Six ans après "Insecure" un premier album très prometteur et qui laissait augurer un avenir radieux pour le groupe, le quintet cambrésien est de retour. Quintet qui depuis la sortie de l'album est devenu un quatuor avec le départ de Arnaud (batterie) et de Magali (claviers) et le retour de Bertrand, le batteur originel, qui n'avait de toute façon jamais vraiment quitté le groupe mais qui repasse officiellement derrière les fûts. Après toutes ces années, on pouvait craindre que la musique du groupe ait beaucoup évoluée, que le premier album n'était qu'un test, un vague brouillon et que le groupe allait sur ce second album se laisser tenter par les sirènes des styles à la mode et que l'on allait donc avoir droit sur cette seconde galette à un DYLATH LEEN lorgnant plus qu'allégrement sur le metalcore (histoire d'encombrer encore un peu plus cette passionnante scène) ou changement encore plus radical vers le metal melodico-gothico-symphonico à chanteuse, si pour notre plus grand malheur K-ty avait décidé d'abandonner les growls. Heureusement pour nous, rien de tout cela n'est au programme, "Insecure" n'était pas le fruit du hasard et DYLATH-LEEN, qui savait déjà où il allait en 2001, reste fidèle à ses racines avec un nouvel album qui bien entendu ne se contente pas d'appliquer à nouveau les mêmes recettes mais montre dans de nombreux domaines une évolution considérable, assez impressionnante par moment.

Ca commence dès les premières secondes de "Buy Me a Smile" qui ouvre l'album. Pas de temps mort, pas de gentille intro atmosphérique au synthé, tout de suite un bon gros riff bien solide et des vocaux puissants et rageurs et voilà comment on pourrait résumer l'album: quelques brouettes bien remplies de tout un tas de riffs vraiment accrocheurs et des vocaux bien maîtrisés et dont la palette s'est bien élargie par rapport à "Insecure". Le chant death tout d'abord, s'il est toujours l’œuvre de Kathy et de Igor, plus le moindre risque de les confondre ici. Si Les growls profonds et graves d'Igor sont toujours les mêmes, ceux de Kathy ont évolué vers un registre plus aigu, plus féminin et surtout plus personnel, plus puissant et beaucoup mieux maîtrisé que sur le premier album. On sent vraiment que toutes ces années entre les deux albums n'ont pas été (que) du temps perdu et que derrière tout cela il y a un sacré boulot qui a été abattu. Les growls sont donc toujours partagés de façon assez équitable et occupent bien sûr la majeure partie des vocaux. Le chant clair s'il reste au second plan fait tout de même quelques apparitions, pas plus nombreuses que sur "Insecure" mais plus remarquées comme sur "Frozen Reflect in a Broken Mirror" ou encore "Adorning wounds" et, là aussi, il faut bien reconnaître que ces interventions font mouche à chaque fois et que je n'aurais vraiment pas été contre un peu de rab (sachant que très généralement, j'ai une aversion complète pour le chant féminin, on peut dire que là DYLATH-LEEN et surtout Kathy, ont fait plutôt fort).

Côté musique, c'est comme je l'ai dit une avalanche de riffs et de mélodies qui, pour beaucoup, vous rentrent bien vite dans la tête et que vous vous surprenez à chantonner dès les écoutes suivantes. Que ce soit dans les parties bien rentre-dedans de "Buy Me a Smile" pour n'en citer qu'un ou sur des titres plus atmosphériques comme le quasi interlude et entêtant "My Despair" ou encore la fin, à la guitare acoustique de "Frozen Reflect in a Broken Mirror", le groupe est vraiment convaincant. C'est bien simple, en cherchant des noms de groupes avec lesquels je pourrais comparer DYLATH-LEEN (ce qui n'est vraiment pas évident, le groupe ayant vraiment son identité propre), un des noms qui m'est venu à l'esprit, outre MORBID ANGEL qui semble demeurer une des influences majeures d'Igor (écoutez le lourdingue "Abhoth" et son petit côté "Hatework") est EDGE OF SANITY. Non pas qu'il y ait des ressemblances entre les deux combos (même si c'est un passage fugace de "Contain" qui m'a évoqué le nom) mais j'ai pensé à "Crimson" et à cette même facilité à varier les ambiances et à passer d'un passage puissant à une partie mélodique avec une aisance déconcertante. Je ne vais cependant pas mentir et dire que je hisse "Semeïon" au même niveau que "Crimson" (qui demeure pour moi un monument) mais tout de même, il faut bien reconnaître que cet album est bon mais ça vous l'aviez sans doute déjà compris. Mais pas de précipitation, ce n'est pas encore le moment de conclure. Il reste encore quelques mots à dire notamment sur le synthé dont les interventions, tout en finesse, apportent vraiment à chaque fois un plus aux morceaux, donnant ici de l'épaisseur à la mélodie ou renforçant là, l'atmosphère. Bref là aussi, c'est vraiment très réussi. Ajoutons, pour être complet, une production vraiment puissante et équilibrée qui met parfaitement en valeur la musique du groupe.

Bref cet album est vraiment une belle réussite, l'attente qui, il faut bien le dire, fut plutôt longue en valait la peine. DYLATH-LEEN vient de nous sortir avec ce second album un des albums de l'année que je ne saurais que très vivement conseiller à tous les amateurs de death metal et de métal mélodique en général.


Rédigé par : Sheb | 17/20 | Nb de lectures : 13432