EARTH CRISIS est un des piliers de la scène metalcore nineties américaine. Une époque où dans metalcore on trouvait du metal et du hardcore. Rien d’autre. Aujourd’hui le groupe de Karl Buechner fait figure de vétéran encore vert dont les derniers efforts n’ont pas démérité mais qui est toujours et surtout respecté pour ses exploits passés. « Salvation Of The Innocents » est, sans compter les lives, les compilations et les eps, le huitième album de groupe de Syracuse. A la vue des titres de l’album et des différents morceaux qui le composent, pas de toute on est bien face à du ExC. Par contre à l’écoute de ces même morceaux, le doute est permis. Il semblerait bien que, pour la première fois, je sois déçu par un album d’EARTH CRISIS. Une première. Triste première.

Pourquoi une déception ? Parce que dans ce disque, on retrouve tout ce qui fait EARTH CRISIS mais dans le même temps on ne retrouve rien de ce qui fait EARTH CRISIS. Il y’a les riffs mais pas la puissance, la rythmique mais pas la sensation de se faire rouler dessus par une division de char Leclerc, le chant de Karl mais pas la froide détermination qui s’en dégage. Tout est là, mais rien n’est là. Et là est bien le problème. Pourtant le premier extrait lâché sur le net, qui est aussi le titre d’ouverture de l’album est un morceau propre et correct d’EARTH CRISIS. Groovy et relativement puissant, on retrouve la patte du groupe mais déjà on sent qu’il manque un truc. Le reste de l’album va confirmer ça, décidément, il manque vraiment un truc. Ce truc, c’est qui faisait toute la sève du groupe. La rage, la puissance, la détermination, l’impression de recevoir un bloc de granit en pleine face lors de chaque écoute.

Avec « Salvation Of The Innocents » le granit s’est changé en quelque chose de plus friable, de moins résistant, quelque chose comme du sable. Non pas que l’album soit mauvais, non, y’a de bons passages, simplement EARTH CRISIS part dans une direction moins frontale, moins brutale. Certains morceaux rappellent le funeste « Slither » avec leurs passages en chant clair pas maîtrisés du tout et qui se cassent la gueule entraînant dans le même temps l’ensemble du morceau avec lui. « De-desensitize » et « Out Of The Cages » sont les deux morceaux qui ouvrent le disque et s’ils ne sont pas mauvais, ils font plus penser à du Freya qu’au Earth Crisis. On y trouve de grandes influences metalcore ou groove metal, comme si on était face à un groupe qui voulait faire du ExC. « Shiver » lui se vautre lamentablement avec son tempo lent, qui se voudrait lourd, et son refrain « mélodique », il fait clairement partie des titres ratés de ce disque. Ce qui montre qu’ExC lorsqu’il essaie d’innover se perd inévitablement en route. EARTH CRISIS est le groupe d’un seul style, celui qu’il a créé.

La production sonne un peu trop moderne aussi, trop « groove » et pas assez rentre dans le tas pour la musique du groupe. Trop metalcore ou metal moderne, surtout au niveau de la batterie et des guitares qui sonnent tristement plates. La basse de Bulldog est mieux mise en valeur par contre, elle reste un des éléments fondamentaux de la musique du groupe. Bon maintenant, malgré les nombreux défauts et la sensation d’entendre un Canada Dry EARTH CRISIS, il reste quelques bons morceaux tout de même comme « Razor Through Flesh », « The Morbid Glare », « The Pallid Surgeon » ou « Final Breath » mais ça reste bien peu de choses. « Salvation Of The Innocents » est un album qui s’écoute gentiment mais duquel il ne se dégage pas grand-chose. Quand j’écoute « Firestorm » j’ai envie de défoncer tous les dealers de drogue de ma cité à coups de canifs et de chaîne de vélo. Quand j’écoute « Salvation Of The Innocents » j’ai envie de déguster un steak de tofu avec une tasse de thé vert.




Rédigé par : Seb On Fire | 11/20 | Nb de lectures : 13783