l'obscurité glacée des dernières nuits de l'hiver. Des plaques de boue séchée pendent sur son corps pâle et émacié, recouvrant partiellement les tatouages violacés qui se perdent en arabesques sanglantes sur sa peau. Un treillage en ruines recueille les dépouilles de ses camarades dans une pantomime macabre autour du totem de métal tandis que l'espace lui-même semble pris de frissons. La fresque de cadavres s'anime bientôt, révèle des contes révolus dans des froissements de chair morte et des exhalaisons de gaz mutagènes. L'homme dirige le chœur suppliant, se perd en imprécations insensées, guette une approbation muette qui ne vient pas. (Path to oblivion)
VOIX OFF
Non contents de parfaitement maîtriser leur sujet, les membres de EIBON accordent un soin tout particulier à son exécution. A croire que les Français ont su trouver chez le label britannique Aesthetic death tous les moyens nécessaires à l'expression de leur univers musical. Ainsi la production est le parfait reflet de leurs intentions apparentes, le son demeure massif sans étouffer l'ensemble, il reste bien crade tout en bénéficiant d'une clarté d'écoute très appréciable. Le travail de chaque musicien trouve un espace sonore à occuper et contribue à l'édifice monumental qu'est « Entering Darkness ». Une fois de plus, il est inutile de crier au génie révolutionnaire, la trame progressive des morceaux est bien connue, les codes utilisés sont identifiables. Mais bon sang, par quel truchement l'alchimie musicale peut-elle produire un résultat si manifestement supérieur à la somme de ses composantes?
4. Extérieur : Vacuum
Le conte a pris fin. La farandole est retombée dans l'immobilité. L'homme s'étouffe dans les soubresauts d'un rire inextinguible. Les pages du livre sont emportées par le vent et composent un feuillage jauni sur les barbelés. La boue se replie sur l'homme avec mollesse sans qu'il n'oppose de résistance. Son corps disparaît dans la terre mouvante, une coulée étouffe son dernier hoquet tandis que quelque part résonnent à nouveau les échos de bombardements. (Substance)
Cet album, ainsi que l'EP, est tout bonnement énorme!
D'une certaine façon la réponse française à Ramesses. Mais c'est peut-être un peu paresseux comme comparaison vu qu'Eibon a déjà sa propre identité bien établie.
Au risque de me répéter, album énorme!
Et dans mon top 5 2010 pour l'instant.
Ernst Jünger IP:92.149.35.24 Invité
Posté le: 27/08/2010 à 09h40 - (86416)
Style lourdingue, pompeux, veut se donner un genre en copiant les artifices du genre mais tombe dans tous les clichés...
... je parle de la chronique.
Bernard Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 09h44 - (86417)
Et très bonne chro en passant.
Bernard Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 09h45 - (86418)
Comme quoi les coups et les douleurs...
albatard Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 09h48 - (86419)
très très bon!!
Alain Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 10h17 - (86421)
Excellent skeud!
BonesBrigade Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 10h49 - (86424)
un album excellent
Murderworks Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 12h54 - (86434)
J'ai laissé trainer mes esgourdes sur le myspace et c'est bien crassou comme j'aime, ça sent l'adoption prochaine de la galette ça.
pearly Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 13h03 - (86435)
Album magistral
Sous couvert d'un doom bien glauque mais en apparence classique, se cache une musique en détails, des influences variées, allant du doom trad à Neurosis, en passant par le son de Ramesses, mais des influs parfaitement digérées. le trip d'Eibon est un peu d'ouvrir toutes les portes du doom sans violer la moindre propriété privée.
Travail des guitares, des textures, qui lui aussi part à double-sens : accroche directe, efficacité d'un long trip glauque ; finesses d'arrangements pour subtilement ne jamais tomber dans la répétition.
Chapeau bas les gars.
juj Membre enregistré
Posté le: 27/08/2010 à 13h53 - (86437)
pas mieux
cents raisons IP:93.16.76.88 Invité
Posté le: 27/08/2010 à 17h49 - (86448)
fatal,apocaliptique,sans retour,la vraie B.O de mes cauchemares...la froideure de la premiere guerre est ici restituée...vraiment tres bon
Ruun IP:66.90.118.14 Invité
Posté le: 27/08/2010 à 17h53 - (86449)
sympa, mais je préfère Skitliv.
moule d'huitre Invité
Posté le: 27/08/2010 à 20h07 - (86451)
J'avais écouté des extraits il y a long, c'était génial ! il faut vraiment que je m'y mette à cet album.
La Myxine Membre enregistré
Posté le: 28/08/2010 à 04h51 - (86453)
Je dis Monsieur #Guillaume#.
