« Un Black'n'roll à tendance punkisantes(…) Une sorte d'exécration impie qui sans vergogne affabule l'auditeur de crasse et chants d'alcooliques décalés. Une demi-heure de foin dans la face à la production amateur : la bande son parfaite pour des soirées squat prévoyant d'être arrosées ! »
Le poids des mots, le choc d'ECHAFAUD… vous êtes prévenus, ils ne mentent pas sur la marchandise et je puis même vous assurer qu’ils sont en dessous de la vérité. Bienvenue dans un monde où le mot anarchie est roi.
On va se débarrasser direct des présentations. ECHAFAUD est un groupe qui sort ici sa première démo « ballades de pendus » (datant déjà de fin 2009) et qui pratique une sorte de Crust/punk très très garage tirant légèrement vers le black metal. Cloporte, Vouivre et Transgressor sont les blazes des trois gonzes responsables de cette démo.
Tout d’abord, même si on sait que la production est crust et garage, on est quand même choqué par l’horreur sonore qui sort des enceintes. Le son est vraiment catastrophique, les chansons ont dû être enregistrées en condition live et à peine retouchées par la suite en studio (et au vu du résultat, c’est plus du niveau d’amateur, c’est carrément du travail de néophyte). De temps à autre, un riff fait surface, des « solos » viennent te perforer les oreilles et une crash s’extirpe occasionnellement du magma sonore que crée ECHAFAUD… mais c’est un peu « au petit bonheur la chance », au gré des coups de nerfs des musiciens, chacun se hissant comme il peut au-dessus du brouhaha général.

A ce son sans pitié, il faut ajouter le peu de pratique instrumentale du combo. Je me doute que le groupe se fout bien mal de tout ce qui concerne la technique, mais bon, il y a quand même un minimum. Les approximations et les bourdes sont telles qu’elles te sautent littéralement aux oreilles. Certains morceaux sont complètement à côté de la plaque et lorsque le groupe ralentit le tempo (comme sur « Fuckin Around in Gemersheim ») les erreurs se multiplient vitesse grand V. Les blast beats manquent de précisions et de pêche, les riffs crachottent comme un vieux Tuber et les voix… « Des chants d’alcooliques décalés » selon le groupe… cette description est aussi précise qu’éloquente.

Les compostions sont très souvent basées sur un ou deux riffs et c’est avec la plus grande désinvolture que le groupe enchaîne les « All Flags torn », « Maladie » et autres « Omni–potence ». On notera au niveau des surprises le titre éponyme « La ballade des pendus », poème le plus connus de François Villon sur une musique originale des ECHAFAUD (il faut quand même se lever matin pour comprendre les paroles).
Je n’aime pas être cassant dans mes chroniques, mais on ne peut pas non plus sortir tout et n’importe quoi sous prétexte que c’est Crust ou UG. Le son est naze, les chansons ne sont pas abouties et les musiciens manquent de pratique. C’est direct, mais je ne vois pas comment tourner ma conclusion autrement. Je suis certain qu’avec un peu plus de bouteille, le groupe arrivera à créer une musique bien plus efficace et agressive sans perdre le caractère crust de l’ensemble. La fraîcheur des débuts d'un groupe ne pallie pas systématiquement (loin s'en faut) tous les défauts inhérents à l'absence de maturité et de pratique musicale. Il faut savoir prendre son temps. A réserver aux plus crusts des crusts peut-être ?


Rédigé par : Pamalach | 06/20 | Nb de lectures : 14422