Fétus Mourant, les prémices

Je n’ai jamais été un grand fan des rééditions, y voyant bien trop souvent l’intérêt mercantile avant d’y déceler l’intérêt pour les fans.
En tant que fan invétéré des Dying Fetus, être confronté à la réédition de leurs deux premières démo ne fait qu’augmenter encore plus le cas de conscience.
Comment aborder et appréhender cette démarche de la part de Relapse ?

Le plus simplement du monde, en fait.

En 1991, en pleine période florissante du Death Metal (année de sortie de quelques albums américains comme 'Blessed Are The Sick', 'Human' ou 'Butchered At Birth'), deux jeunes décident de monter un groupe de Death Metal bien bourrin, orienté "American Grindcore". A cette époque, le Grind n’existe vraiment qu’en Europe (portés par Napalm Death & Carcass), mais demeure très confidentiel aux USA.
John Gallagher (guitare et chant) et Jason Netherton (basse et chant) décident d’y remédier. Leur groupe, qui se nomme DEAD FETUS au tout début, est alors un trio, complété par Nick Speleos à la guitare et au chant. Et en l’absence de batteur, c’est John Gallagher qui va occuper durant presque deux ans le poste de batteur, en concert comme lors de l’enregistrement de leur première démo. Démo qui sera enregistrée début 1993, et qui s’intitulera 'Bathe In Entrails'.

Par la suite, le groupe va connaître quelques changements de line-up, prémices des instabilités à venir. Le plus important étant l’arrivée du premier ‘vrai’ batteur du groupe, Rob Belton, qui va ainsi permettre à John de reprendre son instrument de prédilection, la guitare. Brian Latta complètera la fine équipe, en prenant la seconde guitare, pour constituer ce que Jason considère comme étant le premier line-up stable.
Puis ce quatuor va de nouveau entrer en studio en avril 1994, pour enregistrer leur seconde démo, peut-être plus aboutie et moins amateur que la première : 'Infatuation With Malevolence', et constituée de 5 titres.

'Infatuation With Malevolence' est souvent, à tort, considéré comme le premier album du groupe. Peut-être est-ce dû au fait qu’il s’agit également du nom de la première réédition de la démo du même nom (rééditée en 1995, par Wild Rags Records), à laquelle dès le départ fut adjointe la première démo, 'Bathe In Entrails'. Mais 'Infatuation With Malevolence – Demo recordings 93-94' n’est que le regroupement des deux démos de Dying Fetus, compilées dans l’ordre inversement chronologique.
Sur ces 11 titres, on y retrouve certains éléments qui participeront à forger le style, l’identité, du groupe. Les Dying Fetus sur leurs premières compos souffrent encore un peu trop d’amateurisme, bien que certains morceaux composés à cette époque soient aujourd’hui des classiques. Les morceaux de la seconde démo sont déjà beaucoup plus accrocheurs, en partie grâce au jeu groovy du batteur Rob, dixit Jason.
L’aspect ‘mosh’ était, au début du groupe, plus accentué, révélant les influences "Suffocation" et "Broken Hope" du groupe. Moins technique qu’aujourd’hui, plus impulsives peut-être, les compos n’en restent pas moins accrocheuse, et, surtout très groovy.
Les prémices du style du groupe, incontestablement.

Mais qu’en est-il de l’intérêt de cette réédition ? La réponse en trois points.

Le son.
Peu retouché, il préserve l’authenticité et le charme des démos d’antan, tout en s’avérant un peu moins étouffé et un peu plus puissant que sur la première version d’Infatuation. Pas flagrant, mais satisfaisant. Trop de retouche aurait, je pense, dénaturé le charme et l’attrait des compos. A mon avis, le bon équilibre a été trouvé.

L’objet.
Si la pochette est sobre mais sympa, le fait de disposer d’un digipack 3 volets (sans livret), agrémentés d’excellentes photos d’archives et de quelques commentaires de Jason Netherton, est un vrai plus. Les photos d’archives et anciens flyers sont toujours sympa à regarder, et on prend ainsi conscience que John et Jason étaient encore presque des gamins à l’époque (ce qui ne peut que renforcer un peu plus l’admiration à leur égard).
Les commentaires de Jason sont plaisants, et participent à mieux s’imprégner de l’histoire du groupe.

Les bonus
3 titres lives plaisants (‘Intentional Manslaughter’, ‘Kill Your Mother, Rape Your Dog’, ‘Skull Fucked’), enregistrés en 1998 (et avec Kevin Taley à la batterie), une ‘rehearsal demo’ du morceau ‘Nocturnal Crucifixion’, et une vraie démo studio de ‘Purged of my Worldly Being’, enregistrée en 93.
Sympa, mais pas non plus extraordinaire.

Pour qui possède déjà l’une des deux versions de 'Infatuation With Malevolence', l’intérêt de cette réédition est forcément limité, même si le digipack et ses images/commentaires s'avèrent être bien sympa.
En revanche, si vous ne possédez pas ce regroupement de démo, alors jetez-vous dessus ! Car les débuts du groupe sont vraiment intéressants, et tout simplement accrocheur et groovy à souhait.
La réédition de ce 'Infatuation With Malevolence – Demo recordings 93-94' s’avère être une excellente occasion de réécouter ou découvrir ces titres puissants qui ont fondé l’identité du groupe.


Rédigé par : ..::Ju::.. | Chouette réédition/ | Nb de lectures : 14122