Putain de chro, le genre qui donne envie d'ecouter l'alboume
carpe farcie IP:81.50.182.49 Invité
Posté le: 28/08/2010 à 12h26 - (86455)
@ cents raisons : avant de vouloir faire dans le ressenti d'émotions épique et prétentieux, apprends à écrire.
P.S : "cent" est invariable quand il est utilisé seul.
Ne me remercie pas.
Nekobibu Membre enregistré
Posté le: 28/08/2010 à 13h37 - (86457)
Je note l'exquis jeu de référence et je le prouve en un petit mot : Fulci.
J'ai gagné quoi ? ;)
Drumetal Membre enregistré
Posté le: 28/08/2010 à 13h58 - (86459)
je bave, j'vais allé voir ça, ça fait trop longtemps que j'ai pas écouté de doom, c'est l'occaz'!
#Guillaume# Membre enregistré
Posté le: 28/08/2010 à 17h43 - (86460)
@Neko : bah rien... mais pourquoi inclure une référence à ce film dans la critique de l'album?^^
Nekobibu Membre enregistré
Posté le: 28/08/2010 à 20h54 - (86461)
Beh à cause du nom du groupe, saperlipopette ! Le livre d'Eibon (Liber Ivonis, piqué à Lovecraft), le symbole sur le mur, tout ça, quoi...
Allez, je veux avoir gagné quelque chose !! ^^
BarbeNoire IP:109.210.229.106 Invité
Posté le: 29/08/2010 à 00h12 - (86462)
je suis plutôt très exigeant niveau musique, et là j'ai envie de tirer mon chapeau : ces mecs sont sur la bonne voie. Qu'ils continuent, on sera nombreux à les suivre.
Alain Frost Membre enregistré
Posté le: 29/08/2010 à 11h35 - (86463)
Vraiment très bonne surprise.
Il est effectivement rare de voir des influences diverses aussi bien digérées et restituées. L'ambiance boueuse est vraiment oppressante, l'agencement des différentes parties très limpide et il n'y aucun passage sentant le copier collé artificiel de différents styles.
Joli coup.
Nekobibu Membre enregistré
Posté le: 29/08/2010 à 11h55 - (86464)
Bon beh j'ai gagné une interview, c'est déjà pas si mal ! ^^
Prince de Lu Membre enregistré
Posté le: 29/08/2010 à 14h48 - (86466)
Pas de dates de concert dans les chros d'albums. Il y a les news et le forum pour cela. merci.
noohmsul Membre enregistré
Posté le: 29/08/2010 à 18h04 - (86468)
M'a l'air pas si mal ça je vais jeter une oreille
Pezzini IP:79.82.0.245 Invité
Posté le: 29/08/2010 à 18h49 - (86469)
très bon cette album que je qualifie de black/doom.Après vous je sais pas comment vous l'interpréter.
DARK RABBIT Membre enregistré
Posté le: 30/08/2010 à 09h45 - (86474)
excellente chro, lu et commandé sans avoir écouté une seule note !!
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 30/08/2010 à 16h20 - (86492)
Au vu de leurs extraits sur myspace, çà a vraiment pas l'air mal du tout, lent, crado, hypnotique, noir, du doom quoi, prochain achat!
JJG IP:86.74.232.137 Invité
Posté le: 04/09/2010 à 22h04 - (86641)
Ah, quand la musique Eibon...
regiclure de fiente IP:88.171.74.231 Invité
Posté le: 16/09/2010 à 20h24 - (86983)
Trés bon album
Slayergod Membre enregistré
Posté le: 17/09/2010 à 16h35 - (87077)
Très bon album de doom et effectivement je trouve qu'on ressent par moment l'ambiance poisseuse des films de fulci sur certains passages ce qui n'est pas pour me déplaire. Seul petit reproche l'album a quelques longueurs et j'aurais aimé une guitare un poil plus en avant mais pour un premier abum c'est déjà très bon.
Monceau Membre enregistré
Posté le: 19/04/2011 à 23h11 - (93196)
c'eibon pour moi aussi !
une kro très originale en passant, elle décrit merveilleusement bien l'album et l'ambiance qu'il dégage (je comprends mieux le pourquoi et le comment après avoir écouté l'album)
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1. Extérieur jour : Une tranchée – Cote 304/Verdun – mars 1916
L'heure bleue touche à sa fin. Un soldat gît hagard, assis dans une flaque d'eau, au milieu d'épaisses volutes de fumée. Il déballe avec d'infinies précautions un petit livre de cuir enveloppé dans une paire de chaussettes en laine. Face à lui, les cadavres mutilés des derniers membres du 154ème régiment d'infanterie. Poilus et officiers soigneusement alignés au fond de l'excavation boueuse dans une guirlande de fils barbelés. Il marmonne des choses incompréhensibles à l'adresse des orbites béantes d'un Caporal en parcourant fébrilement les pages craquelées du livre.(Through the eyes)
VOIX OFF
Difficile d'être à la hauteur de ses prétentions. D'aucuns diront qu'il serait encore plus sage de laisser une marge raisonnable entre les espoirs que l'on suscite et la portée de nos actes. On a si vite fait de décevoir, pas vrai? EIBON se paie le luxe de briser en miettes notre horizon d'attente en délivrant le premier album le plus impressionnant qu'il m'ait été donné d'entendre depuis quelques éons. Il serait inexact de prétendre que le groupe sort du néant, les amateurs auront reconnu les auteurs du split avec les Franciliens de HANGMAN'S CHAIR et du EP éponyme de 2008. Quatre morceaux qui auront suffi à construire l'identité de EIBON autour d'un doom protéiforme à l'appétit insatiable. La scène française pète la forme, merci pour elle.
