Si ABSCESS était le Docteur Jekyll, EAT MY FUK serait son Docteur Hyde. Je dis ‘était’ car cet alter-ego - où l’on retrouve les quatre membres d’ABSCESS, même si officiellement on a affaire à ‘Mescalito’, ‘Wart Hog’, ‘Bat Boy’ et ‘Hot Carl’ (sic) – a eu une vie très courte et bouffe désormais les pissenlits par les racines. Aucun concert, un album en 2003 (‘Wet Slit & Bottle of Whiskey’), deux EP dont un split avec, justement, ABSCESS et basta. Punks mais pas cons, Chris Reifert et ses potos avaient bien compris que les blagues les plus courtes étaient les meilleures et que ce genre de glaviot avait une date de péremption extrêmement courte. Et c’est tant mieux comme ça… La preuve avec cet ultime CD trois pouces (mais contenu dans une pochette cartonnée en format normal) qui dure à peine plus de onze minutes, mais qui fait très bien le tour de la, euh, question. Ou plutôt le tour de la bistouquette, de la mauvaise dope et de GG Allin. Surtout de GG Allin en fait, inspiration revendiquée de haut en bas, ‘Eat My Fuc’ étant d’ailleurs le nom du deuxième album de ce punk déglingué notoire qui se roulait dans sa propre merde sur scène tout en s’automutilant et qui a donc fini logiquement par mourir d’une overdose en 1993.

Réunissant les huit morceaux de ses deux EP, ‘Fuck You It’s Eat My Fuck’ (subtil on vous a dit) ne fait pas donc pas dans la galette bretonne artisanale et encore moins dans la dentelle mais bien dans le punk-rock d’homme des cavernes. A la limite, lorsqu’un solo tordu pointe le bout de son nez, on pense (un peu) au premier NASHVILLE PUSSY mais c’est limite. D’ailleurs, les Foufounes font presque office de groupe de rock progressif à côté de ces morceaux refusant d’avoir plus de cinq accords et tournant autour de deux minutes durant lesquelles Reifert beugle comme un soiffard qu’il voudrait bien bouffer la boîte à caca de votre sœur. Parfois, comme sur « Eat My Fuk » les ‘paroles’ se limitent à ses trois mots et treize secondes. Sonnant comme un ABSCESS réduit à son plus simple appareil et amputé de ses parties (vaguement) death-metal et stoner, EAT MY FUK est comme votre vieux copain punk certes un peu encombrant qui vous fait quand même bien marrer lorsque vous êtes aussi aviné que lui (rare). Enfin en tous cas, lorsque c’est le mobilier d’un autre sur lequel il vomit en fin de soirée après avoir renversé dix-sept fois sa Kro sur la moquette. Bête, sale et méchant.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 3/5 | Nb de lectures : 10402