Hormis Moonspell et Linda De Suza, on peut pas dire que le pays des conquistadores ait pour l'instant conquis grand-chose metallistiquement parlant. Alors comme ça on essaie de masquer un vivier de groupes insuffisant en balançant un split nommé "Bipolar" histoire de montrer que les deux groupes ici présents n'ont pas grand lien entre eux mais que c'est volontaire? Bref, pour E.A.K. comme pour Crushing Sun, "Bipolar" représente le passage aux choses un peu plus sérieuses après avoir sorti deux démos chacun: mastering chez l'omnipotent Alan Douches et promotion hors de leurs frontières. J'aurais voulu balancer plein de clichés éculés sur les Portugais dans cette intro, mais je suis en train de faire construire, donc on va plutôt passer directement à la musique si vous le voulez bien :

Sous l'étiquette il faut l'avouer assez peu ragoutante de "musclecore", c'est donc E.A.K, pour Extraterrestrial Alternative Knowledge, acronyme lui aussi relativement peu ragoutant, qui essuie les plâtres de ce split. Et qui les essuie plutôt pas mal, puisque le groupe tape dans un mélange postcorechaotique'nroll relativement bien foutu. Pas de quoi se relever la nuit, mais indéniablement efficace. On tape du pied en songeant un peu beaucoup à Converge, sur une bonne moitié des plans et à l'écoute du hurleur qui se prend pour Jaco Bannoño, au Norma Jean de "Bless The Martyr And Kiss The Child" pour ce goût des dissonances spleenesques ("White Rose"), tandis que l'énergie wakenwoll évoquera les frasques d'Every Time I DIe et autres The Chariot. Ca sent donc très fortement la scène hardcore moderne ricaine, héritage maintes fois pillé et repillé pour formule certes plaisante, mais qui m'empêche de lâcher un autre résumé que "sympa".`

Passage de flambeau du hardcore vers le metal avec leurs compatriotes de Crushing Sun, qui lorgnent vers les gros morceaux de la scène metal contemporaine. Alors eux, ils sont pas tellement plus doués pour les étiquettes, puisqu'à la rigueur, la seule chose qualifiable d'expérimentale dans leur death metal, serait de vouloir être l'exact hybride de Gojira et Lamb Of God. C'est bien torché, mais faut bien reconnaître que ça reste assez convenu (ce sera toujours moins chiant que les Ricains mais toujours plus que nos Basques), vu qu'il n'y a pas la petite valeur ajoutée qui pourrait leur permettre de se démarquer un minimum. Les compos reposent sur des riffs essentiellement rythmiques qui font mal à la main droite, heureusement bien amplifiés par un son béton. Bref, du gros metal qui file tout droit et qui m'emmerde, mais je suis pas quelqu'un de fiable là-dessus, j'ai une mèche.

Un split pas déplaisant, donc, pas indispensable non plus mais qui a surtout le mérite de braquer les spots sur deux groupes vivaces de la scène portugaise. Groupes qui prouvent ici que même s'ils n'ont pas encore le feu sacré, ils sont tout du moins capables de produire des titres qui tiennent la route dans leurs créneaux respectifs. A surveiller lors du franchissage du cap de l'album, ils connaissent la recette de la poudre, reste plus qu'à voir comment ils sauront la faire parler à l'avenir.


Rédigé par : Crown_Me | 6,75/10+6 | Nb de lectures : 10421