2. Extérieur nuit : No man's land – Cote 304/Verdun – mars 1916
Des nids de mitrailleuse en flammes éclairent la nuit de faibles lueurs jaunâtres. Le soldat danse autour d'un improbable épouvantail dressé par la carcasse d'un obus éventré. Il court et trébuche inlassablement dans des ornières boueuses emplies d'un assemblage d'acier et d'os souillés. La bombe béante projette des ombres folles sur le champ de bataille et ouvre lascivement ses entrailles. Le soldat chante, son livre à la main, dans la solitude infinie de terres déshéritées des hommes. (Convulse to reign)
VOIX OFF
Bien d'autres formations auront tenté avant EIBON cet union impie entre un doom oppressant, un abject fond de sauce bien sludge, quelques coups de rasoir black et une nuage vaporeux de post-dieusaitquoi. Peu d'entre elles auront su faire oublier aussi bien leurs influences pour amener l'auditeur vers L'Au-delà (N.d.A -merci de noter l'exquis jeu référentiel). Tout le monde possède un noyau plus ou moins dense d'angoisse logé dans la poitrine ; « Entering darkness » ne propose pas moins que de le laisser germer jusqu'à ouvrir un foutu abîme de noirceur où chacun trouvera ce qu'il aura l'audace de regarder. Jusqu'à l'apaisement final de la catharsis. Non, ce n'est pas nouveau mais ça vaut définitivement toutes les thérapies. Les morceaux sont longs (six titres pour plus d'une heure), prennent le temps d'installer leur propos, de jouir des facultés hypnotiques de la répétition sans jamais tomber dans la facilité, puis déploient soudain un double fond, une nouveau thème, vous jettent sur un tapis de chausse-trappe et vous laissent à l'agonie.
3. Extérieur nuit : No man's land – Cote 304/Verdun – mars 1916
L'homme est à moitié nu dans l'obscurité glacée des dernières nuits de l'hiver. Des plaques de boue séchée pendent sur son corps pâle et émacié, recouvrant partiellement les tatouages violacés qui se perdent en arabesques sanglantes sur sa peau. Un treillage en ruines recueille les dépouilles de ses camarades dans une pantomime macabre autour du totem de métal tandis que l'espace lui-même semble pris de frissons. La fresque de cadavres s'anime bientôt, révèle des contes révolus dans des froissements de chair morte et des exhalaisons de gaz mutagènes. L'homme dirige le chœur suppliant, se perd en imprécations insensées, guette une approbation muette qui ne vient pas. (Path to oblivion)
VOIX OFF
Non contents de parfaitement maîtriser leur sujet, les membres de EIBON accordent un soin tout particulier à son exécution. A croire que les Français ont su trouver chez le label britannique Aesthetic death tous les moyens nécessaires à l'expression de leur univers musical. Ainsi la production est le parfait reflet de leurs intentions apparentes, le son demeure massif sans étouffer l'ensemble, il reste bien crade tout en bénéficiant d'une clarté d'écoute très appréciable. Le travail de chaque musicien trouve un espace sonore à occuper et contribue à l'édifice monumental qu'est « Entering Darkness ». Une fois de plus, il est inutile de crier au génie révolutionnaire, la trame progressive des morceaux est bien connue, les codes utilisés sont identifiables. Mais bon sang, par quel truchement l'alchimie musicale peut-elle produire un résultat si manifestement supérieur à la somme de ses composantes?
4. Extérieur : Vacuum
Le conte a pris fin. La farandole est retombée dans l'immobilité. L'homme s'étouffe dans les soubresauts d'un rire inextinguible. Les pages du livre sont emportées par le vent et composent un feuillage jauni sur les barbelés. La boue se replie sur l'homme avec mollesse sans qu'il n'oppose de résistance. Son corps disparaît dans la terre mouvante, une coulée étouffe son dernier hoquet tandis que quelque part résonnent à nouveau les échos de bombardements. (Substance)
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Rédigé par : #Guillaume# | 17,5/20 | Nb de lectures : 16847