On ne présente plus EARTH CRISIS, les papes du metalcore straight edge. Un split, une reformation, un album de retour dévastateur « To The Death » et maintenant, déjà, un deuxième album. Et un bon. Mais moins que « To The Death ». Juste un peu. Le groupe avait « surpris » avec une petite « évolution » (ndla: houlala quelle enflammation) due aux années passées dans Freya. Les gars de Syracuse étaient revenus plus groovy et Karl avait cessé de manger du gravier. Manifestement il a repris et ses zicos ont rangé leurs albums de Marvin Gaye. « Neutralize The Threat » renoue avec les plus belles heures de "Gommorah’ Seasons End". S’il ne fallait retenir qu’un seul mot de cette chronique pour décrire ce nouvel album d’ExC ce serait celui-ci : MASSIF.

Tout est massif ici. La prod de Zeuss qui plombe, dans le bon sens du terme, le son du groupe, les riffs, la rythmique, la voix et le débit de Karl. Y’a juste Bulldog, qui comme d’habitude, fait twister tout le monde avec sa basse bondissante et sautillante. Mais bon Bulldog, c’est mon p’tit chouchou. Ahhhh cette façon de faire claquer sa basse avec ses petits doigts musclés comme sur « Raise », le titre d’ouverture qui lui est tout entier dédié. Malgré sa courte durée, le titre est lourd et résume, en 1min36, l’entièreté de l’album en mettant bien la pression d’entrée de jeu. Pourtant la pression retombe un peu avec un « Neutralize The Threat » correct mais pas transcendant. Puis vient le meilleur passage de l’album, trois titres qui, à eux seuls, justifient l’achat de la bête. « Total War » avec son riff AK47 killer enchaîné à « 100 Kiloton Blast » qui malgré son titre un peu pourlingue s’impose comme le meilleur morceau de l’album. D’une lourdeur, d’une lenteur à faire passer un groupe de doom sludge pour du punk à roulettes, « 100 Kiloton Blast » ne fait aucun quartier et détruit tout sur son passage. Pour le coup on se prend vraiment une explosion de 100 Kt dans la tronche. Mais au ralenti, comme dans un film de Michael Bay. « Counterstrike » vient ensuite finir le travail avec, en plus, pour la frime, un petit lead de guitare. Mais toujours massif.

Les riffs pachydermiques d’EARTH CRISIS sont un peu l'équivalent musical du personnage de Zangief, un persos qui ne convient pas à tout le monde, qui est réservé aux vrais gars (ndla:pas comme Ken ou Ryu choisis par toute la masse grouillante des noobs et autres joueurs du dimanche), mais quand on sait comment le prendre et l’utiliser correctement, les dégâts sont considérables. Mais parfois on aime bien jouer avec Chun Li aussi. Pour le jeu de jambes surtout. Tout ça pour dire que « Neutralize The Threat » manque parfois un peu de variété et de bonnes moshparts venant casser le rythme de char d’assaut de la musique.

Le reste envoie du lourd aussi mais n’atteindra plus le niveau de cette succession de trois titres plus magique qu’un enchaînement contrôle-petit pont-feinte de corps- passe en profondeur de Javier Pastore. Le groupe déploie les vielles recettes, efficaces certes et se complaît dans cette massivité mais finit par devenir un poil redondant en ne parvenant pas à se renouveler au sein même de l’album. Si ce n’est au niveau de la voix où il me semble que Karl crie plus qu’avant. Il donne l’impression d’être vraiment au bord de la rupture lors de certains passages. En tout cas ça sonne bien et ajoute un petit côté râpeux à toute cette lourdeur. La fin de l’album est un peu décevante avec un groupe qui finit sans se forcer. Ils savent qu’ils ont fait le boulot en tuant le match plus tôt du coup ils terminent à la fraîche. Sans relâcher la pression pour autant, on pense toujours à Gomorrah Season’s End mais sans le côté définitif et immédiatement classique de ce dernier.

Mais EARTH CRISIS ne déçoit pas, loin de là. « Neutralize The Threat » est un bon disque, une des très bonne sortie hardcore de l’année même, mais je le trouve un poil en dessous de « To The Death », un peu trop linéaire peut-être, je ne sais pas. Tout est là, comme à la grande époque mais on ne retrouve pas ni fraîcheur de « To The Death » ni le jusqu’au boutisme du ExC d’antant, si ce n’est sur « Total War », « 100 Kiloton Blast » ou « Counterstrike », les trois grosses bombes de l’album qui auraient eu leur place sur n’importe quel album du groupe. On peut toujours discuter et pinailler sur quel album du gang est le meilleur mais l'important c'est qu'EARTH CRISIS continue de tailler sa route en ne faisant aucun quartier et que "Neutralize" est une nouvelle pierre ajoutée à leur édifice.


Rédigé par : Seb On Fire | 16/20 | Nb de lectures : 13662