S'il y a bien un groupe qui avait disparu de la circulation ces 2 dernières années, c'est bien DYSRHYTHMIA, d'où la surprise de voir un nouvel album sortir cette année trois ans après le sympathique "Barriers and Passages". Il faut dire que certains membres du groupe sont plus qu'actifs, entre Kevin Hufnagel occupé avec BYLA et son projet solo acoustique, mais surtout le multi-instrumentiste Colin Marston qui s'occupe de la War guitar chez les ultra-techniques et uniques BEHOLD... THE ARCTOPUS (http://www.myspace.com/beholdthearctopus) avec des tournées à rallonges, et surtout les excellents KRALLICE avec leur Black Metal (?) unique où il gère la guitare. Donc ce n'était pas gagné pour avoir un nouvel album à se mettre dans les feuilles et pourtant ils ont trouvé le temps pour accoucher de leur cinquième album, "Psychic Maps".

La forme n'a pas changé, le trio joue toujours un condensé de Math-rock et Metal teinté de passages jazzy, ou une sorte de croisement bâtard de Don Caballero/Keelhaul/Gorguts qui aurait mangé un clown, c'est selon. Un groupe unique quoi.
Par contre le fond a véritablement changé et c'est une véritable baffe que nous met DYSRHYTHMIA à travers les 6 titres seulement que comporte l'album, pour environ 37 minutes plus qu'intenses. Par rapport aux albums précédents, on a l'impression que le groupe a créé une histoire d'où la grande cohésion de l'ensemble et des enchaînements judicieux. Pas de temps morts et surtout de points faibles, dès "Festival of Popular Delusions", on se retrouve plongé dans ce nouvel univers froid, inquiétant et purement schizophrénique à coups de changements de rythmes toutes les 10 secondes, où la technique, exacerbée et impressionnante, côtoie des passages ultra efficaces qui vous feront bouger la tête naturellement. Un petit côté dissonant et sombre rappelant GORGUTS période "Obscura", mais surtout une touche de VOIVOD dans le jeu de Kevin Hufnagel, qui est loin d'être déplaisant et apporte plus de profondeur.
"Triangular Stare" fait office de rouleau-compresseur avec ces énormes riffs écrasants, mais le groupe contraste en balançant de superbes notes de guitares acoustiques pour calmer le tout, alors que la basse bastonne et fait son truc dans son coin. Le premier mot prend tout son sens à travers l'osmose entre les 3 musiciens. Jouissif.
La tension monte d'un cran avec "Reactionary" et ses accélérations furieuses, où le trio alterne une nouvelle fois différentes ambiances. Si la musique de DYSRHYTHMIA n'est pas facile d'accès pour le non initié, il ne faut pas ranger à tort ce groupe dans la catégorie branlette de manche, car sur ce "Psychic Maps" le groupe nous prouve qu'il peut créer un musique qui véhicule des émotions variées et prenantes, et donc possède une âme. "Room Of Vetigo" et "Iron Cathedral" le montrent très bien, on retrouve encore un fois des riffs accrocheurs, de nombreux changements et une mise en place qui mettent sur le cul, avec un batteur au jeu épileptique qui livre d'ailleurs une grande performance tout au long de l'album. On notera encore la présence accrue de la basse de Martson qui est un régal, avec des lignes trippantes.
Enfin l'album se termine sur un pavé de 10 minutes, "Lifted By Skin", bien dissonant un nouvelle fois, où la guitare et la basse se livrent une sorte de dialogue jusqu'à ce que l'ambiance se fasse plus tendue, encore plus oppressante d'où ressort une forme de transe qui nous broie.

A l'écoute de cet album, on comprend mieux pourquoi Luc Lemay a choisi Kevin Hufnagel et Collin Martson pour participer au nouvel album de GORGUTS qui devrait voir le jour en 2010, ça devrait faire pas mal de dégâts, et autant dire qu'on attend le résultat avec impatience...
Certains groupes se bonifient avec l'âge, c'est le cas pour DYSRHYTHMIA qui avec cet excellent "Psycic Maps" sort sans conteste son meilleur album, tout en durcissant le ton et en rendant sa musique plus accessible, et cela après 10 ans d'activité.
Unique, oppressant et renversant.


Rédigé par : Arnaud | 17/20 | Nb de lectures : 12253