Avez-vous déjà assisté à la destruction d’un immeuble à coup de boulet de démolition ? Avez-vous déjà vu Bad Boys II de Michael Bay assis au premier rang ? Non ? Ben dans ce cas expérimentez l’un des deux puis revenez lire la fin de la chronique. Si oui, ben voilà, vous connaissez les dégâts occasionnés par EARTH CRISIS sur les tympans.

EARTH CRISIS c’est exactement ça. Un groupe que rien n’arrête. Une musique lourde, puissante, compacte. Des riffs plombés, une section rythmique assommante et une voix… quelle voix, celle de Karl Buechner, frontman légendaire du combo. Une voix de terminator, monocorde, monolithique. Un aboiement métronomique qui martèle ses lyrics engagés sans jamais faiblir. Toujours le même rythme. Toujours la même conviction. Toujours la même puissance. Plus qu’un groupe EARTH CRISIS est une machine de guerre parfaitement huilée. Une division blindée qui ne se déplace qu’un ligne droite en détruisant tout sur son passage. Mais qui freine des deux pieds pour laisser traverser un hérisson et donne un brusque coup de volant pour éviter d’écraser un coquelicot. EARTH CRISIS aime les animaux et les végétaux. Beaucoup moins les hommes. Surtout les dealers de drogues et les ivrognes. Pour preuve un petit aperçu des lyrics de « Firestorm » : "Corrupt politicans, corrupt enforcement, drug lords and dealers. All must fall. The helpless are crying out. We have risen to their call. A firestorm to purify." Une intransigeance qui leur a d’ailleurs valu de fausses accusations (appartenance au hardline, incitation à la violence,…) et terni leur réputation.

Souvent décrié, voire raillé, pour ses prises de positions radicales et son indécrottable premier degré, EARTH CRISIS a depuis toujours fait flotter bien haut l’étendard d’un straight edge militant (on n’écrit pas un titre comme "Ultramilitance" pour rien). Je ne vais pas reparler de toute la carrière du groupe, il me faudrait au moins vingt page pour à peine effleurer l’influence du groupe sur une scène tout entière, mais il était important de replacer les choses dans leur contexte. En 1998, le groupe quitte Victory Records, qui fait alors figure de label phare dans la communauté hardcore, pour les métalleux de Roadrunner. Les fans jactent, crient à la trahison, le groupe s’en fout. EARTH CRISIS a toujours sonné plus metal de toute façon. « Breed The Killers » sort alors que le groupe est au sommet de son art et avait ratatiné tout le monde avec le faramineux « Gommorah Season’s End ». "Breed The Killer" sort et laisse un peu circonspect. La recette est toujours la même mais quelque chose cloche. L’album n’arrive pas à surpasser son prédécesseur. Plus metal, moins, voire plus du tout de hardcore, le groupe tombe dans la redite et commence à tourner en rond. L’album fait montre des mêmes qualités et des mêmes défauts qu’avant mais le tout semble un peu émoussé. Avec le recul, on peut considérer "Breed The Killer" comme le début de la fin pour ExC même si l’album ne fait pas tache dans la discographie des Syracusiens, il n’en reste pas moins l’un des plus faibles. Bien que le plus faible des ExC reste meilleur que la plupart des autres sorties du genre. Mais quand même… D’ailleurs le groupe n’inclura aucun des titres de cet album sur son best of. Révélateur.

Malgré tout cet album comporte quelques bons morceaux comme « Breed The Killers », « Ultramilitance » ou « Ecocide » ainsi qu’un guest de Rob Flynn sur « One Against All ». Une apparition qui a fait jaser une fois de plus tant ce bon vieux Rob ne partage pas vraiment les idéaux de groupe. Une nouvelle preuve que sous ses atours bornés et intolérants, EARTH CRISIS n’est en rien un groupe hardline. 10ans plus tard, l’album ressort chez I Scream. Etrange tant EARTH CRISIS ne correspond pas vraiment au critères du label. Bref… le tout est remasterisé comme il se doit et agrémenté de deux titres supplémentaires. Un live ("No Allegiance") et un titre inédit ("Standing Corpse") qui laisse espérer un retour aux sources pour" To The Death", premier album post reformation prévu pour avril 2009 et que votre serviteur attend plus qu’un burger de tofu.
« Breed The Killers » reste un bon album de metal puissant, lourd et compact même si on lui préférera « Firestorm » et « Gommorah Seaeson’s End », les deux meilleurs productions du gang de Syracuse. Pour les fans, excepté l’inédit, cette réédition n’a pas grand intérêt. Pour les novices "Breed The Killers" peut être un bon moyen de découvrir le groupe emblématique (avec les Floridiens de Morning Again) de la scène straight edge américaine. A titre personnel, ExC est un groupe qui a beaucoup compté, et qui compte toujours beaucoup pour moi et sans lequel je ne serais peut-être pas tout à fait le même aujourd’hui.


Rédigé par : Seb on Fire | réédition/ | Nb de lectures : 12066